Tout ça pour ça

Tout ça pour ça.
Publié le 6 février 2016

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Il n’est pas mon habitude de mettre des selfies ici. Encore moins d’une autre partie du corps que le visage. C’est un peu intime, quoi. Et je parle très peu de moi sur ce blog, d’habitude. Mais ce matin, j’ai pensé que je pouvais faire exception à ma réserve habituelle. Car ce matin je me suis regardée dans la glace et j’ai vu ça.

Oui, regardez bien. A droite. Cette chose inconnue. Regardez mieux. On voit trois poils et demi qui se battent en duel. Vous les voyez? Ah mais je vous entends d’ici demander « d’habitude, elle parle de sujets de société, de militantisme, de lutte, de changer le monde, et tout ça, enfin de trucs importants quoi, et voilà qu’elle vient nous rebattre les oreilles avec ses 3 poils d’aisselle, ça y est on a perdu l’elfe ».

La suite est à lire ici.

Où sont les féministes mainstream ? Par Océane Rose Marie, Auteure et comédienne

Tribune parue dans Libération du 5 novembre 2015

Samedi après-midi a eu lieu un événement historique : pour la première fois en France, une marche a été organisée par des femmes qui luttent au quotidien contre le racisme, des femmes qui sont en premières lignes, des femmes de terrain, des militantes. Militantes parfois malgré elles, parce que leur frère ou leur fils a été tué par la police, et qu’elles ont vu leur vie basculer. Une marche splendide, pas organisée par des syndicats, un parti politique ou une association pilotée par le gouvernement. Non, une marche dont l’appel a été lancé par Amal Bentounsi, sœur d’Amine, tué d’une balle dans le dos par la police en 2012, et rejoint par d’autres familles de victimes de crimes policiers, celles de Lamine Dieng, Ali Ziri, Amadou Koumé, Abdoulaye Camara, Mourad Touat, Hocine Bouras, Wissam El Yamni, Lahoucine Ait Omghar… Des noms qu’on ne connaît que trop peu, des noms qui racontent des morts injustifiées, et des policiers qui s’en sont tous sortis malgré tous les éléments à charge.

Une marche organisée avec ces familles, par des femmes racisées (pour rappel, être «racisé», c’est être victime de racisme et désigné comme «autre», ce n’est pas essentialiser la race, hein, bisou Nadine), des associations antiracistes et des collectifs féministes : le collectif Mwasi, Femmes en lutte 93, Mamans toutes égales, Collectif des féministes pour l’égalité, les Femmes dans la mosquée et j’en passe. Une marche soutenue par des partis et syndicats de gauche (dont EE-LV, le NPA, Ensemble, le Parti de gauche et la CGT Paris) qui ont rejoint la fin de cortège. Pas devant mais derrière, en soutien à l’initiative… et c’est ça qui était enfin cohérent. Parce que les luttes doivent être portées par les personnes concernées en premier lieu.

Derrière ces femmes, en revanche, aucune trace d’Osez Le féminisme, Féministes en mouvement, La Barbe, les Femen (lol), les Chiennes de garde, Ni putes ni soumises (double lol), ou autre association féministe de premier plan. Cela interroge. Faut-il en conclure qu’aucune de ces associations ne s’est reconnue dans le combat pour la justice porté par les 70 femmes de la Mafed (Marche des femmes pour la dignité) ? Le message était clair : nous vivons dans un pays où la justice et la police sont à deux vitesses et où celles et ceux qui ont une gueule d’Arabe, de Rom ou de Noir, pour peu qu’ils vivent en plus dans un quartier populaire, en font les frais. La routine se résume à un contrôle au faciès, à des violences policières (verbales ou physiques) et peut conduire, dans le pire des cas, à des crimes policiers.

J’étais à cette marche en tant qu’alliée certes, mais aussi parce que je suis concernée : je refuse de vivre dans une société injuste, où le racisme d’Etat s’exprime quotidiennement au travers de ces abus policiers, de l’arbitraire judiciaire et carcéral. Beaucoup de gens «de gauche» m’ont reproché d’avoir signé l’appel et d’y avoir participé. Ce serait une initiative «communautariste», «identitaire», ou encore «dangereuse». Ah bon ?

Ce n’est pas ce que j’ai vu samedi. Ce que j’ai vu ce sont des femmes et des hommes affirmant leur dignité et dénonçant les discriminations structurelles qui les touchent. Une mère m’a expliqué s’être engagée auprès de la BAN (Brigade antinégrophobie) quand elle a eu son fils. Parce qu’elle a peur pour lui. Qu’elle se sente, elle, dans une certaine insécurité passait encore, m’a-t-elle dit, mais imaginer que son fils puisse subir ça, qu’il puisse se faire courser par des flics pour rien, que sa vie soit en danger pour rien, ça non elle ne pouvait pas le supporter. Qu’on m’explique ce qu’il y a de «communautariste» dans cette démarche.

