Maisy Odjick, 16 ans, vivait avec sa grand-mère à Kitigan Zibi, une réserve algonquine au nord d’Ottawa. Son amie Shannon Alexander, 17 ans, habitait Maniwaki. Le 6 septembre 2008, elles sont sorties, laissant derrière leurs portefeuilles, leurs trousses à maquillage, tous leurs vêtements. On ne les a jamais revues.Cette tragédie s’est ajoutée à celles des 1181 femmes autochtones canadiennes assassinées ou disparues depuis 1980. Une tragédie. Et un scandale qui s’étire depuis 35 ans dans l’indifférence quasi générale. Lire la suite par ici: Sœurs volées – Châtelaine.
Les mythes, les idées reçues et les préjugés autour du viol – Crêpe Georgette
Les mythes ou idées reçues autour du viol désignent les croyances entourant le crime en lui-même, les victimes et les coupables. On les définit par des attitudes et croyances fausses mais profondément et constamment entretenues servant à nier et à justifier le viol. Ces mythes, par des idées fausses répétées constamment, servent à décrédibiliser la personne violée et à excuser le violeur. Lire la suite par ici: Les mythes, les idées reçues et les préjugés autour du viol – Crêpe Georgette.
As Clemmie Wonders · Du caractère polymorphe et multicolore du relou en milieu urbain
« Non mais qu’ils ne respectent pas les femmes chez eux, c’est leur problème, mais ici, on est en France »
» Je suis pas raciste, mais j’en ai marre de me faire draguer dans la rue! »
» C’est dans leur culture, ils n’ont pas le même rapport à la séduction ».
Ces déclarations n’ont pas particulièrement été tenues par des membres du FN ou même des personnes se disant (se pensant) racistes. Non. Ce sont des déclarations que j’ai entendues, que j’entends régulièrement, dès que l’on parle de harcèlement de rue.
Parce que, comme en parlait récemment un article de rue89, c’est un fait : pour beaucoup de personnes, y compris les victimes de harcèlement de rue, les agresseurs de rue ne sont que des mecs de banlieue, de cité, de quartiers populaires. Que des immigrés, des fauchés, des lascars, des cailleras, des ouaich, des rebeus, des renois… Je parle souvent de harcèlement de rue, avec beaucoup de personnes. Et la récurrence des déclarations précédentes m’attriste.
Non, elle me révolte, en fait. Elle me met hors de moi.
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« Personnages » et « dérapages » – Les mots sont importants lmsi.net
Le mardi 30 septembre 2014, l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence a été le théâtre d’une agression verbale raciste de la part d’un enseignant ayant conduit une jeune femme portant un foulard, accusée d’être « le cheval de troie de l’islamisme », à quitter l’amphithéatre au sein duquel elle suivait son cours. Elle n’a donc pas été exclue à partir d’une loi ou d’un règlement intérieur mais exclue de fait par la volonté d’un acteur éducatif. Le traitement médiatique de cette agression, joliment requalifiée en « incident » ou « accrochage », en simple « dérapage » de la part d’un « personnage », voire en « altercation entre un professeur et une étudiante » [1], met en lumière plusieurs formes de dominations, et tout simplement une remise en cause de la légitimité de la présence en France d’une frange de la population.
le texte intégral de cet article se trouve ici : « Personnages » et « dérapages » – Les mots sont importants lmsi.net.
Salvador. À deux doigts de la mort : la violence contre les femmes et l’interdiction de l’avortement – Amnesty International Belgique Francophone
María Teresa Rivera a été condamnée pour avoir fait une fausse couche et purge actuellement une peine de 40 ans de prison. Âgée de 28 ans au moment des faits, elle était mère célibataire et travaillait dans une usine de confection quand, un jour, elle a eu un besoin urgent d’aller aux toilettes. Sa belle-mère l’a découverte par terre, baignant dans son sang. María Teresa ne savait pas qu’elle était enceinte.
María Teresa Rivera a été transportée d’urgence à l’hôpital, où un membre du personnel l’a dénoncée à la police. Les policiers, arrivés sur les lieux, ont commencé à l’interroger en l’absence d’un avocat.
Elle a été jugée et déclarée coupable d’homicide avec circonstances aggravantes, sur la base de preuves pourtant douteuses. Le juge a déclaré que les dires de María Teresa, qui affirmait qu’elle ne savait pas qu’elle était enceinte (un point clef du dossier), n’étaient pas crédibles car le tribunal avait la preuve qu’en janvier 2011 elle avait dit à son employeur qu’elle était peut-être enceinte. Si la grossesse avait démarré en janvier 2011 et s’était terminée en novembre 2011, María Teresa aurait eu une grossesse de 11 mois.
