Présentation du Collectif médecine libertaire de Caen

Collectif médecine libertaire : une présentation

Historique

Suite au mouvement social contre la réforme des retraites en octobre 2010 et le constat d’une généralisation de la violence de la répression policière, une équipe de soutien médical dans les manifs/actions (dite « Medical Funky Fight Team ») s’est organisée à Caen afin de gérer collectivement les premiers soins nécessaires en situation de crise. Dans ce contexte de lutte sociale, des temps de formation menés dans une logique d’autonomie et de réappropriation des soins, ouverts à tou-te-s, se sont également déroulés et du matériel a été réuni.

S’il nous paraît important à l’avenir de s’organiser et d’assurer une présence dédiée aux premiers secours dans toutes les situations potentiellement conflictuelles, il est tout autant nécessaire d’élargir nos réflexions et nos pratiques concernant la médecine. Et cela d’autant plus que cette dernière nous semble la porte d’entrée idéale à la politique que nous défendons. C’est pourquoi, au début de l’année 2011, nous avons décidé de créer ce collectif médecine libertaire.

Un rapide contexte socio-politique…

Si l’on part du dernier mouvement social en France, dit « contre la réforme des retraites », le constat est simple à faire : l’État s’assoit sur la volonté du peuple et favorise la classe bourgeoise qui se trouve aux commandes administratives, industrielles… On retrouve ainsi un système étatique capitaliste prônant le libéralisme à tout va et mêlant oligarchisme et népotisme (favoritisme que les dirigeants font à leur famille et leur entourage au détriment du peuple). Le résultat en est une démocrature (dictature parée des atours de la démocratie bourgeoise) qui s’infiltre insidieusement à l’intérieur de nos vies et induit, de fait, de graves conséquences sur la médecine !

C’est dans ce contexte que nous retrouvons la médecine occidentale dominante. Celle-ci délaisse toute théorie générale de la santé de la femme et de l’homme en société. On l’entend se gargariser de sa toute puissance, de ses dernières prouesses, de ses victoires contre la mort et la vieillesse, mais toujours, elle reste muette dans le champ socio-politique. Et quand il lui prend de se préoccuper de prévention, elle y pense en tant que prévention des maladies, dont le premier modèle fut celui de la vaccination, et dont les formes actuels s’attachent à l’action sur les facteurs de risque.

Ce n’est pas rien, mais c’est tout autre chose qu’un programme de travail sur les facteurs de santé qui intégrerait d’une part les enseignements issus de l’étude des inégalités de santé, d’autre part les rares travaux qui ont tenté de penser la question dans la complexité de ses dimensions physiologiques, psychologiques et sociales. Et quand elle tente de les intégrer, elle prône un discours sur la « nécessaire » responsabilisation du/de la malade, tandis que les réelles pratiques autogestionnaires dont nous nous revendiquons se doivent de rester absentes. C’est pourquoi selon nous cette médecine est en réalité partout et nulle part à la fois.

Une médecine à la fois partout…

Partout, car elle cherche à s’approprier nos corps et nos esprits dans une logique marchande et de rentabilité. L’organisation du système de santé actuel ne se pense plus en terme de projet collectif, mais découle directement de logiques managériales. Ainsi des dernières lois concernant le fonctionnement hospitalier, dans lesquelles on trouve un budget accordé en fonction d’une tarification à l’activité (la loi dite T2A) qui suppose que tout acte de soin peut et doit être chiffré (quid de l’écoute, des temps informels, etc.). Les lois dites « Hôpital Entreprise », qui, en renforçant le pouvoir administratif par rapport à celui des soignant-es, entérinent définitivement l’idée que le but premier d’un hôpital n’est plus de soigner, mais bien de générer des bénéfices. La rédaction incessante de protocoles de plus en plus abscons ne laisse ainsi plus de temps ni d’espace à l’aléatoire et à la créativité humaine.

Ce temps et cet espace est désormais consacré à l’amélioration de la rentabilité et à la mise en compétitivité du secteur de la médecine comme si elle était un secteur industriel comme un autre. Cette mutation, en plus d’introduire symboliquement dans nos esprits que le soin est une marchandise, permet concrètement à quelques dirigeant-es de s’engraisser. Les firmes pharmaceutiques engendrent ainsi des bénéfices à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros, continuant sans cesse de grossir leurs champs d’action. La pérennité d’un tel système est rendu possible par leurs liens extrêmement intimes avec le pouvoir politique, intimité elle même favorisée par les institutions (exemple de l’AFSSAPS structurellement en conflit d’intérêts).

Cette médecine est partout encore, car elle tend vers un isolement et une normalisation des individus à des fins de meilleur contrôle social. L’injonction à gérer son capital santé, via les campagnes dites de santé publique et la culpabilisation de ceux qui ne s’y conforment pas (l’alcoolique, le/la fumeur/se, la/le gros-se…), place les comportements individuels comme principale explication à la maladie. Exit le questionnement collectif quant aux racines d’une société cancérigène, addictogène, suicidogène… qui selon nous est clairement le fruit d’une politique durement menée par l’État. Par exemple, les suicides sur le lieu de travail (phénomène très récent) sont présentés comme des gestes de personnes dites fragiles, mettant ainsi de côté toutes réflexions et actions concernant la souffrance liée au travail salarié en lui même.

Et puis, la déviance sociale et/ou le trouble à l’ordre public sont dorénavant les critères majeurs pour nous faire entrer dans le domaine du pathologique, pour nous assimiler au/à la fou/folle (forcément dangereux/se), qu’il faut réinsérer à tout prix ou qu’il faut éliminer derrière les barreaux des asiles ou des prisons si elle/il résiste… À l’ encontre de cette pensée réductrice, il nous semble primordial de comprendre la souffrance psychique d’une personne à la lumière de son histoire singulière, de son inscription particulière dans un système (familial, institutionnel, etc.) lui-même potentiellement « fou ».

Partout toujours, quand il s’agit de réduire l’humain à un pion que l’on doit customiser. La médecine a désormais droit de regard et d’action sur chaque moment de nos vies. Elle ne s’intéresse plus exclusivement au domaine de la maladie, mais a recours à ses experts pour s’assurer que nous sommes toujours plus compétitif-ives et performant-es (coaching, médicamentation de nos émotions qui pourraient s’avérer contre-productives voire germes d’une possible remise en question de la marche du monde capitaliste). Injonction nous est ainsi faite de rendre nos corps plus conformes et conventionnels (développement de la chirurgie esthétique, discours eugéniste qui s’ancre peu a peu dans les mentalités… le moule Barbie et Ken est plus qu’opérationnel). Avec cette médecine, nous sommes dans la fabrique, effective et symbolique, d’un seul modèle possible d’être au monde, une seul norme : celui de l’individu performant, l’individu marchandise, l’individu « amélioré », être lisse s’emboîtant parfaitement dans les rouages d’un système politique aliénant.

… et nulle part.

La médecine occidentale dominante n’est nulle part quand on aborde la notion d’inégalités d’accès aux soins. Si celle-ci n’a jamais été aussi puissante scientifiquement et techniquement, on constate pourtant un recul considérable d’accès aux soins de base pour les sans-papiers, les étudiants-es précaires, et les plus pauvres d’entre nous. Géographiquement, sa désertion est aussi manifeste : la concentration des lieux de soins dans les grands pôles économiques et/ou touristiques laisse les habitant-es des régions rurales et des quartiers pauvres sans recours facile et rapide aux structures sanitaires.

Cette médecine n’est nulle part non plus car elle nous dépossède de notre pouvoir de décision, mais aussi de notre individualité. Elle favorise un discours d’expert, souvent technique, froid et pragmatique, qui ne laisse aucune place à la subjectivité et à l’autonomie. Elle accentue notre dépendance face aux pouvoirs scientifiques et industriels, en les érigeant comme seules autorités référentes en matière de soins. Les pratiques alternatives et autonomisantes sont systématiquement diabolisées (la chasse aux sorcières est toujours de mise, mais elle revêt maintenant un visage légaliste). Dans la société de consommation, le/la « bon-ne malade » est celle/celui qui accepte les décisions du/de la spécialiste et consomme tous les produits que celui/celle-ci lui impose.

Enfin, elle est encore nulle part, du fait de la méfiance d’une bonne partie de la population envers les institutions qui l’abrite. L’État et les industries qu’il soutient (voir, par exemple, les accointances entre industries nucléaires et pharmaceutiques et les organismes publics sensés les réguler) sont les principaux responsables des souffrances physiques et psychiques que nous subissons et dans le même temps les principaux gestionnaires des institutions de santé !!

Ce paradoxe cynique et insupportable ne peut que provoquer de la méfiance. Cette dernière est, selon nous, légitime mais à la fois inquiétante puisqu’elle amène la population à se désinvestir de ses problèmes de santé. Nous n’attendons aucune remise en question des dirigeants-es, mais refusons radicalement qu’ils continuent dans cette direction.

La meilleure défense, mieux que l’attaque, c’est l’autogestion !

C’est donc toute cette médecine que nous refusons ; et même si nous sommes solidaires des luttes en cours pour la sauvegarde de l’hôpital public, notre critique veut aller plus loin. En effet, c’est la globalité du système que nous voulons détruire. L’hôpital, même public, même gratuit, demeure un lieu où la dépendance aux pouvoirs médicaux et industriels reste totale

Nous revendiquons la réappropriation du savoir (médical et autre) par d’autres formes de transmissions, de prises de décision et de gestion : à la transmission verticale et autoritaire, nous préférons les partages et échanges horizontaux et égalitaires ; à une prise de décisions secrète et fermée, nous souhaitons des assemblées générales populaires et des débats se rapprochant du consensus ; aux gestions rentables et excluantes, nous voulons des gestions autonomes et libertaires.