A tous les gens de gauche, voici ce que je voudrais dire : je suis blanche, lesbienne, bourgeoise, féministe, militante des droits LGBT, j’ai été à la marche de la Dignité et je déplore l’absence de toutes les féministes dites «intersectionnelles» et de toutes celles et ceux qui partagent mes combats. A ces gens, je voudrais poser une simple question : Quand il s’est agi d’aller marcher le 11 janvier avec une pancarte «Je suis Charlie», vous êtes passés outre la présence de certains dictateurs ou de personnalités de la droite française… par ce que la «liberté d’expression» et le deuil national étaient plus importants que ça et qu’il fallait à tout prix être rassemblés autour de valeurs communes, malgré les divergences sur de multiples sujets. Alors sincèrement, pourquoi, quand il s’agit de soutenir ici aussi des familles de victimes, de combattre un racisme systémique, d’exiger que notre système judiciaire, carcéral et policier soit le même pour tous, pourquoi tout d’un coup la présence de «signataires louches» pour cet l’appel vous gêne-t-elle ? Comment justifiez-vous ces différences de traitement ?

Je crois que j’ai la réponse. Au fond, vos «valeurs républicaines» se foutent pas mal des injustices qui s’abattent sur les plus pauvres, les descendantes de l’Empire colonial français, ceux qui ne vous ressemblent pas et qui vous renvoient à la gueule une image brisée de la société. Ce ne sont pas vos potes qui étaient dans la rue ce samedi 31 octobre, pas vos connaissances, pas votre réseau. On m’a accusée d’avoir osé répondre à un appel du PIR (Parti des indigènes de la République), qui a participé à cette manifestation ; l’initiative a beau avoir été lancée par une sœur de victime et une multitude de femmes, on prend toujours quelques signatures pour essayer de discréditer (en multipliant les amalgames et les raccourcis d’ailleurs) un événement.

Je serais inconséquente, stupide, naïve, «angeliste» et désormais sans doute aussi antisémite et islamiste… Le comble pour une gouine féministe ! Mais vous, qui m’accusez de marcher avec le PIR, vous faites quoi au juste ? Vous, les associations féministes qui vous battez pour l’égalité des salaires et contre la taxe tampon (ce que je trouve super au demeurant), vous la Dilcra (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, ndlr), vous organisez quoi pour les femmes qui se font agresser tous les jours parce qu’elles portent un voile, pour les familles des victimes de violences policières, encore une fois ?

Je crois qu’on peut avoir vos idéaux (que la prostitution disparaisse, que le voile disparaisse, etc.) et être néanmoins pragmatique, mener des combats politiques dans lesquels les principes ne priment pas sur les victimes, et ne pas incriminer ceux et celles qui sont déjà en première ligne des discriminations.

Vous qui vous êtes battues pour qu’on ne parle pas à votre place quand on vous disait manipulées, incapables de tenir un chéquier ou d’avoir le droit à l’avortement, vous qui savez l’importance de faire entendre vos voix quand les dominants voudraient parler à votre place : allez à la rencontre de ces femmes, des familles des victimes, de toutes les signataires de l’appel, et osez me dire en face que ce ne sont pas des femmes autonomes, qu’elles ne pensent pas par elles-mêmes ou qu’elles sont manipulées par je ne sais quel courant extrémiste qui n’existe que dans des fantasmes propres aux délires racistes.

S’il vous plaît, ne reproduisez pas un système d’oppression construit sur la suspicion, la délation, l’incitation à la haine, sans écouter celles et ceux qui exigent d’être enfin entendues, fatiguées qu’on parle à leur place.

Malheureusement, quand on veut changer les choses, on doit s’associer à des groupes ou des individus qui ne pensent pas comme nous sur TOUT. Si je ne marchais qu’avec des gens qui pensent comme moi de A à Z, et donc militent à la fois pour les droits des trans à changer d’état civil, la PMA, l’abrogation de la loi de 2004 sur le voile et contre la loi abolitionniste qui menace les prostituées, je pense qu’on serait 12, et encore, je compte ma mère et mes chatons ! Donc oui, je pense qu’il faut respecter certains agendas, entendre que les questions de vie ou de mort sont prioritaires sur tout le reste, et surtout ne pas oublier que ces questions de droits humains et de justice nous concernent tous.