María Teresa Rivera a déclaré à Amnesty International : « Le jour de l’audience, j’ai juste eu très mal. Lorsque le jugement a été prononcé, j’ai demandé à Dieu de me donner de la force. J’ai dit “mon Dieu, mon fils aura 45 ans quand je sortirai de prison.” »
« Qu’est-ce que je peux espérer de l’avenir ? La liberté. La nuit, je suis souvent triste parce que je veux être avec mon fils, dormir à côté de lui […] Je veux qu’elles [les femmes qui ne sont pas en prison] apprécient tout ce qu’elles ont dehors, parce qu’elles ne réalisent pas ce qu’elles ont. L’eau, un centime […] elles devraient apprécier tout ce qu’elles ont, tout ».
María Teresa Rivera est l’une des 17 femmes emprisonnées, certaines pour des motifs liés à une grossesse comme des avortements et des fausses couches, pour lesquelles un recours en grâce présidentielle a été déposé. Dans toutes ces affaires, tous les autres recours formés en vue d’une remise en liberté ont été épuisés.
Cristina a déclaré avoir fait une fausse couche à 18 ans. Alors qu’elle était enceinte, elle avait ressenti une douleur fulgurante et avait couru aux toilettes où elle avait perdu connaissance. Sa famille l’avait retrouvée en pleine hémorragie, couverte de sang. Elle avait été emmenée d’urgence à l’hôpital mais là, au lieu d’être traitée comme une patiente en souffrance, elle avait été accusée d’être une criminelle et questionnée : « Pourquoi as-tu tué ton enfant ? »
La soupçonnant d’avoir déclenché un avortement, le personnel de l’hôpital avait dénoncé Cristina à la police. Elle avait été accusée d’homicide avec circonstances aggravantes mais l’affaire avait été classée sans suite en octobre 2004, faute de preuves. Cependant, le Bureau du procureur général a fait appel et Cristina a été déclarée coupable en août 2005 et condamnée à 30 ans d’emprisonnement.
Cristina a déclaré à Amnesty International : « La cause du décès était indéterminée, ils ne savaient pas pourquoi le bébé était mort, alors comment ont-ils pu m’accuser d’homicide aggravé pour la mort de mon enfant s’ils ne disposaient même pas de cette preuve fondamentale ? Il s’agit de négligence de la part du juge, c’est évident […] Comment ces gens, qui sont supposés être si professionnels, peuvent-ils faire ce type d’erreur ? »
Le procureur avait affirmé que Cristina avait l’obligation d’en faire plus pour sauver son enfant. Cependant, un médecin de l’Institut médicolégal aurait fourni des preuves au tribunal que Cristina était en état de choc et avait perdu connaissance au moment de la naissance.
« Comment, alors que j’étais étendue sur le sol, inconsciente, étais-je censée me précipiter à l’hôpital avec mon bébé ? » demande Cristina.
Le ministère de la Justice et de la Sécurité publique a finalement commué sa peine, au motif qu’elle était excessive, sévère et disproportionnée.
Cristina a été libérée en août 2009, après tout de même quatre années de prison.
À propos du prix Nobel de la paix : Malala Yousafzai et le complexe du sauveur blanc
Voici un coup de gueule d’Assed Baig à propos du prix Nobel de la paix qui vient d’être remis à Malala Yousafzai, jeune pakistanaise qui avait été gravement blessée par des hommes armés talibans, en raison de son engagement pour l’école. Son article, traduit de l’anglais, est publié par le site État d’exception (voir le lien ci-après.)
Assed Baig (@AssedBaig) est un journaliste de presse écrite et audiovisuelle basé à Londres. Il a couvert des événements partout dans le monde, y compris en Somalie, Libye, Myanmar et Pakistan. Il travaille actuellement en tant que pigiste et à la réalisation de documentaires. Il a précédemment travaillé pour la BBC dans les Midlands en tant que journaliste et connaît bien les histoires relatives à la communauté musulmane. Assed a vécu et étudié en Syrie et en Mauritanie. Il contribue au New Statesman, Vice, Huffington Post, ainsi qu’à d’autres titres. On peut lire son article en suivant le lien ci-dessous.