À la volonté d’uniformiser nos corps et nos esprits, nous répondons que nous aimons nos disparités, nos rapports au monde différents, nos folies intérieures et extérieures. Que soigner, pour nous, c’est apaiser une personne en souffrance sans jamais l’amputer de son individualité et de sa capacité de décision. À une médecine protocolaire, nous revendiquons notre envie de trouver un langage commun pour parler notre rapport à la douleur, à la mort, au deuil, à la folie, à la guérison, à l’acte de soin…

Nous défendons ainsi coûte que coûte les pratiques auto-gestionnaires, favorisant la réappropriation globale de nos vies. Nous voulons ainsi susciter un maximum d’autonomie collective basée sur l’entraide et la solidarité, laissant le choix à chacun de s’investir comme il le veut/peut dans le collectif. Nous prenons ainsi comme exemple les libertaires d’Espagne de 1936, qui, auto-organisés-es, sont parvenus-es à auto-gérer dispensaires de soins, hôpitaux, cliniques, maternités et même industries pharmaceutiques ! Mais il s’agit pour nous de rendre un tel système pérenne qui ne réponde pas seulement aux éructations de l’histoire.

C’est dans ces perspectives que nous proposons donc ce collectif médecine libertaire, ouvert à tou-te-s. Pour rendre effectives nos réflexions et convictions nous organisons des projections, des discussions, des débats (autour d’une bouffe ou d’une projection)… Nous proposons aussi des ateliers plus pratiques (cueillette de plantes sauvages médicinales, initiation à l’Hypnose, formation street medic’…) ainsi que des rencontres autour d’une bouffe pour une prise en charge collective de problèmes en lien avec la médecine, faisant du sujet patient un-e acteur/trice de sa santé. Nous cherchons à nous inscrire dans des réflexions et des pratiques à long terme, ayant bien conscience que tout est a déconstruire, reconstruire, construire…

>> Pour nous contacter : mediccaen[at]riseup[point]net

 

Le réalisateur du film « Vade retro spermato » à Radio Zinzine

En février 2013, à l’occasion de projections de son film Vade retro spermato à Forcalquier et Reillanne (Alpes de haute Provence, organisation Agate, armoise et salamandre), Philippe Lignières est intervenu à Radio Zinzine. Une émission sur la contraception masculine (et surtout le « remonte-couilles toulousain ») à écouter ici :

Les essais de contraception masculine par la chaleur

Les essais de contraception masculine par la chaleur, par R. Mieusset

Centre de Stérilité Masculine, Médecine de la Reproduction, Hôpital Paule de Viguier, CHU de Toulouse, 330 avenue de Grande-Bretagne, TSA 70034, Toulouse cedex 9
Groupe de recherche en fertilité humaine (EA 3694), Université de Toulouse.

A ce jour, trois études d’efficacité contraceptive ont été réalisées dans lesquelles la méthode utilisée consistait à augmenter la température des testicules. Dans tous les cas, la température atteinte par les testicules restait inférieure à la température corporelle des individus ; le corollaire d’une telle méthode est la nécessité d’une utilisation quotidienne au moins pendant les heures d’éveil. Après avoir brièvement décrit les travaux préalables qui ont permis ces études, elles sont décrites dans le présent article en suivant l’année de publication.

Travaux antérieurs aux essais de contraception masculine par la chaleur

L’utilisation de la chaleur comme méthode de contraception masculine repose sur deux caractéristiques. La température des testicules est inférieure à celle du corps, et cette valeur plus basse de la température testiculaire est une condition nécessaire, mais non suffisante, à une spermatogenèse normale. Deux mécanismes contribuent à établir et maintenir ce bas niveau de température : un échange de chaleur à contre courant entre le sang artériel arrivant au testicule et le sang veineux quittant le testicule ; et le scrotum qui assure, entre autres, une basse température du sang veineux quittant le testicule par des transferts de chaleur du testicule vers l’extérieur. Ces mécanismes de thermorégulation du testicule sont cependant limités ; ils peuvent être débordés, par exemple en cas de forte élévation de la température ambiante ou corporelle (fièvre). Ces connaissances sont issues de nombreuses expérimentations chez l’animal et d’un plus petit nombre chez l’homme. Chez ce dernier, les données principales des travaux peuvent être résumées comme suit.
D’une part, la température des testicules qui permet une spermatogenèse normale est de 2 à 4°C inférieure à la température du corps [voir les revues (1-3)]. D’autre part, plusieurs études ont été menées pour évaluer l’effet sur la production de spermatozoïdes d’une augmentation de la température des testicules, selon trois approches.

Température corporelle

Une élévation induite de la température corporelle, une seule fois ou répétée (cabine de fièvreà 43°C, sauna à 77-90°C), a été réalisée dans trois études (4-6). Elles rapportent une diminution du nombre de spermatozoïdes retrouvés dans l’éjaculat entre les 1ère et 9ème semaines (sem) suivantes. Puis, dans tous les cas, survient une récupération aux valeurs de départ entre la 8ème et la 11ème sem après l’arrêt.

Température scrotale

Une élévation de forte intensité (38 à 46°C) de la température scrotale a été induite, pendant 30 minutes par jour une seule fois ou répétée, dans trois études (7-9). Elles montrent que la production de spermatozoïdes est réduite dans tous les cas, entre la 2nde et la 11ème sem selon les études, suivie d’une récupération entre la 9ème et la 13ème sem après l’arrêt. Une élévation de faible intensité (+ 0,8°C) de la température scrotale a été induite par isolation thermique du scrotum, pendant les heures d’éveil et répétée quotidiennement sur 6 à 10 semaines, dans une seule étude (10). Elle montre qu’une élévation de faible intensité de la température scrotale a le même effet sur la production quantitative de spermatozoïdes qu’une élévation de forte intensité de la température scrotale, à condition que la durée d’exposition soit suffisamment longue (16h/jour) et répétée quotidiennement (6 semaines au moins dans cette étude). Cette élévation de faible intensité de la température scrotale entraîne une chute de la production de spermatozoïdes de la 2nde à la 11ème sem et une récupération 11 sem aprèsl’arrêt. L’intensité de la chute est comparable à celle observée en cas d’exposition unique à une élévation de la température générale du corps de 3°C (4), mais supérieure à celles obtenues pour une élévation de la température corporelle d’environ 1°C, qu’elle soit uniquen(6) ou répétée (5). Enfin, en dehors de la réduction du nombre de spermatozoïdes, une élévation induite de la température entraîne aussi une réduction du pourcentage de spermatozoïdes mobiles (7) et une augmentation du pourcentage de spermatozoïdes de morphologie anormale (5-7). En résumé, la connaissance de la thermodépendance de la spermatogenèse chez l’homme apparaît en 1941 (4), et va être affirmée expérimentalement par les études menées principalement entre 1959 (7) et 1968 (11). Et certains auteurs concluaient déjà leurs travaux par la possibilité d’utiliser de cette élévation de la température comme méthode de contraception masculine (7,8,11)). Pourtant, la première publication rapportant l’effet contraceptif de la chaleur chez l’homme date de 1991. Tester l’efficacité contraceptive d’une augmentation de la température des testicules ou du scrotum arrive ainsi 25 ans après que des études aient démontré une réduction de la production de spermatozoïdes par une élévation
induite de la température des testicules.

Efficacité contraceptive de la ‘suspension’ des testicules

En 1991, Ahmed Shafik (12) rapporte la première étude d’efficacité contraceptive de la chaleur chez l’homme.

Rationnel

Dans une étude préalable chez le chien, les auteurs ont déplacé et fixé les testicules dans la poche inguinale superficielle pendant un an : 80% des chiens sont devenus azoospermes au bout d’un an, le taux de testostérone sanguine a chuté de façon significative et aucune femelle n’a été pleine. Trois mois après le rétablissement des testicules en position normale, les paramètres spermatiques et la testostérone sanguine se sont normalisés et les accouplements ont donnés lieux à des grossesses (12).

Matériel et Méthodes

Hommes : 28 volontaires (36-43ans) ayant tous eu des enfants (5 à 8) ; aucun problème de santé ; examen clinique normal. Bilan andrologique (hormones reproductives et paramètres spermatiques) normal.

Méthodes : l’auteur qualifie sa méthode de ‘suspension’ : les testicules sont déplacés du scrotum dans la poche inguinale superficielle. Les testicules sont maintenus 24h/jour pendant un an dans cette position par deux techniques différentes, la suspension par suture ou par balle. Un contrôle de la position des testicules est fait tous les 15 jours.

· suspension par suture (n = 15 hommes) : en ambulatoire et sous anesthésie locale, chacun des testicules est fixé chirurgicalement dans la poche inguinale superficielle correspondante par 2 ou 3 points entre peau et tunique du testicule (albuginée). Un suspensoir est porté pendant 3 semaines et les points enlevés 2 semaines après leur
pose. Au bout d’un an, la suspension est supprimée : en ambulatoire et sous anesthésie locale, une incision scrotale de 1 à 1,5 cm permet de disséquer les adhérences qui se
sont faites entre testicule et peau scrotale.