Et si demain encore il faut aller dans une manif aux côtés de certaines personnes qui ne soutiennent pas le mariage pour tous, avec une association pro-Hamas, ou encore avec des partis politiques dont je ne partage pas la vision, et bien vous savez quoi, j’irai quand même, tant que le mot d’ordre de cette manif ne sera autre que «JUSTICE POUR TOUS ». Et je ne saurai que trop vous encourager à faire de même au lieu de crier aux « replis communautaires », quand le plus gros et le plus violent repli communautaire auquel j’assiste aujourd’hui est celui d’une élite blanche, bourgeoise, dominante, agressive, serrant en tremblant contre son sein son lot de privilèges comme Harpagon s’agrippe à sa bourse.

Océane Rose Marie Auteure et comédienne

Rhabillons les Femen ! Une réponse féministe marocaine

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Le 2 juin dernier, deux Femen françaises, seins nus, s’embrassaient sur l’esplanade de la tour Hassan à Rabat, prétendant manifester de la sorte leur solidarité avec la communauté LGBT marocaine. Si certains militant-e-s et féministes ont pu y voir un geste fort anti-homophobie et anti-patriarcat, d’autres dénoncent une attitude paternaliste et post-coloniale qui ne peut que nuire aux luttes d’émancipation menées au Maroc par les femmes et les groupes marginalisés. Deux activistes des Femen ont débarqué mardi 2 juin à Rabat pour une action seins nus sur la très symbolique esplanade de la tour Hassan. Le poing levé, c’est en se donnant en spectacle dans un baiser «  intersexe  » que ces deux activistes ont entendu manifester leur solidarité avec le groupe LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) au Maroc. Cette petite escapade en «  terre d’Arabie  » qui marque la première venue des Femen au Maroc a été interprété par certaines féministes progressistes et par certains militants LGBT comme un geste fort censé venir éclairer nos sociétés archaïques et sauver nos mentalités dégénérées par l’homophobie et le patriarcat arabe. Lire la suite par ici.

La militante palestinienne Khalda Jarrar a été arrêtée !

khalida_jarrar_02042015Nous relayons ce communiqué du Collectif Coup Pour Coup 31 (via Quartiers libres):

Très tôt ce matin, jeudi 2 Avril, plus de 60 soldats de l’occupation israéliennes ont attaqué la maison de la parlementaire palestinienne Khalida Jarrar, une dirigeante de la gauche palestinienne et féministe. Elle a été brutalement arrêtée, l’armée est rentrée chez elle à coups de pied dans la porte d’entrée et tenant son mari dans une chambre séparée.

Dirigeante du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), Khalida Jarrar a résisté à la volonté de l’armée d’occupation de l’expulser de Ramallah à Jéricho pour six mois en septembre 2014.

Qui est Khalida?

Khalida est une avocate palestinienne, spécialisée dans la défense des prisonniers palestiniens au sein du réseau Addamer. Elle préside le Comité du Conseil législatif palestinien des Prisonniers. Elle est également active dans le mouvement des femmes palestiniennes, une voix féministe de premier plan pour la défense des droits des femmes.

Depuis 1998, elle est interdite de voyager à l’extérieur de la Palestine occupée; en 2010, alors qu’elle avait besoin d’un traitement médical en Jordanie, elle a lutté pendant des mois dans une campagne publique avant de finalement recevoir son traitement.

En août septembre 2014, une campagne internationale en soutien à Khalida Jarrar fut lancée, exigeant l’annulation de « l’ordonnance de surveillance spéciale » et de son transfert forcé de Ramallah à Jéricho. Jarrar a refusé l’expulsion à Jéricho. Au lieu de cela, elle a mis en place une tente de protestation dans la cour du Conseil législatif palestinien à Ramallah, où elle a vécu et travaillé jusqu’à ce que l’ordonnance fût levée le 16 Septembre, 2014. « C’est l’occupation qui doit quitter notre patrie », a déclaré Jarrar. La tente a été visitée par de nombreuses délégations palestiniennes et internationales, y compris les membres internationaux du Parlement.

Aujourd’hui, Il y a 18 membres du Conseil législatif palestinien élu emprisonnés par Israël, 9 en détention administrative sans procès ou sans charge. Les membres du CLP ont été à plusieurs reprises et systématiquement ciblé par les forces d’occupation israéliennes.

La campagne Khalida Jarrar solidarité est réactivée pour exiger sa libération immédiate.

Libérez Khalida Jarrar !

Palestine vivra, palestine vaincra !

Pas au nom du féminisme !

 Qui seraient les personnes visées par une telle loi ? Des femmes, majeures, musulmanes. Il s’agirait donc de discrimination sexiste. Au nom du féminisme. Pour résumer : les partisans de cette proposition prônent une loi qui viserait finalement à exclure du système éducatif ces femmes qu’ils prétendent vouloir défendre !
Comme le soulignent les universitaires à l’origine d’une lettre ouverte à Mme Boistard, (qui a reçu l’appui de plus de 1 800 universitaires à ce jour et à laquelle je me suis associée, en tant qu’universitaire et féministe – lire le texte de cette lettre ci-après), cette dernière ne peut ignorer que depuis plus de dix ans, la question du voile «n’a fait qu’instrumentaliser à moindres frais les droits des femmes au profit de politiques racistes, aux relents paternalistes et colonialistes». Ni que la laïcité, c’est l’interdiction du port de signes religieux pour les agents de l’Etat et non pour les citoyens auxquels la loi garantit, par contre, la liberté de culte.