Malala Yousafzai et le complexe du sauveur blanc | Etat d’Exception.
Des assassinats de Ciudad Juárez au phénomène des féminicides : de nouvelles formes de violences contre les femmes ?
Le texte que Jules Falquet nous propose ici [sur le site de la revue Contretemps] est issu d’un travail sur les recompositions de la violence, et sur la centralité des violences masculines contre les femmes, dans le développement contemporain du mode de production néolibéral — lui-même compris comme la résultante de l’évolution conjointe de rapports sociaux capitalistes, colonio-racistes et hétéro-patriarcaux.
Féministe et activiste « à ses heures libres », Jules Falquet[1] a vécu dans le Chiapas, à Mexico et au Salvador. Elle travaille sur les mouvements sociaux, les résistances à la mondialisation néolibérale, les recompositions de la violence masculine contre les femmes et l’imbrication des rapports sociaux de sexe, « race » et classe.
Cliquer ici pour lire le texte :
Reproduction et lutte féministe dans la nouvelle division internationale du travail
Silvia Federici propose ici de réorienter l’agenda féministe dans les pays du Nord. En pointant les limites d’une approche exclusivement fondée sur les droits des femmes ou la prévention des violences sexistes, elle invite à remettre au centre de l’attention les effets de la nouvelle division internationale du travail. Loin de se résumer à une relocalisation des industries au Sud, cette nouvelle division du travail impose aux femmes des pays du Sud de réaliser une partie croissante du travail reproductif nécessaire des pays du Nord. En pointant cette hiérarchie mondiale, Federici souligne combien le mouvement féministe contemporain ne pourra faire l’impasse sur les nouvelles divisions parmi les femmes s’il entend rester un mouvement émancipateur.
Cliquer ici pour lire l’article : Reproduction et lutte féministe dans la nouvelle division internationale du travail | Période.
De et sur Silvia Federici, on peut lire et voir aussi sur Corps et politique :
Aux origines du capitalisme patriarcal
Rencontre avec Silvia Federici (conférence enregistrée en video)
L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre
L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre
Il semble que Gayle Rubin ait été la première à utiliser la notion de genre dans ce texte, qui date de 1975 et qui est devenu un « classique » du féminisme. Extrait (on peut lire le texte entier en ligne – voir le lien après l’extrait) :
Marx avait posé cette question : « Qu’est-ce qu’un esclave nègre ? Un homme de race noire. Cette explication a autant de valeur que la première. Un nègre est un nègre. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’il devient esclave. Une machine à filer le coton est une machine pour filer le coton. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient du capital. Arrachée à ces conditions, elle n’est pas plus du capital que l’or n’est par lui-même de la monnaie ou le sucre le prix du sucre » (Marx 1972 : 35). On pourrait paraphraser ainsi : Qu’est-ce qu’une femme domestiquée ? Une femelle de l’espèce. Cette explication a autant de valeur que la première. Une femme est une femme. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient une domestique, une épouse, un bien meuble, une minette du club Playboy, une prostituée ou un dictaphone humain. Arrachée à ces conditions, elle n’est pas plus l’assistante de l’homme que l’or n’est par lui-même de la monnaie, etc. Quelles sont donc ces relations sociales qui font qu’une femelle devient une femme opprimée ?
Gayle Rubin, « L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre », Les cahiers du CEDREF [En ligne], 7 | 1998, mis en ligne le 27 juillet 2009, Consulté le 27 septembre 2014. URL : http://cedref.revues.org/171
Sorcière, sorcières
« Sorcière, sorcières » est une fiction sonore de Raphaël Mouterde et Élisa Monteil (durée 24 min 05). C’est le cinquième titre du disque Marabout de la nouvelle et excellente revue Jef Klak (en savoir plus sur ce Jef…)
Les mauvaises, les dangereuses, les laides, les bannies, les brûlées vives, les noyées : les sorcières. Ces femmes qui dans l’imaginaire commun ont un pouvoir. L’imaginaire commun a suffi aux inquisiteurs pour mettre en place une vaste chasse aux sorcières, aux « praticiens infernaux », atteignant son apogée aux XVIe et XVIIe siècles. Entre 50 et 100.000 personnes périrent : 80% d’entre elles étaient des femmes des classes populaires.
Après l’écrasement, que reste-t-il des femmes, des pratiques, de l’insoumission, des corps ? Il jaillit une lettre, une adresse, un acte, un geste.
Pour écouter, c’est par ici.