· suspension par balle (n = 13 hommes) : un suspensoir en tissu inextensible est réalisé : il comprend deux compartiments, chacun contenant une balle fixée au fond. Le suspensoir, ses compartiments et la taille des balles (correspondant à celle des testicules) sont spécifiquement adaptés à l’anatomie et au confort de chaque homme. Le suspensoir ainsi constitué est ensuite mis en place, ce qui entraîne un refoulement des testicules vers le col du scrotum ; les testicules sont alors manuellement glissés dans la poche inguinale superficielle par l’homme et maintenus dans cette localisation par les balles sous-jacentes. Chacun des hommes apprend comment mettre en place par lui-même ce système. Les examens de sperme sont réalisés tous les 15 jours pendant la période de suspension, puis mensuellement après l’arrêt de la suspension pendant un an ou jusqu’au retour à la normale. Les rapports sexuels ont été interdits pendant les 3 premiers mois de la suspension puis autorisés.

Résultats

Aucun homme n’est sorti de l’étude. Aucune complication n’est apparue au cours de l’étude. Toutefois, des douleurs testiculaires sont survenues pendant quelques jours après la fixation chirurgicale, et la technique de suspension par balle a été mieux tolérée que celle par fixation chirurgicale. En dehors des ces faits, aucune des deux techniques n’a induit un quelconque autre retentissement sur la santé, le confort, l’activité ou la sexualité des hommes. Aucun traumatisme scrotal n’est survenu au cours de l’année chez les hommes du groupe suspension chirurgicale. Durant l’année, les hommes du groupe suspension par balle ont utilisé 3 à 6 suspensoirs.

Concentration de spermatozoïdes

Pendant la période de suspension : la concentration de spermatozoïdes diminue graduellement à partir du 2ème au 3ème mois après le début de la suspension : à 3 mois, 14% des hommes ont entre 2 et 10 millions/ml et 86% entre 11 et 20 millions/ml; à 6 mois, 14% des hommes sont azoospermes, 36% ont entre 0 et 1 millions/ml et 50% entre 2 et 10 millions/ml. A la fin de la période de 12 mois de suspension, 19/28 hommes (68%) sont azoospermes (11/15 du groupe fixation chirurgicale, 8/13 du groupe suspension par balle) et 9/28 (32%) ont moins de 10 millions/ml (sans précision supplémentaire). La diminution de la concentration de spermatozoïdes est identique dans les deux groupes. Après l’arrêt de la suspension, la concentration de spermatozoïdes augmente peu à peu, de telle sorte qu’à 3 mois elle est de 10 à 20 millions/ml chez 10 hommes, de 21 à 40 millions/ml chez 12 et supérieure à 40 millions/ml chez les 6 derniers. A 6 mois après l’arrêt de la
suspension, 20 hommes (71%) ont entre 40 et 60 millions/ml et 8 plus de 60 millions/ml, ces valeurs à 6 mois se maintenant jusqu’à la fin des 12 mois de suivi après l’arrêt de la suspension. Il est à noter que l’augmentation de la concentration de spermatozoïdes survient plutôt et est significativement plus importante dans le groupe à suspension par balle que par fixation chirurgicale.

Mobilité des spermatozoïdes

Pendant la période de suspension, le pourcentage de spermatozoïdes mobiles, supérieur à 70% au départ (normale définie dans cette étude), est diminué : il est de 22 à 36% à 3 mois et de 8 à 18% à la fin des 12 mois de suspension. La diminution de ce pourcentage semble de moindre importance dans le groupe à suspension par balle. Après l’arrêt de la suspension, le pourcentage de spermatozoïdes mobiles augmente progressivement et revient à la valeur de départ à 3 mois pour 18 hommes (64%), à 6 mois pour 8 (29%) et à 9 mois pour les 2 derniers (7%). La récupération d’un pourcentage normalde spermatozoïdes mobiles semble survenir plus rapidement dans le groupe à suspension par balle que par fixation chirurgicale.

Morphologie des spermatozoïdes

Un pourcentage normal de spermatozoïdes de forme normale est défini comme inférieur à 40% de spermatozoïdes de formes anormales. Le pourcentage de spermatozoïdes de formes anormales augmente à partir de la 4ème semaine de suspension : il est de 66 à 78% à 3 mois etde 83 à 92% à la fin des 12 mois de suspension.Après l’arrêt de la suspension, ce pourcentage diminue peu à peu et tous les hommes retrouvent un pourcentage normal de spermatozoïdes de forme normale à 6 mois.

Grossesse

Pendant la période de port du suspensoir, les rapports sexuels ont été autorisés 3 mois après le début de la suspension chez l’homme. Des tests mensuels de grossesse ont alors été réalisés jusqu’à la fin de la période de port du suspensoir : aucune grossesse n’est survenue pendant les 9 derniers mois de la période de suspension. Après l’arrêt du port du suspensoir, 19 femmes ont acceptées d’être enceintes, 11 dont l’homme appartient au groupe à suspension par fixation chirurgicale et 8 au groupe par balle. Des tests mensuels de grossesse ont été réalisés et arrêtés quand la grossesse a été obtenue ; une surveillance clinique et échographique mensuelle a ensuite été faite pour dépister toute anomalie du développement foetal. Après l’accouchement, les nouveaux-nés ont subis un examen clinique et échographique pour les mêmes raisons. Les 19 femmes ont été enceintes : 6 dans les 4 à 6 mois après arrêt de la suspension (2 du groupe à suspension par fixation chirurgicale et 4 du groupe par balle), et 13 dans les 7 à 14 mois après arrêt de la suspension. Les grossesses sont survenues plus rapidement dans le groupe à suspension par balle que par fixation chirurgicale. Aucune anomalie échographique n’a été dépistée au cours des grossesses. Aucune malformation n’a été retrouvée après la naissance. Il n’y a eu aucune fausse-couche spontanée.

Autres paramètres

Volume des testicules. Pendant la période de port du suspensoir, le volume testiculaire moyen est diminué d’environ 20% à 6 mois et d’environ 37% à 12 mois. Après l’arrêt de la suspension, le volume augmente graduellement pour atteindre, à 12 mois, 88 à 100% du volume avant suspension.

Hormones reproductives. A partie du 3ème mois de suspension, les taux sanguins sont significativement diminués pour la testostérone, augmentés pour la prolactine, et non modifiés pour FSH et LH par rapport aux taux avant suspension, sans différence entre les deux modes de suspension. Après arrêt de la suspension, tous les taux hormonaux sont normalisés au 3ème mois et le restent au 12ème mois.

Résumé des effets en termes de spermatogenèse et de grossesse

Cette méthode de suspension nuit et jour en continu pendant 12 mois, montre qu’à 12 mois 68% des hommes sont devenus azoospermes et 32% présentent une oligo-athénospermie sévère (moins de 10 millions/ml, sans précision supplémentaire ; 8 à 18% de spermatozoïdes mobiles), associée à une augmentation marquée du pourcentage de spermatozoïdes de formes anormales. Sont associées à cette altération de la spermatogenèse une réduction de 37% du volume testiculaire à 12 mois, ainsi qu’une diminution de la testostéronémie et une augmentation de la prolactinémie dès le 3ème mois. Après arrêt de la suspension, tous les hommes ont retrouvés des valeurs normales de la concentration de spz/ml au 6ème mois (supérieures à 40 millions/ml); aucune donnée précise ne permet de savoir à quel moment les hommes retrouvent leur valeur de départ. Le pourcentage de spermatozoïdes mobiles revient à sa valeur de départ entre 3 (64% des hommes) et 9 mois (7%). Tous les hommes retrouvent un pourcentage normal de spermatozoïdes de forme normale à 6 mois. A 12 mois, le volume testiculaire atteint 88 à 100% de sa valeur avant suspension. Tous les taux hormonaux sont normalisés au 3ème mois et le restent au 12ème mois. Aucune grossesse n’est survenue chez les partenaires des 28 hommes exposées au risque de grossesse à partir du 3ème mois de la période de suspension, soit pendant 252 cycles. Après l’arrêt de la suspension, une grossesse souhaitée chez 19 des 28 couples est survenue chez un tiers des femmes dans les 4 à 6 mois et dans les 7 à 14 mois chez les autres. Aucune fausse couche spontanée n’est survenue, tous les enfants sont nés vivants et aucune anomalie n’a été constatée.

Efficacité contraceptive du port d’un sous-vêtement constitué en partie de polyester

En 1992, Ahmed Shafik publie une seconde étude sur l’efficacité contraceptive de la chaleur, en utilisant une technique particulière d’isolation scrotale (13).

Rationnel

Des études chez le chien ont monté que le port d’un sous-vêtement en polyester induisait une réduction de la concentration de spermatozoïdes qui était réversible après l’arrêt du port de ce type de sous-vêtement. Aucun effet n’a été observé chez les chiens portant un sous-vêtement en coton (13). Chez l’homme, le port d’un sous-vêtement fait d’un tissu en polyester génère des charges électrostatiques qui créent un ‘champ électrostatique’ qui traverse le scrotum et semble affecter les testicules et/ou les épididymes. Dans une étude sur 18 mois incluant 33 hommes, les résultats sont les suivants :

· Chez les 11 hommes portant un sous-vêtement en polyester, quatre ont eu une diminution de la concentration de spermatozoïdes au 14ème mois, avec un retour à la
normale après arrêt du port du sous-vêtement.
· Chez les 11 hommes portant un sous-vêtement en coton et polyester, un seul a eu une diminution de la concentration de spermatozoïdes au 16ème mois, avec un retour à la normale après arrêt du port du sous-vêtement.
· Chez les 11 hommes portant un sous-vêtement en coton, aucune modification de la concentration de spermatozoïdes n’est survenue.

L’auteur conclut de ces études préliminaires que le sous-vêtement en polyester induit une diminution de la spermatogenèse (13).