C’est à ce titre que l’exclusion des filles voilées de l’école primaire avait été condamnée par le Conseil d’Etat, lors de la première «affaire du voile» en 1989, comme une forme de discrimination religieuse contraire au principe de laïcité garanti par la Constitution. L’évolution du contexte sociopolitique et la progressive fabrique du «problème musulman» (1) ont rendu possible la remise en cause de cette décision par la loi de 2004 qui interdit le port de signes religieux dans les établissements primaires et secondaires publics. Et l’on assiste, depuis, à une progressive exclusion des femmes portant le foulard de la sphère scolaire et économique (des employées de crèches privées subventionnées, aux mères d’élèves interdites d’accompagner les sorties scolaires par la circulaire Châtel de 2012), au nom d’acceptions toujours plus extensives de la «mission de service public».

La proposition d’interdiction du voile dans l’enseignement supérieur correspond ainsi à une étape supplémentaire du processus de discrimination légale par capillarité analysé par les sociologues Hajjat et Mohammed (1). Si elle a été désavouée par M. Valls (pour l’instant), elle n’en porte pas moins la potentialité d’un racisme et d’un sexisme d’Etat.

Mais d’où vient, et à quoi sert, cette proposition ? Elle n’est pas issue de la communauté universitaire qui n’a jamais constitué cette question en «problème», contrairement à celles du harcèlement sexuel et du sexisme à l’université, de la casse des services publics d’enseignement, de la fermeture des services sociaux et médicaux à destination des étudiants ou encore de l’absence de crèches dans les universités, rappelées dans la pétition susmentionnée.

Ce n’est donc pas dans le champ académique que se situe la genèse de cette proposition de loi, mais dans le champ politique et dans la concurrence qui s’y joue entre professionnels de la politique. Mme Boistard reprend cette proposition, à quelques semaines des élections départementales, à certains ténors de la droite, à des fins électoralistes à peine voilées (sans jeu de mots) : en préemptant la thématique de la stigmatisation des musulmans à ses adversaires (la droite l’ayant déjà reprise au FN), le PS espère récupérer des voix auprès d’un électorat qui ne lui est pas traditionnellement acquis. On ne peut que souscrire au constat d’une déshérence idéologique profonde du PS – analysé dans les travaux de Rémi Lefebvre sur le PS (2) – dans un contexte où cette «gauche» a abandonné ses valeurs et propositions (quid du vote des étrangers aux municipales ? de la PMA ? de la renégociation du traité européen pour privilégier la croissance et l’emploi ?) pour se ranger à l’austérité.

Alors, s’il vous plaît, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, ayez au moins la décence de ne pas dissimuler vos errances électoralistes sous le voile du féminisme ! Et n’allez pas crier au loup au soir du 22 mars si d’aventure le FN venait à faire un score élevé : vos politiques d’austérité et de stigmatisation des jeunes des quartiers populaires font le lit de l’extrême droite qui a toujours prospéré sur la misère sociale et la recherche d’un ennemi intérieur, que vous leur servez là, sur un plateau d’argent.

(1) «Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman »», par Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, La Découverte, 2013. (2) «Les Primaires socialistes : la fin du parti militant», éd. Raisons d’agir, 2011.

Julie Pagis est chercheure en sociologie politique au CNRS.

Lettre ouverte à la Secrétaire d’Etat aux droits des femmes – Madame Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat déléguée aux droits des femmes : Non à l’interdiction du voile à l’université – 7 mars 2015

Madame la Secrétaire d’Etat déléguée aux droits des femmes,

Nous appartenons à la communauté universitaire et sommes toutEs en charge d’une mission de service public qui, au-delà de la formation, de l’enseignement supérieur et de la recherche, participe à construire un espace démocratique qui au jour le jour s’invente comme un espace de dialogues, de débats ; un espace traversé d’antagonismes (y compris avec nos présidences et conseils d’administration), mais aussi de solidarités, un espace ouvert sur le monde dont nous héritons en commun, une agora qui se recrée à chaque heure dans nos amphis, dans nos « cafèts », sur nos parvis ou les murs de nos campus, et ce, malgré les conditions matérielles déplorables qui sont celles de nos institutions. S’il y a bien un lieu dans notre République, où la liberté de pensée et d’expression, ou plutôt, le droit de cité se vit ici et maintenant, c’est encore au sein des universités – et même les tentatives qui ont visé à mettre à mal cette liberté autogérée (en envoyant ces dernières années les forces de l’ordre traditionnellement interdites dans nos espaces en cas de conflit, de contestation ou d’occupation), ne sont pas parvenues à nous désespérer de penser la complexité du monde social et les enjeux du vivre en commun, comme à en expérimenter les conditions possibles.

