L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre

L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre

Il semble que Gayle Rubin ait été la première à utiliser la notion de genre dans ce texte, qui date de 1975 et qui est devenu un « classique » du féminisme. Extrait (on peut lire le texte entier en ligne – voir le lien après l’extrait) :

Marx avait posé cette question : « Qu’est-ce qu’un esclave nègre ? Un homme de race noire. Cette explication a autant de valeur que la première. Un nègre est un nègre. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’il devient esclave. Une machine à filer le coton est une machine pour filer le coton. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient du capital. Arrachée à ces conditions, elle n’est pas plus du capital que l’or n’est par lui-même de la monnaie ou le sucre le prix du sucre » (Marx 1972 : 35). On pourrait paraphraser ainsi : Qu’est-ce qu’une femme domestiquée ? Une femelle de l’espèce. Cette explication a autant de valeur que la première. Une femme est une femme. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient une domestique, une épouse, un bien meuble, une minette du club Playboy, une prostituée ou un dictaphone humain. Arrachée à ces conditions, elle n’est pas plus l’assistante de l’homme que l’or n’est par lui-même de la monnaie, etc. Quelles sont donc ces relations sociales qui font qu’une femelle devient une femme opprimée ?

Gayle Rubin, « L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre », Les cahiers du CEDREF [En ligne], 7 | 1998, mis en ligne le 27 juillet 2009, Consulté le 27 septembre 2014. URL : http://cedref.revues.org/171

Aux origines du capitalisme patriarcal : entretien avec Silvia Federici

Traduit de l’anglais par  Stella Magliani-Belkacem, cet entretien avec Silvia Federici, réalisé par Tessa Echeverria et Andrew Sernatinger, du « socialist podcast Black Sheep », a été publié en français par la revue en ligne Contretemps – pour le lire, cliquer sur le lien ci-après Continuer la lecture de « Aux origines du capitalisme patriarcal : entretien avec Silvia Federici »

Ecologie et Féminisme : une histoire méconnue

Ecologie et Féminisme : une histoire méconnue

Voici une émission diffusée sur Fréquence Paris-Plurielle le 04 septembre 2014 par les radioactif.ve.s : Histoire des premières mobilisations écoféministes. L’écoféminisme : et si on essayait de comprendre ? Avec :
Benedikte Zitouni (univ. de Bruxelles)
Emilie Hache (univ. de Paris X-Nanterre)

Enregistré dans le cadre des conférences de l’Université Populaire de l’Eau et du Développement Durable du Val de Marne

Pour télécharger l’émission, cliquer ici.

Le camion et la poupée : jeux de singes, jeux de vilains | Allodoxia

Un argument est régulièrement invoqué à l’appui de l’idée qu’il existe une différence naturelle entre filles et garçons dans les choix de jouets : la même différence aurait été observée chez les singes. La lecture de la littérature scientifique ayant adressé cette question ne nous apprend pas grand chose sur les singes, et encore moins sur les enfants humains. Elle permet en revanche d’éclairer sous un jour intéressant le comportement des personnes qui ont utilisé cet argument, eu égard à la manière souvent fantaisiste – et toujours fallacieuse – dont ils ont résumé cette littérature. Ce nouvel exemple de vulgarisation scientifique alimentant la naturalisation du genre est aussi l’occasion d’explorer la grande diversité de ses chemins, ainsi que celle des modalités de distorsion des résultats d’études scientifiques.

Le camion et la poupée : jeux de singes, jeux de vilains | Allodoxia.

Tu peux: un livre gratuit pour enfants | Elise Gravel

Voici un petit livre gratuit pour enfants sur le thème des stéréotypes de genres: vous y trouverez des filles qui pètent, des garçons sensibles, des filles drôles et des garçons qui prennent soin des plus petits. J’ai fait ce livre pour le plaisir et dans mes temps libres; c’est un petit truc très simple qui va droit au but (bref, vous en avez pour votre argent). Vous pouvez l’imprimer, le lire en classe ou à la maison, sur le iPad ou le TBI: c’est un cadeau. Servez-vous: c’est par ici pour le télécharger ou le lire en ligne. Vous opuvez aussi l’imprimer et le relier vous même avec du bon vieux « duct tape », comme l’a fait ce chouette papa!

Tu peux: un livre gratuit pour enfants | Elise Gravel.

La construction de l’Autre, entretien avec Christine Delphy

La construction de l’Autre, entretien avec Christine Delphy

Dans cet entretien initialement paru dans Migrations et sociétés, Christine Delphy revient sur la question des « autres », ou plutôt, pour reprendre le sous-titre d’un de ses livres, sur « qui sont les autres ». Car ce que sont les autres n’est pas une réalité objective. Les « uns » construisent les « autres », et les construisent par le pouvoir de les nommer, de les catégoriser, de disserter sans fin sur elles et eux, qu’il s’agisse des femmes, des homosexuel-les ou encore des personnes racisées. Cette question, qui constitue un fil rouge de la pensée et des engagements de Christine Delphy, sera longuement traitée dans un documentaire réalisé par Florence Tissot et Sylvie Tissot, qui sortira fin 2014. Le documentaire de 52 minutes sera accompagné d’un abécédaire abordant différentes thématiques, d’Amitié à Sexualité, de Beauvoir à Wittig.