Matériel et Méthodes

Hommes : 14 volontaires (32-47ans) ayant tous eu des enfants (3 à 7) ; aucun problème de santé ; examen clinique normal. Bilan andrologique (hormones reproductives et paramètres spermatiques) normal.
Méthode : un suspensoir en polyester est confectionné spécifiquement à l’anatomie de chacun des hommes. Mis en place, le suspensoir renferme le scrotum ; le suspensoir est fixé à une ceinture ; la ceinture est positionnée de telle sorte que les testicules soient tirés vers le haut et ainsi rapprochés de l’abdomen. Le pénis est à l’extérieur du suspensoir. Chacun des hommes apprend comment mettre en place par lui-même ce système. Le suspensoir est porté nuit et jour en continu pendant 12 mois. Pendant la période du port du suspensoir, les examens de sperme sont réalisés tous les 15 jours. Les partenaires de ces hommes arrêtent toute contraception après qu’une azoospermie ait été constatée sur 3 examens de sperme successifs. Après l’arrêt du port du suspensoir, les examens de sperme sont mensuels pendant un an ou jusqu’au retour à la normale.

Résultats

Aucun homme n’est sorti de l’étude. Aucune complication ou réaction n’est survenue pendant le port du sous-vêtement.
Sperme : tous les hommes sont devenus azoospermes. Le troisième examen de sperme azoospermique est survenu entre 120 et 160 jours après le début du port du suspensoir. L’azoospermie perdure ensuite jusqu’à la fin de la période de port du suspensoir. Après l’arrêt du port du suspensoir, la concentration de spermatozoïdes revient à la normale (supérieure à 20 millions/ml) chez tous les hommes en 90 à 120 jours, et les valeurs de départ sont
retrouvées en 140 à 170 jours.
Grossesse : aucune grossesse n’est survenue pendant la période de port du suspensoir. Après l’arrêt du port du suspensoir, une grossesse souhaitée chez cinq des 14 couples est survenue avec 4 enfants nés vivants et une fausse-couche spontanée.
Autres paramètres : le volume testiculaire moyen est diminué d’environ 15% à 3 mois de port du suspensoir ; la récupération d’un volume testiculaire identique à celui de départ est observé entre 75 et 135 jours après l’arrêt du suspensoir. Aucune modification des taux sanguins des hormones reproductives (FSH, LH, testostérone) n’a été retrouvée quelle que soit la période.

Résumé des effets en termes de spermatogenèse et de grossesse

Pendant la période du port du suspensoir, nuit et jour en continu pendant 12 mois, tous les hommes sont devenus azoospermes. La contraception a été définie comme l’existence d’une azoospermie sur 3 examens de sperme successifs (à 15 jours d’intervalle). Ceci survient en 120 à 160 jours après le début et perdure ensuite jusqu’à la fin de la période de port du suspensoir. Après l’arrêt du port du suspensoir, la concentration de spermatozoïdes revient à la normale (supérieure à 20 millions/ml) chez tous les hommes en 90 à 120 jours, et les valeurs de départ sont retrouvées en 140 à 170 jours. La baisse d’environ 15% du volume testiculaire moyen observée après 3 mois de suspensoir est récupérée en 75 à 135 jours après l’arrêt du port. Aucune grossesse n’est survenue chez les partenaires des 14 hommes pendant les 126 cycles d’exposition. Une grossesse souhaitée chez cinq des 14 couples est survenue chez tous avec 4 enfants nés vivants et une fausse-couche spontanée.

Efficacité contraceptive de la remontée des testicules pendant les heures d’éveil

En 1994, Mieusset et Bujan (14) rapportent l’efficacité contraceptive de la remontée manuelle des testicules pendant les heures d’éveil (diurne). La technique employée consiste en l’induction d’une élévation de la température des testicules et des épididymes, sans augmentation de la température du scrotum, en utilisant la température du corps comme source de chaleur.

Rationnel

Chez l’homme l’induction d’une élévation de la température du corps ou du scrotum entraîne une réduction de la production de spermatozoïdes et leur mobilité. Le but recherché était une technique d’utilisation suffisamment souple pour ne pas interférer sur la vie quotidienne des utilisateurs. L’élévation de la température corporelle (4-6) fut exclue, de même l’élévation de forte intensité de la température scrotale (7,8). Le choix se porta plutôt sur une élévation de faible intensité de la température, mais maintenue sur une longue durée quotidienne et répétée chaque jour, comme dans l’étude d’isolation thermique du scrotum de Robinson & Rock (10) dans laquelle les auteurs concluaient qu’une élévation de 1°C de la température scrotale pourrait être utilisée comme méthode de contraception masculine. Toutefois, cette faible
élévation de la température scrotale (+ 0,8°C) par isolation du scrotum avait un effet inhibiteur sur la production de spermatozoïdes qui dépassait difficilement 80% au bout de 10 semaines d’utilisation. Avoir un effet inhibiteur plus important nécessitait une augmentation plus importante de la température scrotale, ce qui nécessitait une source de chaleur extérieure. Cependant, chez différentes espèces animales, deux expérimentations princeps avaient démontré la thermodépendance de la spermatogenèse: dans la première, une cryptorchidie est induite chirurgicalement chez un animal adulte dont les testicules étaient normalement descendus dans le scrotum à la naissance ; cette cryptorchidie artificielle entraînait une altération de la spermatogenèse, avec un retour à une spermatogenèse normale après avoir remis les testicules dans le scrotum (15). Dans la seconde expérimentation, le refroidissement local des testicules congénitalement cryptorchides permet une spermatogenèse normale (16). Par ailleurs, une étude chez l’homme (17) rapportait que la température du canal inguinal chez l’homme était supérieure à celle de la cavité scrotale dans laquelle sont normalement les testicules. De ces données et des discussions qui eurent lieu au début des années 1980 dans un groupe d’hommes en recherche d’une contraception masculine (GARCOM) autre que le retrait et le préservatif, est née une méthode caractérisée par l’utilisation du corps comme source de chaleur pour élever la température des testicules en amenant ces derniers du scrotum à proximité de l’orifice externe du canal inguinal. Différents noms furent attribués à cette méthode : ‘remonte-couilles toulousain’, ‘slip chauffant’, ‘cryptorchide artificielle’. Pour enrichir ces expressions imagées, nous le nommerons plus physiologiquement dans le présent article ‘remontée des testicules’. En effet,chaque testicule est ‘remonté’ manuellement du scrotum à la racine de la verge, près de l’orifice externe du canal inguinal ; les testicules sont maintenus dans cette position pendant les heures d’éveil, au moyen de différentes techniques qui seront évoqués plus loin. Dans une première étape, une expérimentation a été réalisée par les hommes du Groupe d’Action et de Recherche en Contraception Masculine (GARCOM), puis avec d’autres volontaires ensuite, pour évaluer l’effet de cette technique sur la spermatogenèse. Plusieurs publications ont été faites sur ces travaux (18-20) dont les résultats ont montré une inhibition de la spermatogenèse jugée suffisante pour qu’un certains nombre de ces hommes se lancent dans une utilisation contraceptive. Hormis un financement de l’auteur par l’INSERM (CRE Inserm 854017), cette étude a été rendue possible par la prise en charge des coûts des analyses de sperme par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de la Haute Garonne, séduite par le projet. Ces hommes du GARCOM constituèrent les premiers volontaires pour tester l’effet d’une telle méthode sur la spermatogenèse, puis pour un nombre plus restreint de poursuivre par une évaluation contraceptive dont les résultats publiés (14) ainsi que des données non publiées sont rapportés ci-après.

Matériel et Méthodes

Hommes : 9 hommes volontaires (23-34 ans) dont 3 ont eu au moins un enfant, 5 un antécédent d’interruption volontaire de grossesse, et le dernier ni l’un ni l’autre ; aucun
problème de santé ; examen clinique normal. Paramètres spermatiques dans la normale.
Méthodes : chaque testicule est ‘remonté’ manuellement du scrotum à la racine de la verge, près de l’orifice externe du canal inguinal. L’élévation de la température des testicules amenés à la racine de la verge (près de l’orifice externe du canal inguinal) est estimée être d’environ 1,5-2°C, comme décrit par Kitayama (17) et confirmé ensuite par Shafik (12) qui rapporte une augmentation moyenne de 1,8 °C de la température des testicules après la remontée des testicules par rapport à leur position scrotale. Les testicules sont maintenus dans cette position pendant les heures d’éveil, soit 15 h/j, sur des durées allant de 7 à 49 mois. Le maintien des testicules dans leur localisation à la racine de la verge est obtenu au moyen de deux techniques.

· Technique 1 (n = 3 hommes) : le maintien des testicules est assuré au moyen d’un sous-vêtement ajusté en coton, dans lequel un orifice est créé au niveau de la racine de la verge. Par cet orifice, l’homme fait passer sa verge puis la peau scrotale, ce qui amène une ascension des testicules dans la position souhaitée. Chacun des hommes apprend comment mettre en place par lui-même ce système. Ce groupe fait partie des 14 hommes volontaires d’une première expérimentation sur 6 à 12 mois ; cette technique induit une réduction du nombre, de la mobilité et des formes normales des spermatozoïdes : entre le 6ème et le 12ème mois, la concentration moyenne de
spermatozoïdes est comprise entre 3 et 10 millions/ml et la concentration moyenne de spermatozoïdes mobiles entre 1 et 3 millions/ml (18,19).
· Technique 2 (n = 6 hommes) : comme la technique 1 n’assurait pas le maintien constant des testicules dans la localisation souhaitée chez tous les hommes, et ne permettait pas de réduire la concentration et la mobilité des spermatozoïdes à des valeurs compatibles avec une contraception masculine, un anneau de caoutchouc souple a soit été rajouté autour de l’orifice du sous-vêtement, soit porté seul au moyen de bandelettes de fixation. Chacun des hommes apprend comment mettre en place par lui-même ce système adapté à l’anatomie de chacun. Ce groupe fait partie des 6 hommes volontaires d’une deuxième expérimentation sur 6 à 24 mois ; cette seconde technique a un effet plus marqué sur la spermatogenèse que la technique 1, avec une réduction moyenne du nombre total de spermatozoïdes mobiles d’au moins 97% après 2 mois : après le 3ème mois, la concentration moyenne de spermatozoïdes mobiles est inférieure ou égale à 1 millions/ml (20).