Or, vous ne pouvez ignorer que depuis plus de dix ans le voile, sur lequel vous vous exprimiez encore récemment, est une question qui n’a fait qu’instrumentaliser à moindres frais les droits des femmes au profit de politiques racistes, aux relents paternalistes et colonialistes – définissant pour les femmes de bonnes manières de se libérer, blanchissant une partie des associations féministes en les dédouanant de s’engager contre le racisme y compris dans leurs propres rangs et, inversement, en permettant à des associations dites « communautaires » d’assimiler le féminisme au bras armé de vos politiques islamophobes. La classe politique et votre parti, en exposant aux discriminations les plus brutales des femmes portant le voile (lynchages de jeunes filles, de femmes enceintes et de mères, discriminations à l’embauche, exclusions des écoles publiques, etc.), a fait le lit des nationalismes et doit être tenu pour responsable d’une situation de tension sociale sans précédent.

Vous avez déclaré, en tant que secrétaire d’Etat aux droits des femmes, être « contre le voile à l’université ». Indépendamment de l’inactualité nauséabonde d’une telle prise de position, comment pouvez-vous, « au nom des droits des femmes », vous exprimer contre la liberté et l’égalité entre toutes les femmes ? Comment pouvez-vous considérer qu’il serait pertinent dans ce cadre d’exposer une partie des étudiantes aux rappels à l’ordre des instances dirigeantes des universités ou de quelques mandarins en mal de « mission civilisatrice », pourvus d’un droit discrétionnaire à exclure et à réglementer un droit de cité inaliénable et non négociable ?

Vous acceptez ainsi d’être la porte parole – non pas des femmes – mais d’entrepreneurs de leur seule carrière politique et médiatique, pourvoyeurs de haine et de fantasme. A l’opposé d’une telle rhétorique, en tant que Secrétaire d’Etat déléguée aux droits des femmes, votre mission et votre responsabilité, si vous souhaitez vous intéresser à l’université, seraient pourtant des plus nobles mais aussi des plus considérables : depuis des années, aucune politique publique n’a souhaité financer à hauteur de nos besoins un véritable plan national de lutte contre le harcèlement sexuel et le sexisme à l’université, aucune action efficace, pérenne, n’a visé à lutter contre les exclusions et la paupérisation des étudiantEs ou des personnels administratifs – qui sont en grande majorité des femmes, et qui assurent au jour le jour nos conditions d’études.

Vous voulez œuvrer pour le droit des femmes à l’université ? Remettez en place un service de médecine universitaire digne de ce nom à même de fournir une information et des soins notamment relatifs aux droits reproductifs toujours plus menacés par la « crise » ; assurez-vous que les services sociaux à destination des étudiantEs et des personnels ne soient pas systématiquement la première ligne budgétaire que nos présidents et CA suppriment, que des transports publics desservent nos campus dans des conditions acceptables et que des logements décents pour étudiantEs soient construits en nombre suffisant, ou même, ouvrez des crèches dans nos universités pour permettre à toutes les femmes de venir travailler, étudier et se former.

Enfin, vous voulez discuter des droits des femmes, de liberté, d’égalité ? Des questions de genre, des droits des minorités sexuelles et raciales, des rapports sociaux tels qu’ils s’articulent aux politiques néolibérales de destruction des services publics et de privatisation des biens communs (qui transforment le savoir en marchandise par le biais de politiques que le PS relaie depuis des années) ? Venez dans nos cours et nos séminaires, dans nos départements, nos équipes de recherche, écoutez les enseignantEs, les étudiantEs, voiléEs, pas voiléEs, qui débattent, construisent ensemble une pensée critique à même de servir les connaissances qui nourriront les bibliothèques de demain comme les luttes menées en commun pour faire advenir un monde meilleur dont vous semblez avoir déjà fait le deuil.

Le 6 mars 2015

Pour signer : https://www.change.org/p/madame-pascale-boistard-secrétaire-d-etat-déléguée-aux-droits-des-femmes-lettre-ouverte-à-la-secrétaire-d-etat-aux-droits-des-femmes?just_created=true

Nous sommes tous des féministes

Nous sommes tous des féministes

C’est le titre d’un petit livre publié chez Folio/Gallimard et vendu à 2 € seulement – mais, nonobstant la qualité des deux textes qu’il contient, on n’en manifestera pas moins notre mauvaise humeur à l’égard de ces marchands de livres à qui tout fait ventre (et vendre, surtout !): on aurait préféré une brochure à prix libre, d’autant plus réalisable en l’occurrence que les textes sont brefs. (D’ailleurs le même éditeur vient de sortir un autre « livre », tout aussi court sinon plus, de Erri de Lucca : La Parole contraire, qui explique comment il se retrouve devant les tribunaux italiens pour avoir appelé au sabotage de la LGV Lyon-Turin – même « rentabilisation » d’un sujet et d’un auteur qui valent pourtant bien mieux que cela. Bref.)