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Politique du silence. Les femmes et les jeunes gens ne parlent pas à la table du pouvoir | La pensée du discours

La publication du livre de Valérie Trierweiler dont je parlais dans un précédent billet est un bon observatoire pour les analystes du discours : celleux qui travaillent sur la doxa, l’imprégnation idéologique, le discours de défense, la langue de bois et le discours collectif ont un bien beau corpus à constituer, celui des réactions unanimes de la “classe” des journalistes et des politiques, puisque c’est bien d’une affaire de classe qu’il s’agit, à tous les sens du terme (excepté celui de l’élégance). S’y joint de manière inédite la catégorie des libraires (je dis “des libraires” au pluriel car celleux qui se sont exprimé.e.s revendiquent ce collectif pluriel en proclamant “nous sommes libraires“, engageant de fait toute la profession), dont on a appris qu’illes avaient une vertu, au nom de laquelle illes se sentent autorisé.e.s à pratiquer quelque chose qui ressemble à une censure sur leurs choix de ventes.

Politique du silence. Les femmes et les jeunes gens ne parlent pas à la table du pouvoir | La pensée du discours.

Eliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir

Eliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir. Tome 2: Les résistances de la société (XVIIe-XVIIIe siècle), Paris, Perrin, 2008, 504 p.

Nicole Dufournaud

1Le point de départ de l’enquête en trois tomes d’Eliane Viennot est l’étude de la Loi salique, instrument d’exclusion des femmes de la vie publique. Le second couvre les XVIIe et XVIIIe siècles jusqu’à la veille de la Révolution française. Si l’ouvrage est chronologique, chaque siècle suit un découpage thématique.

2Le présent tome s’ouvre avec l’étude des deux régences du XVIIe siècle : celles de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche. L’auteure n’oublie pas les autres femmes de pouvoir : les favorites royales et les femmes des grandes familles, mais également celles plus modestes aux pouvoirs économique et social : « Si l’activité des femmes au plus haut niveau enregistre un tassement certain après la Fronde et surtout après l’arrivée au pouvoir de Louis XIV, on ne peut en dire autant de celle des autres femmes sur l’ensemble de la scène publique ». Quand certaines parties de la société régressent, d’autres progressent. C’est le cas aussi des Arts et des Lettres. Les écrivaines, les autrices, les comédiennes, les musiciennes, les peintresses et les graveuses peuvent  accéder à la célébrité. D’après l’auteure, quand les femmes abandonnent certains terrains, elles en conquièrent d’autres : le succès des salons tiendrait au fait qu’ils soient mixtes dans une atmosphère de France égalité. Cette mixité sexuelle mais aussi sociale implique un dynamisme.

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Petites filles d’aujourd’hui. L’apprentissage de la féminité

Catherine Monnot, Petites filles d’aujourd’hui. L’apprentissage de la féminité,

Paris, Éditions Autrement (coll. Mutations), 2009, 176 p.
Par Rebecca Rogers
Plus de trente ans après la publication Du côté des petites filles d’Elena Gianini Belotti (Éditions des femmes, 1973), Catherine Monnot se penche sur ce qui « ‘fait grandir’ les filles à une époque et dans un type de société où les rites de passage semblent avoir en grande partie disparu »  (p. 12). En posant la question de la spécificité des expériences des jeunes filles, l’auteure, doctorante en anthropologie, s’intéresse aux processus et aux influences qui contribuent à les façonner comme êtres sexués. Sans exclure totalement l’école ou la famille du champs d’analyse, C. Monnot privilégie une approche de la socialisation qui passe par la transmission horizontale (les pairs) et qui regarde « la fabrique du sexe » (Thomas Laqueur) à travers « la multitude d’apprentissages informels qui font grandir les enfants en dehors du regard et du contrôle directs des adultes, en particulier leurs loisirs » (p.8-9). Influencée par une copieuse littérature anglo-saxonne sur la « girl culture », elle nous livre dans ce petit volume de la collection « Mutation » une analyse stimulante et claire de l’apprentissage de la féminité et du « devenir fille » des préadolescentes en marge du monde de l’enfance et de l’adolescence.

Lilith, l’épouse de Satan

Catherine Halpern, Michèle Bitton, Lilith, l’épouse de Satan, Paris, Larousse, coll. « Dieux, Mythes et Héros », 2010, 191 p.

Par Guillaume Roucoux

Lilith, l’épouse de Satan est la quatrième figure féminine à s’inscrire dans la collection de « Dieux, Mythes & Héros » qui ne cache pas « le caractère profondément masculin de la mythologique en général » (p. 167), pour mieux lui résister. Ce portrait en six chapitres, dressé par la journaliste Catherine Halpern et la sociologue Michèle Bitton à partir de textes théologiques judéo-chrétiens et d’analyses scientifiques, nous donne à voir une Lilith plurielle mais dont « la plus grande partie de [l’]histoire nous échappe sans doute » (p. 16). Lire la suite de cette note de lecture par ici.