Les examens de sperme sont mensuels. Les partenaires de ces hommes arrêtent toute contraception après qu’une concentration de spermatozoïdes mobiles inférieure à 1 million/ml ait été constatée sur 2 examens de sperme successifs réalisés à 3 semaines d’intervalle. Après l’arrêt de la remontée des testicules, les examens de sperme sont mensuels jusqu’au retour à la normale. Aucune donnée n’est rapportée dans l’étude concernant les hormones reproductives. Le volume testiculaire est calculé à partir des mesures réalisées au pied à coulisse.

Résultats

Deux hommes sont sortis de l’étude pour des raisons précisées plus loin. Aucune autre complication ou réaction n’est survenue pendant l’étude. Aucune modification de la libido ou de la sexualité n’a été rapportée. Les volumes testiculaires sont réduits en moyenne de 30% (25-40%) à la fin de la période de remontée des testicules, et reviennent à leur valeur initiale dans les 6 à 12 mois après l’arrêt de la période contraceptive.
Sperme
Les résultats sont exprimés en concentration de spermatozoïdes mobiles par ml (concentration de spermatozoïdes/ml multipliée par le pourcentage de spermatozoïdes mobiles).
Technique 1
La période contraceptive a débuté en moyenne 11 mois (7 à 15 mois) après le début du chauffage pour les 3 hommes. La durée de la période contraceptive a été respectivement de 5, 27 et 8 mois. Pendant cette période contraceptive, la concentration de spermatozoïdes mobiles a été en moyenne de 1,87 millions/ml (extrêmes : 0 à 7,4) ; une concentration de spermatozoïdes mobiles inférieure à 1 million/ml a été observée sur 41% des examens de sperme réalisés et aucune azoospermie n’a été observée. Après l’arrêt de la remontée des testicules, la concentration moyenne de spermatozoïdes mobiles était de 51,2 ± 39,5 millions entre 0 et 6 mois et de 98,7 ± 39,7 millions entre 7 et 18 mois, pour 50,2 ± 10 millions avant le chauffage.
Technique 2
La période contraceptive a débuté en moyenne 3,5 mois après le début du chauffage (2 à 3 mois pour 5 des hommes, 9 mois pour le sixième). La durée de la période contraceptive a été de 4 à 46 mois. Pendant cette période, la concentration moyenne de spermatozoïdes mobiles a été de 0,12 millions/ml (extrêmes : 0 à 1,6). Sur la totalité des examens de sperme réalisés, une azoospermie a été observée sur 11,3% des examens et une concentration de spermatozoïdes mobiles/ml inférieure à 1 million sur 86,4%. Après l’arrêt de la remontée des testicules, la concentration moyenne de spermatozoïdes mobiles était de 26,5 ± 19 millions/ml entre 0 et 6 mois et de 36,3 ± 19,4 millions/ml entre 7 et 18 mois, pour 40,2 ± 11,8 millions/ml avant le chauffage.
Grossesse
Technique 1. La durée de la période contraceptive a été de 42 cycles (respectivement 8, 6 et 28). Aucune grossesse n’est survenue chez deux des trois couples. Une grossesse non désirée est survenue chez le troisième couple : l’homme a arrêté de remonter ses testicules pendant 7 semaines (semaines 42 à 48) puis a recommencé. Le premier cycle d’utilisation contraceptive a eu lieu entre les semaines 61-63 de chauffage avec une concentration de 0,04 (sem 61) et 0,7 millions de spermatozoïdes mobiles/ml (sem 63). La grossesse est survenue au deuxième cycle d’exposition (sem 65-66) avec une concentration de 19,3 (sem 68) et 10,4 millions de spermatozoïdes mobiles/ml (sem 71). Une nouvelle période de contraception a été débutée à distance (sem 76) d’une interruption volontaire de la grossesse. L’indice de Pearl (nombre de grossesse divisé par le nombre de cycles d’exposition multiplié par 1200 pour obtenir le taux de grossesse pour 100 années) est de 1/42 x 1200 = 28,6 pour 100 années (IC 95% = 0,7-
159,2).
Technique 2. La durée de la période contraceptive a été de 117 cycles féminins (extrêmes 4- 46). Un couple a arrêté la période de contraception au 6ème cycle d’exposition en raison d’un déménagement professionnel dans une région sans possibilité d’examen de sperme. Un second couple a été arrêté 4ème cycle d’exposition en raison de la persistance d’une azoospermie chez l’homme. Les durées respectives d’exposition ont été respectivement de 13, 18, 30 et 46 cycles féminins pour les 4 autres couples. Aucune grossesse n’est survenue. L’indice de Pearl est de 0,0 pour 100 années (IC 95% = 0,0-37,8). Pour les deux techniques, tous les couples qui ont par la suite souhaité une grossesse l’ont obtenue, et aucune fausse-couche n’est survenue.

Résumé des effets en termes de spermatogenèse et de grossesse

Dans cette étude, une élévation de 1,5 à 2°C de la température des testicules, et non pas du scrotum, est induite 15h/jour en remontant et maintenant les testicules au niveau de la racine de la verge au moyen de deux techniques. La valeur contraceptive du sperme a été définie comme l’existence d’une concentration de spermatozoïdes mobiles inférieure à 1 million/ml sur 2 examens successifs de sperme à 3 semaines d’intervalle. Ce seuil est atteint beaucoup plus rapidement pour la technique 2 – en moyenne 3,5 mois (2-9) – que pour la technique 1 – en moyenne 11 mois (7-15) – après le début du chauffage ; il est à noter que 97,7% des examens de sperme étaient azoospermiques ou avec moins de 1 million de spermatozoïdes mobiles/ml avec la technique 2. Quelle que soit la technique, les valeurs restent ensuite inférieures à ce seuil jusqu’à la fin de la période de remontée des testicules ; mais à condition de respecter une pratique quotidienne, comme le montre l’augmentation de la concentration de spermatozoïdes mobiles chez l’homme ayant arrêté de remonter ses testicules pendant 7 semaines, arrêt responsable de la survenue d’une grossesse non désirée avec la technique 1. Aucune grossesse n’est survenue chez les partenaires de 8 autres hommes. Après l’arrêt de la remontée des testicules, la concentration de spermatozoïdes mobiles revient aux valeurs de départ dans les 6 mois pour la technique 1 et dans les 7 à 18 mois pour la technique 2. Cette durée prise pour récupérer peut paraître longue ; mais cette étude de l’effet contraceptif n’est que la partie terminale d’une étude plus longue de l’effet de la remontée des testicules sur la spermatogenèse : ainsi, les hommes de la technique 1 ont eu une durée de remontée des testicules de 24 à 38 mois, ceux de la technique 2 de 7 à 49 mois. Enfin, Pour les deux techniques, tous les couples ayant par la suite souhaité une grossesse l’ont obtenue, et aucune fausse-couche spontanée n’est survenue.

Remarques

S’il peut paraître surprenant que l’un des couples ait été arrêté lors de l’évaluation del’efficacité contraceptive en raison de la persistance d’une azoospermie, il est important de garder en mémoire que dans la période où l’évaluation a été réalisée – entre 1982 et 1987, lesrésultats ayant tardé à être publiés (1994) – aucune étude utilisant la chaleur sous quelque forme que ce soit n’avait obtenu d’azoospermie permanente. Le principe de précaution avait alors été appliqué. Par ailleurs, la technique 2 donnait de meilleurs résultats que la technique 1 dans cette étude publiée en 1994. Toutefois, dans une récente étude (2010-2011), une technique de remontée des testicules identique à celle de la technique 1, mais avec une modification du sous-vêtement mise au point pour permettre un meilleur maintien des testicules en position remontée, a été utilisée chez 5 hommes volontaires en bonne santé. Cette modification permet d’atteindre le seuil contraceptif (moins de 1 million de spermatozoïdes mobiles/ml) en 2 à 3 mois (21).

Synthèse générale

En terme d’efficacité contraceptive, l’utilisation d’une élévation modérée de la température testiculaire par la remontée des testicules (12,14) ou par isolation thermique du scrotum au moyen d’un suspensoir en coton et polyester (13) peut être résumée comme suit :
· Shafik 1991 (12) : 28 couples, 252 cycles d’exposition à la grossesse : 0 grossesse.
· Shafik 1992 (13): 9 couples, 126 cycles d’exposition à la grossesse : 0 grossesse.
· Mieusset & Bujan 1994 (14): 9 couples, 159 cycles d’exposition à la grossesse : 1 grossesse, qui fut consécutive à une mauvaise utilisation de la méthode, comme il arrive dans la vraie vie pour toute méthode de contraception, qu’elle soit masculine ou féminine. Si l’on exclut le cycle ayant donné lieu à la grossesse, tout en gardant ce couple qui a repris ensuite la technique de remontée des testicules comme unique contraception de couple, il n’y a eu aucune grossesse sur 158 cycles d’exposition. Ces trois études ne sont bien sur que des études préliminaires, portant sur des effectifs limités (46 couples au total), mais leur objectif principal était de démontrer qu’une contraception de couple pouvait être assurée par l’homme au moyen d’une légère augmentation de la température testiculaire, ou scrotale dans la cas d’isolation avec un tissu comprenant du
polyester. Les hommes de ces trois études étaient tous des volontaires non rémunérés et demandeurs d’une contraception masculine, ce qui peut expliquer le très faible taux de désagréments rapportés avec de telles techniques. Ces trois études ne constituent pas une évaluation de l’acceptabilité de la méthode par la chaleur. Il est bien évident qu’une telle manipulation des testicules peut ‘effrayer’ certains hommes, tout comme une méthode de contraception hormonale masculine peut en ‘effrayer’ d’autres. Mais la méthode de contraception par la chaleur peut être – et elle l’est dans notre pratique – proposée à tout homme demandeur d’une contraception masculine.