Chimamanda Ngozi Adichie est l’auteure nigériane de Nous sommes tous des féministes, suivi de la nouvelle Les Marieuses. Le premier texte est la retranscription d’une conférence donnée en 2012 dans le cadre d’un colloque consacré à l’Afrique et qui a lieu annuellement, si j’ai bien compris, au Nigeria. Chimamanda y décrit simplement le sexisme ordinaire qui sévit dans son pays comme ailleurs, et comment elle en est arrivée à être et à se déclarer une « féministe africaine heureuse, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes. » Comme beaucoup d’autres avant elle, elle insiste sur l’éducation des enfants :

« Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j’aimerais aujourd’hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement.

« Notre façon d’éduquer les garçons les dessert énormément. Nous réprimons leur humanité. Notre définition de la virilité est très restreinte. La virilité est une cage exiguë, rigide, et nous y enfermons les garçons. Nous apprenons aux garçons à redouter la peur, la faiblesse, la vulnérabilité. Nous leur apprenons à dissimuler leur vrai moi, car ils sont obligés d’être, dans le parler nigérian, des hommes durs.

« […] Mais ce que nous faisons de pire aux hommes – en les convainquant que la dureté est une obligation –, c’est de les laisser avec un ego très fragile. Plus un homme se sent contraint d’être dur, plus son ego est faible.

« Quant aux filles, nos torts envers elles sont encore plus graves, parce que nous les élevons de façon qu’elle ménagent l’ego fragile des hommes. Nous apprenons aux filles à se diminuer, à se sous-estimer. Nous leur disons : tu peux être ambitieuse mais pas trop. Tu dois viser la réussite sans qu’elle soit trop spectaculaire, sinon tu seras une menace pour les hommes. Si tu es le soutien de famille dans ton couple, feins de ne pas l’être, notamment en public, faute de quoi tu l’émasculeras. »

Un petit texte roboratif, donc, qui n’a rien de nouveau ni d’extraordinaire mais qui doit sa publication au fait que son auteure est une romancière et nouvelliste à succès, et l’on ne peut que s’en réjouir. L’éditeur a tout de même ressenti le besoin de le compléter par un autre texte, faute de quoi le livre aurait été vraiment trop mince – l’auteure a beau avoir reçu des prix littéraires prestigieux, elle n’est pas (encore ?) prix Nobel… C’est tout bénéfice pour nous autres lectrices et lecteurs, car nous pouvons vérifier une fois de plus que souvent, la fiction en dit plus, et de manière plus percutante, qu’un discours non fictionnel. Les marieuses est l’histoire d’une jeune nigériane mariée par ses parents adoptifs à un parfait inconnu, nigérian lui aussi, mais qui a émigré aux États-Unis. Elle va donc y partir elle aussi, et la nouvelle raconte, outre le rapport de domination ordinaire entre la jeune femme et son mari, sa difficile adaptation aux mœurs nord-américaines : où l’on comprend un peu mieux ce que certaines féministes nomment « l’intersectionnalité » (soit le croisement de plusieurs oppressions – de genre, de race, de classe…)

En somme, je ne regrette pas de m’être fait un peu arnaquer par l’éditeur – et même je m’apprête à récidiver, car cette mise en bouche m’a vraiment donné envie de lire d’autres histoires de cette auteure. (Ce livre est désormais empruntable à la bibliothèque d’Agate, armoise et salamandre.)

françois (le 9 mars 2015)

 

Clémentine Autain : « Rendre au féminisme son tranchant »

Entretien inédit pour le site de Ballast

« L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme ; [la femme] est la prolétaire du prolétaire même », écrivit un jour Flora Tristan, féministe, socialiste et militante internationaliste née en 1803. On aurait parfois tendance à l’oublier : la tradition féministe compte bien des courants et des tendances — qui, comme tous les mouvements philosophiques et politiques, peuvent volontiers s’opposer (Nicole Van Enis préfère dès lors parler « des » féminismes). Parmi eux, le féminisme socialiste — qu’il soit marxiste (avec, par exemple, Clara Zetkin et August Bebel) ou bien anarchiste (avec Louise Michel, Madeleine Pelletier ou encore Emma Goldman). Contre le féminisme libéral, réformiste et bourgeois, celui-ci pense l’émancipation des femmes en parallèle d’une critique radicale de la société et du mode de production capitaliste. Nous tenions à rencontrer l’une de ses représentantes contemporaines : Clémentine Autain, auteure, porte-parole du parti Ensemble et codirectrice de la revue Regards. Comment, en somme, tenir les deux bouts de la corde — ni féminisme des beaux quartiers, ni lutte sociale androcentrée ? Lire l’entretien ici: BALLAST Clémentine Autain : « Rendre au féminisme son tranchant ».

Langues de fronde, émission de février 2015 sur l’islamophobie

émission de février sur l’islamophobie

Un grand merci à nos 2 invitées Ismahane et Kenza.

 

début de bibliographie :

  1. Les filles voilées parlent. ouvrage coordonné par Ismahane Chouder, Malika Latrèche & Pierre Tevanian aux éditions la fabrique, 2008. Face à la confiscation de la parole des premières concernées, voici un recueil de paroles des jeunes filles concernées par la loi de 2004 sur l’interdiction du port du voile à l’école ainsi que par ses conséquences à l’université, dans le milieu professionnel, dans le militantisme,…
  2. Un racisme à peine voilé. film documentaire, 2004. Retour sur l’exclusion des filles voilées de l’école. Avec entre autre les interventions de Pierre Tévanian (collectif Les Mots Sont Importants) et de Nacira Guenif-Souillamas (sociologue)

musiques :

  1. La cible de Ryaam
  2. Al Kufiyyeh arabeyyeh de Shadia Mansour (rappeuse américaine et palestinienne.

Pour écouter, cliquer ici: 04 ldf09-02-2015.mp3.

Retour sur 5 fantasmes qui circulent autour de la PMA … et des luttes féministes – Paris-luttes.info

Au nom de la critique de la technologie, un certain nombre d’idées commencent à circuler dans les revues libertaires qui ont de moins en moins avoir avec la PMA et de plus en plus avoir avec des fantasmes sur la PMA… et sur le féminisme.

Voici le top 5 des idées incongrues qui circulent aujourd’hui sur la Procréation médicale assistée (PMA).

1) La PMA c’est la marchandisation du vivant et l’avènement de la technoscience ?
En France, lors des débats sur le mariage pour tous, la revendication des lesbiennes pour l’accès à la PMA était une revendication d’égal accès à un don de sperme. La PMA en France est un don de sperme, aujourd’hui autorisé de façon anonyme pour les héteros stériles dans les banques de sperme et remboursé par la sécurité sociale.

Si le don de fluide corporel doit être questionné au regard de la technoscience, il est étrange que ce débat arrive avec la PMA alors que le don de sang existe depuis bien plus longtemps. Pourquoi porter systématiquement le débat de la PMA sur la « marchandisation » et la « médicalisation » et nier qu’aujourd’hui, le don de sperme est gratuit, anonyme et remboursé par la sécurité sociale pour les hétéros ?

Le don de sperme artisanal ouvre quant à lui droit à une filiation alors qu’il faudrait justement pouvoir distinguer « donneur » et « parent » : si on peut être les deux, ce n’est pas toujours le cas. Il s’agit ici du risque de voir le géniteur revendiquer en toute légalité son rôle de père et sa paternité sur l’enfant au couple de femmes à qui il a « donné » son sperme. Comme l’indique Aude Vidal [1] , un couple de lesbiennes n’a pas à subir les intrusions d’un donneur dans leur vie. La revendication porte sur le droit de ne pas être à la merci d’un bon copain qui décidera peut-être un jour, quand le gosse sera propre ou qu’il sera devenu intéressant, de faire valoir ses droits de donneur, pardon de père. Pour toutes ces raisons, il faut des banques de spermes gratuites pour toustes.

2) Si on se bat pour la PMA, on nie les problèmes de pollution qui sont responsables des problèmes d’infertilité massive ?
Les lesbiennes n’ont pas de problème d’infertilité massive. Il n’y a aucun lien entre la revendication portée par les lesbiennes et les problèmes de pollution. Les lesbiennes revendiquent l’égal accès à un don de sperme (légal pour les héteros, illégal pour les lesbiennes). Comment rattacher la question de la pollution à la question du don de sperme pour les lesbiennes ?

S’il n’y a pas de lutte secondaire, pourquoi faut-il choisir entre luttes féministes, sociales et luttes écolo : ne peut-on pas lutter pour la justice sociale, contre une société hétéronormée et contre la destruction capitaliste ?

3) Ne faudrait-il pas plutôt avoir recours à l’adoption contre la marchandisation du vivant inhérente à la PMA ?
Dans notre contexte, au nom de quel principe, l’adoption serait-elle, en soit, plus noble et plus propre que la PMA ? On pourrait estimer que depuis le séisme d’Haiti en 2010 [2] ou même le scandale de l’association de l’Arche de Zoe au Tchad en 2007 (les enfants victimes du Darfour), trop souvent, l’adoption rime avec transaction et trafic.