Remerciements
Mes remerciements aux membres du GARCOM : ils ont créé les différentes techniques de remontée des testicules, et ont été les premiers à être volontaires pour évaluer les effets de ces techniques sur la spermatogenèse puis leur effet contraceptif ; et à Pierre Jouannet, qui a soutenu et encouragé cette recherche. Je dédie ce travail à Geoffrey Waites, qui fut le pionnier, et l’un des rares a oser développer une véritable recherche en contraception masculine à l’OMS.

Références
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3. Setchell BP (1998) The Parkes Lecture. Heat and the testis. J Reprod Fertil 114: 179-94
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5. Procope BJ (1965) Effect of repeated increase of body temperature on human sperm cells. Int J Fertil 10:333-9
6. Brown-Woodman PDC, Post EJ, Gasc GC, White IG (1984) The effect of a single sauna exposure on spermatozoa. Arch Androl 12:9-15
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9. French J, Leeb CS, Fabrion SL, et al (1973) Self-induced intrascrotal hyperthermia in man followed by decrease in sperm count. A preliminary report. Andrologie 5: 201-5
10. Robinson D, Rock J (1967) Intrascrotal hyperthermia induced by scrotal insulation: effect on spermatogenesis. Obstet Gynec 2:217-23
11. Robinson D, Rock J, Menkin MF (1968) Control of human spermatogenesis by induced changes of intrascrotal temperature. J Am Med Ass 204:80-7
12. Shafik A (1991) Testicular suspension as a method of male contraception: technique and results. Adv Contr Deliv Syst VII: 269-79
13. Shafik A (1992) Contraceptive efficacy of polyester-induced azoospermia in normal men. Contraception 45: 439-51
14. Mieusset R, Bujan L (1994) The potential of mild testicular heating as a safe, effective and reversible contraceptive method for men. Int J Androl 17: 186-91
15. Fukui N (1923) Action of body temperature on the testicle. Japan Med World 3:160-7
16. Frankenhuis MT, Wensing CJG (1979) Induction of spermatogenesis in the naturally cryptorchid pig. Fertil Steril 31:428-33
17. Kitayama T (1965) Study on testicular temperature in man. Acta Urol Jap 11: 435-7
18. Mieusset R, Grandjean H, Mansat A, Pontonnier F (1985) Inhibiting effect of artificial cryptorchidism on spermatogenesis. Fertil Steril 43: 589-94
19. Mieusset R, Bujan L, Mansat A, et al (1987a) Effect of artificial cryptorchidism on sperm morphology. Fertil Steril 47: 150-5
20. Mieusset R, Bujan L, Mansat A, et al (1987b) Hyperthermia and human spermatogenesis: enhancement of the inhibitory effect obtained by ‘artificial cryptorchidism’. Int J Androl 10: 571-80
21. Ahmad G, Moinard N, Lamare C, et al (2012) Mild testicular and epididymal hyperthermia alters sperm chromatin integrity in men. Fertil Steril in press

Brustkrebs : Der Krebs, die Hoffnung und die Gier

Brustkrebs

Der Krebs, die Hoffnung und die Gier

Seit Angelina Jolie sich vorbeugend beide Brüste hat amputieren lassen, fürchten viele Frauen die Macht der Gene. Doch die beginnt zu bröckeln, sobald man genauer hinschaut.

Von Torsten Engelbrecht

 

Angelina Jolie 2013 in London: Als sich die Schauspielerin ihre Brüste amputieren liess, schnellte der Aktienkurs von Myriad Genetics in die Höhe. Foto: Neil Hall, Reuters

Brustkrebs ist die häufigste Krebsart in den westlichen Industrieländern. In der Schweiz erkranken jedes Jahr rund 5500 Frauen am Mammakarzinom, 1400 sterben daran. Entsprechend gross sind die Ängste, die mit Brustkrebs verbunden sind. Und entsprechend empfänglich sind Frauen dafür, ihre Brüste mit einer Mammografie untersuchen oder sich auf eine Mutation im Gen BRCA testen zu lassen. BRCA wird gern als Brustkrebsgen bezeichnet. In den USA hat sich die Zahl der Frauen, die sich aufgrund einer diagnostizierten BRCA-Mutation vorsorglich beide Brüste haben amputieren lassen, zwischen 1998 und 2007 verzehnfacht. Prominentestes Beispiel unter ihnen ist die US-Schauspielerin Angelina Jolie.

Doch bestehen berechtigte Zweifel, dass Mammografie und genetische Tests in der Weise angezeigt sind, wie sie propagiert werden. So hat das unabhängige Fachgremium Swiss Medical Board die internationale Fachliteratur zur Mammografie ausgewertet und kommt in der kürzlich im «New England Journal of Medicine» («NEJM») publizierten Studie zu einem klaren Schluss: Das systematische Mammografie-Screening muss gestoppt werden, weil der Schaden den Nutzen klar überwiegt und es zudem unverhältnismässig hohe Kosten verursacht.

Ein Screening könne zwar dazu beitragen, Tumore in einem früheren Stadium zu entdecken, sodass auf tausend Frauen, die regelmässig gescreent werden, ein bis zwei Todesfälle verhindert werden könnten. Doch gerade weil eine Mammografie auch kleinste Veränderungen entdeckt, werden diese schnell zu Unrecht als zu behandelnder Krebs interpretiert: «Pro tausend Mammografien kommt es zu rund hundert Fehlbefunden, die dann nicht nur zu entsprechend unnötigen Behandlungen wie Bestrahlungen, Chemotherapie und Operationen führen können, sondern die Betroffenen auch psychisch stark belasten», so Nikola Biller-Andorno, Koautorin der Studie. Allein die Diagnose Krebs zu erhalten, kann nachweislich das Risiko für einen Suizid wie auch für einen Tod durch Herz-Kreislauf-Zusammenbruch erhöhen.

Big Screenings

«Die Untersuchung aus der Schweiz muss man sehr, sehr ernst nehmen», sagt Frank Ulrich Montgomery, Präsident der deutschen Bundesärztekammer. Die Krebsliga Schweiz hingegen hält dem Swiss Medical Board entgegen, die Studienauswertung überzeuge weder inhaltlich noch methodisch. Auch Beat Thürlimann vom Brustkrebszentrum St. Gallen spricht von «klaren methodischen Mängeln». Unter anderem kritisiert er, das Datenmaterial der ausgewerteten Arbeiten über den Nutzen der Mammografie stamme aus den achtziger Jahren und sei deshalb zu alt.

Doch genau dieser Umstand dürfte bedeuten, dass die Auswertung des Swiss Medical Board den durch die Mammografie verursachten Schaden sogar noch merklich unterschätzt. Das hängt mit der modernen Mammografie-apparatur zusammen. «Neuere Geräte, die noch empfindlicher sind, verstärken möglicherweise das Problem der Überdiagnose massgeblich», so der Berner Präventivmediziner Peter Jüni, Mitautor der «NEJM»-Studie. Auch harmlose, langsam wachsende Brusttumore, die in vielen Fällen nie eine Bedrohung dargestellt hätten, werden als gefährlich eingestuft. Schätzungen zufolge wird mittlerweile jede dritte bis zweite Veränderung, die mit einer Mammografie entdeckt wird, fälschlicherweise als gefährlicher Krebs eingestuft – deutlich häufiger als noch in den achtziger Jahren.

Frauen sollten auf jeden Fall über die mit einer Mammografie verbundenen Risiken aufgeklärt werden – inklusive darüber, dass die Geräte potenziell krebserregende Röntgenstrahlung aussenden. Ein solches Gespräch müsse freilich, so die deutsche Gesundheitsforscherin Ingrid Mühlhauser, dem Besuch im Screeningzentrum vorausgehen und davon getrennt werden. «Zentren beziehungsweise Ärzte, die Interesse an einer hohen Teilnahme der Frauen am Screening haben, können eine unabhängige Beratung kaum leisten.»

Big Money

«Screening ist nur ein Teil der Antwort auf Brustkrebs», schreibt der US-Mediziner Russel Harris Mitte Juni im Fachblatt «Annals of Internal Medicine». Es werde Zeit, die Aufmerksamkeit weg von der Mammografie und viel stärker auf die Veränderung unseres Lebensstils zu lenken. «Übergewichtige Frauen – und vor allem Frauen, die nach ihrer Menopause zunehmen – haben eine höhere Wahrscheinlichkeit, dass bei ihnen Brustkrebs diagnostiziert wird», so Harris, «und körperlich aktive Frauen haben eine geringere Wahrscheinlichkeit als Frauen, die sich im Alltag wenig bewegen. Wir sollten daher anfangen, Faktoren wie Gewichtskontrolle und sportliche Aktivität nicht nur mit Herz-Kreislauf-Krankheiten in Verbindung zu bringen, sondern auch mit Brustkrebs.»

Das ist nicht neu, findet aber nach wie vor wenig Beachtung. Eine mögliche Erklärung dafür sind finanzielle Interessen – immerhin werden mit Mammografien viele Millionen umgesetzt, während mit Empfehlungen, mehr Sport zu treiben oder abzunehmen, kaum Geld zu verdienen ist. «Die augenblickliche Begeisterung für Screening beruht mehr auf Angst, falschen Hoffnungen und Gier als auf wissenschaftlichen Beweisen», stellte die damalige medizinische Leiterin der kanadischen Mammografie-Screening-Studien bereits 2005 fest.

Um viel Geld geht es auch bei den genetischen Tests, mit denen sich BRCA-Mutationen feststellen lassen. In Europa kostet so ein Test zwischen 3000 und weit über 10 000 Euro – je nachdem, wie viele Genabschnitte überprüft werden. Daran verdienen Firmen wie Myriad Genetics aus den USA, die als Erste mit einem BRCA-Test auf den Markt kam. Bei Myriad Genetics liess sich übrigens auch Angelina Jolie untersuchen. Kaum hatte die US-Schauspielerin im Mai 2013 der Weltöffentlichkeit bekannt gegeben, dass sie sich aufgrund der Diagnose ihre beiden gesunden Brüste habe amputieren lassen, schnellte der Aktienkurs von Myriad Genetics in die Höhe – Tendenz weiterhin steigend.

Big Genetics

Noch immer beherrscht das Dogma, dass unsere Gene unser Schicksal bestimmen, die Krebsforschung. Sie hätte aufgrund ihrer BRCA-Mutation eine fast neunzigprozentige Wahrscheinlichkeit gehabt, im Verlauf ihres Lebens an Brustkrebs zu erkranken, verkündete Jolie. Doch es bestehen berechtigte Zweifel an der Höhe dieses Prozentwerts.

Mittlerweile ist unbestritten, dass Faktoren, die jenseits der Kontrolle unserer Gene liegen – sogenannte epigenetische Faktoren –, zu einem hohen Prozentsatz bestimmen, ob und in welchem Mass wir krank werden. Ein mutiertes BRCA-Gen löst nämlich nicht selber den Krebs aus. Vielmehr sind Brust- oder auch Eierstockzellen, deren BRCA-Gene geschädigt sind, nicht mehr in der Lage, Schäden am Erbgut zu reparieren. Dadurch kommt es zu fehlerhaften Reparaturprozessen, die auf Chromosomenebene zu Instabilitäten führen und so den Weg für Krebs ebnen können.

Doch es gibt viele andere Gene, die über ähnliche Reparaturfähigkeiten wie das BRCA-Gen verfügen. Und auch wenn die geerbte BRCA-Mutation selber nicht behoben werden kann – verschiedenen Studien zufolge kann die Genexpression anderer Gene so beeinflusst werden, dass der durch die BRCA-Mutation bestehende Defekt kompensiert wird.

«Man kann der Ausbildung von Krebs entgegenwirken», sagt der australische Genomforscher Michael Fenech. «Theoretisch kann jemand, der wie Angelina Jolie BRCA-Mutationen in sich trägt, mithilfe einer speziellen Diät und einem bestimmten Lebensstil das Brustkrebsrisiko abschwächen.» Die Fachwelt spricht von Nutrigenomik, wenn es um die Interaktion zwischen Ernährung und Genen geht.

«No big deal»?

Wer sein Brustkrebsrisiko minimieren wolle, solle möglichst wenig gegrilltes Fleisch und alkoholische Getränke konsumieren, so Fenech. Im Gegenzug rät er, all jene Lebensmittel und Ergänzungspräparate zu sich zu nehmen, die nachweislich einen positiven Einfluss auf die Reparaturfähigkeiten des Erbguts und der damit verbundenen Enzyme habe: pflanzliche Produkte mit einem hohen Anteil an Folsäure, Karotin, Niacin und den Vitaminen C, D und E. So zeigt eine 2009 im Fachmagazin «Breast Cancer Research and Treatment» publizierte Forschungsarbeit auf, dass Frauen mit einer BRCA-Mutation, die mehr Früchte und Gemüse assen, ihr Brustkrebsrisiko stärker senkten als jene, die nur wenig Früchte und Gemüse konsumierten. Eine vergleichbar positive Wirkung liess sich auch nachweisen, wenn der Körper ausreichend mit Vitamin D versorgt wurde oder wenn Faktoren, die nachweislich das Erbgut schädigen können – Röntgenstrahlen etwa oder über die Nahrung eingenommene Pestizide – vermieden wurden.

«Ich wünschte mir, Angelina Jolie hätte in ihrem Gastbeitrag für die ‹New York Times› klar gemacht, dass es für Frauen, die eine BRCA-Mutation in sich tragen, nicht nur zwei Optionen gibt – die Amputation oder die Angst, dass sie irgendwann der Krebs heimsucht –, sondern auch die proaktive Prävention mittels Ernährung und eines entsprechenden Lebensstils», so die Herausgeberin des US-amerikanischen «Natural Medicine Journal» Karolyn A. Gazella. Sie ist selbst Trägerin der BRCA-Mutation und hat bereits einen Eierstockkrebs, der mit dieser Mutation in Verbindung gebracht wird, überlebt. Dennoch hat sie sich entschieden, ihre beiden gesunden Brüste zu behalten.

Genau wie die US-Sängerin Melissa Etheridge, ebenfalls Trägerin der BRCA-Mutation, bei der 2004 sogar Brustkrebs diagnostiziert worden war. Etheridge, mittlerweile frei von Krebs, bezeichnete Jolies vorsorgliche Brustamputation nicht wie viele andere als mutig, sondern als wohl «angstvollste Entscheidung, die man treffen kann, wenn es um Krebs geht». Ob sich Krebs ausbildet, hänge entscheidend vom Milieu des Körpers ab, das etwa durch Ernährung oder das Vermeiden von Stress positiv beeinflusst werden könne. Gazella ihrerseits kritisiert Jolie insbesondere dafür, den chirurgischen Eingriff so beschrieben zu haben, als wäre er «no big deal».

«Tatsächlich aber zeigt die wissenschaftliche Literatur, dass Frauen, bei denen eine vorsorgliche Mastektomie vorgenommen wurde, mit schweren Einbussen an Lebensqualität zu kämpfen haben können», so Gazella. «Hinzu kommt, dass nicht wirklich hundert Prozent des Brustgewebes und der Zellen entfernt werden können. Und wenn sich dann bei Frauen mit Implantaten oder rekonstruierten Brüsten ein Mammakarzinom ausbildet, wird es wahrscheinlich sehr viel tödlicher sein, da der Krebs dann tief in der Brustwand steckt und nur noch schwer aufzuspüren ist.»

Torsten Engelbrecht ist Mitherausgeber des Buchs «Die Zukunft der Krebsmedizin. Klassische und ganzheitliche Therapien, Impfungen und Krebsgene: Was ist Fakt und was Fiktion?», das 2010 im Naturaviva-Verlag erschienen ist.

 

 

J.-C. Soufir et R. Mieusset : « La contraception masculine »

Jean-Claude Soufir & Roger Mieusset (dir.), La Contraception masculine, 2012, Springer éd.

Nous ne connaissions pas encore de livre sur la contraception masculine. Ce n’est probablement pas un hasard que celui-ci soit paru tout récemment, à un moment où, suite à la résurgence du mouvement féministe (depuis le début des années 2000), réapparaissent également des groupes d’hommes qui se veulent antimasculinistes. Le côté moins positif de l’affaire, c’est que ce livre paraît chez un éditeur spécialisé dans la littérature médicale, et dont le public privilégié semble être les médecins (ce qui se traduit, entre autres, par le prix de l’ouvrage, 40 euros, très élevé pour un livre de ce type, 200 pages en noir et blanc sans illustrations…).

Les deux coordinateurs du livre sont les deux pionniers de la recherche française sur la contraception masculine, Soufir ayant travaillé sur les méthodes hormonales tandis que Mieusset a accompagné les hommes qui ont expérimenté le désormais fameux « remonte-couilles toulousain » (RCT, popularisé par le film Vade retro spermato, à voir d’urgence par celles et ceux qui s’intéressent aux groupes d’hommes et à la contraception masculine).

Une grosse moitié du livre est consacrée aux comptes rendus des « expériences » (on utilise ce terme car elle demeurent encore très minoritaires, mais il s’agit bel et bien de pratiques contraceptives menées par des hommes avec accompagnement médical) de contraception masculine en France (de façon assez exhaustive) et dans le monde (de façon plus synthétique). Parmi ces expériences, les méthodes hormonales se taillent la part du lion. Ce que l’on peut en retenir, c’est que :

  1. La recherche autour d’une contraception hormonale masculine (CHM), contrairement à ce que l’on pourrait penser, a commencé bien avant (dès les années 1930) celle qui a abouti à la « pilule » pour les femmes – cette dernière ayant été commercialisée seulement dix ans après le début des recherches sur la contraception hormonale féminine… Il semble que les chercheurs soient plus « prudents » et attentifs aux effets secondaires à long terme des traitements hormonaux chez les hommes que chez les femmes.

  2. Sur le principe, diverses variantes de CHM sont à peu près validées – reste à trouver les financements, et donc à susciter l’intérêt des labos pharmaceutiques pour les développer : or, comme ceux-ci disposent déjà de produits très rentables avec les pilules féminines, ils ne semblent pas être très motivés pour investir pas mal de temps et d’argent dans des produits qui viendraient les remplacer…

  3. Les raisons pour lesquelles la CHM n’est toujours pas accessible au grand public sont très probablement liées au système de domination patriarcale (pas touche au corps des hommes, encore moins à leur fertilité, la plupart du temps assimilée à leur puissance sexuelle, à leur virilité) et à la logique de profit qui détermine les choix de l’industrie pharmaceutique : cela dit, ce n’est peut-être pas plus mal pour la santé des hommes.