De même, le pouvoir médical est également présent lorsque les futurs parents hétéros doivent cocher une case des listes des maladies et/ou handicaps qu’ils sont prêts à accepter ou pas au sein de leur futur foyer.

Voir en l’adoption une alternative non marchande et non médicale à la PMA est un positionnement plus que douteux d’autant plus que les lesbiennes et homosexuels n’ont pas le droit d’adopter à l’étranger dans la plupart des pays.

4) Les lesbiennes revendiquent le « Droit d’avoir un enfant », la preuve qu’elles sont consuméristes ?
Il n’y a jamais eu de revendication du « droit d’avoir un enfant » durant les manifs de 2013-2014 en défense du mariage pour tous. C’est au sein du Lmpt (La manif pour tous) que cette expression sémantique est née pour ridiculiser et décrédibiliser la revendication d’accès des lesbiennes à la PMA et à l’adoption [3]. Puis, lorsque les sénateurs ont déposé un recours au conseil constitutionnel contre la loi du mariage pour tous, ils ont repris l’expression en indiquant que les droits « de » l’enfant devaient primer sur le droit « à » l’enfant .

C’est avec ces mots que les sénateurs ont formulé le recours au conseil constitutionnel : «  Le législateur consacre donc la volonté d’adultes de s’affranchir de toutes références à la procréation pour avoir un droit à l’enfant et s’approprier l’enfant afin d’établir à son égard un lien de filiation qui fasse délibérément obstacle à la vraisemblance biologique. Ainsi, en permettant l’adoption plénière par des couples de même sexe, le législateur méconnait l’intérêt général et notamment l’intérêt de l’enfant. » [4]

Pourquoi parle-t-on de “droit à l’enfant” uniquement dans le cadre des couples homosexuels ? Pourquoi parler de « droit à l’enfant » au lieu de parler d’égal accès à l’adoption et à la PMA comme les hétéros ?

5) On ne peut pas nier qu’il y a une différence des sexes dans notre société ?
Le féminisme s’est battu contre l’idéologie naturaliste. Ainsi, détruire la différence des sexes, c’est supprimer la hiérarchie qui existe actuellement entre deux termes dont l’un est référé à l’autre, et infériorisé dans cette comparaison. On ne peut revendiquer le « droit à la différence », car cela signifie le droit à l’oppression. Cela ne signifie pas que « nous voulons devenir des hommes », car dans le même temps que nous détruisons l’idée de « La Femme », nous détruisons aussi l’idée de « l’Homme ». C’est le système patriarcal qui nous pose « différentes » pour justifier notre exploitation, la masquer. C’est lui qui nous impose l’idée d’une « nature », d’une « essence » féminine. [5]

Aujourd’hui, lorsque LMPT (la manif pour tous) ou autres revendiquent qu’un enfant a besoin d’un papa et d’une maman, c’est bien l’ensemble des femmes qui sont renvoyées à la cuisine, à leur rôle, à leur place. C’est bien une attaque contre toutes les femmes. Et il faut bien dénoncer ce discours patriarcal et lesbophobe.

SCAM (section carrément anti-masculiniste)
scam@riseup.net


Notes

[5Questions féministes, une revue théorique féministe radicale, novembre 1977, réédition syllepse novembre 2012.

Retour sur 5 fantasmes qui circulent autour de la PMA … et des luttes féministes – Paris-luttes.info.

As Clemmie Wonders · Du caractère polymorphe et multicolore du relou en milieu urbain

« Non mais qu’ils ne respectent pas les femmes chez eux, c’est leur problème, mais ici, on est en France »

 » Je suis pas raciste, mais j’en ai marre de me faire draguer dans la rue!  »

 » C’est dans leur culture, ils n’ont pas le même rapport à la séduction ».

Ces déclarations n’ont pas particulièrement été tenues par des membres du FN ou même des personnes se disant (se pensant) racistes. Non. Ce sont des déclarations que j’ai entendues, que j’entends régulièrement, dès que l’on parle de harcèlement de rue.

 

Parce que, comme en parlait récemment un article de rue89, c’est un fait : pour beaucoup de personnes, y compris les victimes de harcèlement de rue, les agresseurs de rue ne sont que des mecs de banlieue, de cité, de quartiers populaires. Que des immigrés, des fauchés, des lascars, des cailleras, des ouaich, des rebeus, des renois… Je parle souvent de harcèlement de rue, avec beaucoup de personnes. Et la récurrence des déclarations précédentes m’attriste.

 

Non, elle me révolte, en fait. Elle me met hors de moi.

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