Quant aux autres modes de contraception « masculine » (de fait, on devrait toujours mettre des guillemets, tant la question de la contraception concerne forcément deux partenaires, même si le machisme dominant aujourd’hui en a délégué la gestion aux femmes depuis qu’existe la pilule) il en existe plusieurs : le coït interrompu, le préservatif, la vasectomie (d’aucuns lui contestent la qualification de « contraceptive », car il s’agit d’une méthode à la réversibilité douteuse) et les méthodes dites thermiques, lesquelles, comme le RCT, consistent à augmenter la température des testicules, ce qui inhibe la spermatogenèse. Il faut remarquer au passage que l’on se situe ici dans un contexte particulier (même s’il est largement dominant) de pratique sexuelle normalisée, avec pénétration vaginale – ce que certaines personnes nomment un rapport sexuel « complet ». On peut douter de la pertinence de ce parti-pris. Cette réserve faite, rappelons, pour celles et ceux qui n’auraient pas vu le film Vade retro spermato, que le scrotum, cette manière de sac qui enferme les testicules, est, de part sa position « extérieure » au corps, maintenu en général à une température légèrement inférieure à celle du reste du corps (de 2 à 4°) – ce qui constitue une des conditions nécessaires de la spermatogenèse. L’idée de base des méthodes thermiques est donc simple : il s’agit d’augmenter légèrement la température des testicules. Trois expériences sont rapportées dans le livre. Elles ont fait l’objet de comptes rendus en 1991, 1992 et 1994. Les deux premières ont été accompagnées par Ahmed Shafik, la dernière par René Mieusset (c’est celle que l’on a surnommée RCT, et dont il est question dans le film Vade retro). Les trois se sont révélées très efficaces. Aucune grossesse n’a été constatée dans les deux premières études, une seule dans la troisième, suite à un protocole non respecté par un participant : en effet, celui-ci avait arrêté le port du RCT durant 7 semaines… Les seuls bémols que l’on pourrait apporter à ce constat plutôt positif sont 1/ le petit nombre de participants aux trois groupes (respectivement 28, 14 et 9) et 2/ les durées relativement brèves des études (de un à quatre ans) – ce qui, bien sûr, peut laisser des doutes quant aux résultats que donnerait une application à grande échelle de ces méthodes et quant à d’éventuels effets secondaires sur le long terme. En l’état actuel des connaissances, la méthode thermique (et particulièrement le RCT) semble la moins chère, la plus efficace, la plus réversible et la moins susceptible d’effets secondaires indésirables. Elle partage cependant des handicaps avec les méthodes hormonales : réticences liées au statut de l’homme dans le système genré actuel, et absence de tout lobby économique qui la défende – tout au plus une ou deux boîtes textiles pourraient-elles s’intéresser à la production des slips aménagés en RCT, ce qui n’est manifestement pas encore le cas…

Avant de conclure, signalons (et regrettons) la présence au sommaire du livre d’un papier de Daniel Welzer-Lang sur l’historique de la contraception masculine et des groupes d’hommes (en France). Cet article est assez représentatif de la possible dérive masculiniste des groupes non-mixtes hommes. En effet, ce que retient son auteur de l’histoire du « mouvement des hommes » (notion problématique s’il en est), c’est d’abord et avant tout l’incompréhension qu’il aurait rencontrée chez les féministes. Malgré ces regrettables divergences (dues avant tout, selon Welzer-Lang, au sectarisme des féministes radicales), grâce à cette mobilisation masculine, l’« homme » serait devenu « acteur des changements de genre ». C’est d’ailleurs ce que signifie le titre général de l’article : « La contraception masculine, Ardecom et les groupes d’hommes, prémices de l’évolution des rapports sociaux de genre ». (Ardecom : association pour la recherche et le développement de la contraception masculine, créée à la fin des années 17970.) Pour donner une idée d’une certaine confusion de l’auteur, voici une citation d’un extrait de cet article (p. 160) : «  […] les normes sociétales ont changé. Aujourd’hui [en 2012, ndlr] tout se passe comme si l’égalité hommes/femmes était inscrite sur le fronton de toutes les mairies de France. Qu’elle s’affirmait comme une évidence. Au même titre que l’on s’affirme contre le racisme ou pour l’égalité entre les peuples et les cultures. Bien sûr [nous soulignons, ndlr], il y a encore des différences de salaires, les emplois précaires sont occupés principalement par les femmes, les hommes et les femmes ne partagent pas toujours le travail domestique à parts égales. [Pourquoi ne pas ajouter que bien sûr, il arrive encore qu’une femme meure tous les trois jours en France, victime des coups de son conjoint, ndlr ?] Mais la mise en lumière des restes d’inégalités laisse entrevoir la fin de la domination masculine, l’arrivée d’une égalité réelle entre hommes et femmes, la fin du genre. » Ainsi, l’égalité n’est plus ce pourquoi on devrait se battre, ou que l’on devrait défendre : l’égalité, c’est ce qui arrive, mais oui, là-bas, regardez…

Finalement, l’existence de ce livre est plutôt positive en soi, surtout lorsque l’on pense à l’ignorance assez générale des médecins et personnels soignants quant à l’existence de moyens de contraception masculine. Pour les hommes qui souhaiteraient se documenter sur ces méthodes, il existe un Guide pratique d’une contraception masculine hormonale ou thermique disponible sur Internet (tapez ce titre dans un moteur de recherche, si je vous donne le lien direct, vous tombez sur un truc payant…). En ce qui concerne l’histoire d’Ardecom et des groupes d’hommes, le meilleur document nous semble être à l’heure actuelle le film Vade retro spermato (contact par ici). Enfin, pour approfondir la problématique des groupes d’hommes, du masculinisme et de l’antimasculinisme, on recommande cette brochure : Contre le masculinisme. Petit guide d’autodéfense intellectuelle.

François, le 4 novembre 2013

La grande santé

La Grande Santé, chez Nietzsche,

c’est accueillir cette multiplicité qui nous compose, la contradiction et le tragique de l’existence… accueillir de façon dionysiaque, c’est à dire inconditionnellement, en lui comme hors de lui, les polarités opposées : le bien et le mal, la vie et la mort, création et destruction, lumière et ténèbres… Au-delà de ces polarités s’offre la joie tragique de la lucidité et du oui à la vie, « l’homme en qui la puissance déborde », chez qui tout désire se dépasser sans cesse en direction de possibilités inexplorées, de perspectives inconnues. Depuis cette idée de la santé, où les exercices spirituels sont pensés par soi-même, où l’ascèse elle-même n’est pas un retrait faible du monde mais un exercice de création continue de celui-ci; l’appréciation de l’être en santé n’est pas le fonctionnement mécanique parfait, ni la question du « péter la forme » mais celle d’une présence lumineuse et créatrice au monde. Pas la créativité esthétique et dispersée de l’artiste mais celle, densifiée, de l’enfant et du sorcier, qui peuplent les formes au lieu de multiplier leur vide.

La maladie et le soin qui l’accompagne sont un devenir et une métamorphose. Le changement ne peut être que du devenir-hétérogène, souvent de l’humain vers le non-humain. Cette ligne de fuite se dessine grâce à l’apparition d’une « chose ».

Le travail thérapeutique consiste à approfondir la connaissance de la « chose » en cause.

Changement de paradigme : Passage de l’intérêt pour les « maladies » à celui pour les dispositifs thérapeutiques; c’est à dire pour des « choses » fabriquées par un groupe; « choses » qui, ensuite, fabriquent les membres de ces groupes un à un. Prendre en considération non pas une entité abstraite « la culture », « l’appareil psychique », « l’esprit », mais plutôt les systèmes thérapeutiques, les « choses » qui ont informé le monde intérieur du « malade » et l’ont fabriqué.

Ce sont les mêmes objets-gestes qui rendent malades et peuvent soigner. La différence à étudier se trouve dans les objets et les « choses » (langues, systèmes de soins, techniques de divination/fabrication…). L’important n’est plus de distinguer le vrai du faux d’une pensée mais ce qu’elle mobilise. Être complices dans une sorte d’aventure intellectuelle, un pari.

Corps …

« Nous n’avons pas encore trouvé notre corps sans organes, pas assez défait notre moi. Le corps sans organes, c’est le refus de me voir attribuer des lieux de plaisirs, des lieux d’émotions, des lieux de douleurs. » Ce n’est pas la tête qui pense, ni le coeur qui aime… Faire du corps sans organes un territoire inachevé à expérimenter, une réalité changeante dont les fonctions restent à définir.

… et âme.

Il aurait fallu à Freud une audace de plus, un écart scientiste, pour imaginer les techniques susceptibles de convoquer, modifier, tromper l’inconscient. Si l’inconscient avait été conçu comme capable de commercer avec les humains, riche d’intentions, doué d’une écologie spécifique, pensé « être » plutôt qu’organe avec sa mécanique du transfert; doué d’une vie réelle autonome; la proposition de la psychanalyse aurait une tout autre dimension.

Pour Erickson, l’inconscient n’est pas un « refoulé obscur», mais un « réservoir lumineux » autonome dépositaire de nos ressources intérieures, force inspiratrice de solutions et de changement, allié le plus fiable et solide. Ces ressources se développent par l’attention à ses sensations physiques les plus infimes. En développant l’hypnose depuis ces présupposés et le recours aux histoires, il a frayé un pont entre des rapports au monde réputés incompatibles.