Présentation du site Mouqawamet

L’excellent site Les mots sont importants attire aujourd’hui notre attention sur un autre site récent, Mouqawamet : les résistantes (en arabe). On trouvera ci-dessous la présentation qu’elles en font elles-mêmes.

 

Mouqawamet  : les résistantes (en arabe)

11693883_1455482084771653_6653662531322502016_n3Thidh yekkèthen ouzèl : celles qui frappent le métal, les femmes qui ne se laissent pas faire (en kabyle)

Citation tatouée au dos de la jeune femme:   » Les révolutions n’ont pas lieu dans la discrétion. La révolution et l’écriture,  toutes deux, ne connaissent pas le secret.  Casse la serrure du tiroir et écris dans la lumière.  Sois en en colère,  révolte toi, ne te tais pas.  » Nawal Al Saadawi   

Mouqawamet-Thidh yekkèthen ouzèl a pour but de collecter des ressources sur les luttes de femmes des sociétés arabes/amazigh et de produire de nouveaux outils et matériaux à l’adresse des femmes issues de ces diasporas en France et dans les pays francophones. Plusieurs raisons nous ont conduites à créer cet espace:

  • Nous voulons lutter contre le stéréotype raciste, orientaliste et islamophobe selon lequel les femmes des sociétés arabes/berbères seraient passives et soumises, et mettre en avant l’histoire des luttes et des combats de femmes, qu’elles se disent féministes ou non, qu’elles soient des intellectuelles reconnues, des artistes, des résistantes politiques, ou des femmes inconnues, menant un combat au quotidien. Il s’agit de lutter contre l’invisibilisation et de se réapproprier notre histoire, ces histoires. Cet espace d’échanges libres vise à dénoncer les discours et oppressions racistes et islamophobes véhiculés par la classe politique, les médias, le féminisme blanc, leur tentative d’invisibilisation ou de récupération des luttes des femmes arabes et berbères, mais ne s’empêchera pas non plus de dénoncer le patriarcat dans nos propres communautés.
  • Nous voulons lutter contre l’essentialisme de l’image de « la femme arabe », déconstruire cette image monolithique, et montrer la pluralité des identités de femmes, qu’elles soient  amazigh – aussi bien kabyles, chaoui, chleuha, rifaines etc-, arabes du Maghreb ou du Proche-Orient, noires -car il y a des femmes arabes et noires, par exemple au sud des pays du Maghreb, ou encore au Soudan- ou claires de peau, musulmanes sunnites ou chiites, chrétiennes, athées, juives, hétérosexuelles, lesbiennes, queer, trangenres… etc, ainsi que la pluralité des stratégies de luttes de femmes, en fonction des contextes différents.
  • Nous nous revendiquons donc de l’intersectionnalité des luttes. Nous refusons en effet de hiérarchiser les multiples oppressions auxquelles sont soumises les femmes arabes et amazigh et nous réfutons l’accusation selon laquelle le féminisme et la lutte contre le patriarcat seraient des outils blancs, occidentaux, et un luxe pour les femmes racisées, voire une façon pour elle de se compromettre avec le système raciste. Nous soutenons les luttes des femmes racisées contre la misogynie, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, la putophobie. Il y a un féminisme non blanc, qui existe depuis longtemps : bien avant et indépendamment de la colonisation, des femmes se sont battus et ont lutté pour leurs droits en tant que femmes, et c’est ce que ce site vise à mettre en lumière. Nous pensons qu’il est urgent d’ouvrir une troisième voie entre d’un côté le féminisme blanc paternaliste, souvent raciste et islamophobe, et de l’autre côté l’injonction à passer sous silence les revendications féministes par souci d’éviter la récupération raciste dont elles peuvent faire l’objet, par souci de solidarité avec les hommes arabes/berbères/musulmans déjà perçus par le système raciste comme essentiellement violents et machistes. Nous voulons mettre en valeur le féminisme islamique, qui est une façon pour les femmes musulmanes, à la fois de lutter contre l’instrumentalisation patriarcale de la religion, et aussi d’envoyer un message fort aux féministes blanches qui les construisent comme soumises, ainsi qu’aux islamophobes pour lesquels l’Islam est une religion fondamentalement sexiste et même plus sexiste que les autres. Mais nous voulons aussi mettre en valeur d’autres luttes féministes, des féministes dites « séculaires », qui ne se réclament pas de l’Islam,  parce que la lutte féministe n’est pas qu’une lutte d’interprétation des textes, mais une lutte pour transformer les rapports de force matériels dans une société.
  • Nous affirmons également notre opposition et notre lutte contre le système capitaliste qui opprime les femmes arabes et amazigh en France notamment à travers leur exploitation dans les emplois peu qualifiés (femmes de ménage, nounous…) permettant aux femmes/féministes blanches de travailler et d’avoir du temps libre pour leurs loisirs ou pour leurs propres luttes, alors que les femmes racisées s’occupent de leurs enfants et leur maison pour des salaires de misère. Nous ne saurions nous opposer véritablement à ce système sans dénoncer l’exploitation de nos soeurs du Sud qui travaillent à créer des produits manufacturés, notamment dans les usines de vêtements de Tunisie et du Maroc, pour les populations des pays industralisés dans des conditions plus que misérables et dont nous profitons malgré nous. De ce fait nous revendiquons une solidarité et une opposition transnational à ce système qui contribue grandement au maintien des structures coloniales. Nous affirmons aussi notre position anti-colonialiste, qui s’inscrit dans notre histoire collective et nos histoires personnelles, et nous soutenons activement les luttes de libération à travers le monde à commencer par l’une des dernières colonies au sens classique du terme et dernier pays arabe, encore sous le joug du colonialisme de peuplement classique, la Palestine.

 

Qui sommes-nous?

  • Nous sommes des femmes immigrées ou descendantes de l’immigration post-coloniale. Nous sommes  d’ici, nous vivons ici, mais nous sommes aussi d’ailleurs, nous avons des attachements affectifs forts, qui nous poussent à réhabiliter des figures de femmes auxquelles nous pouvons nous identifier, et dont nous pouvons nous inspirer, qui nous poussent à lutter contre l’image passive qu’on nous renvoie. Il ne s’agit pas de donner notre avis sur les stratégies de femmes qui vivent dans un autre contexte, ou de parler à leur place, mais de les mettre en visibilité. Il ne s’agit pas non plus de construire une image mythique et essentialiste de la « femme arabe ». Mais il s’agit d’affirmer notre appartenance à un continuum historique. Nos mères et nos grands-mères n’ont pas fait que mettre au monde des moudjahdine, et ont, de tous temps, participé à la lutte pour leur peuple et/ou la lutte pour leurs droits. Nous nous revendiquons de cet héritage et nous affirmons une position d’égalité avec les hommes. Tout comme nos ancêtres, nous ne faisons pas que mettre au monde des hommes qui feront l’Histoire.
  • Nous pensons cependant qu’il est important de ne pas mélanger les contextes et de saisir les enjeux de chaque lutte, car les stratégies ne peuvent pas être transposés de façon paternaliste: il n’est pas possible de dicter aux femmes du Sud comment elles doivent se libérer, comme le font par exemple le groupe néocoloniale des Femens, mais il est aussi absurde de transposer le combat de certaines femmes contre le pouvoir religieux au Sud, tel quel, en France, dans un contexte islamophobe, où l’urgence est de lutter pour le droit à se voiler librement.
  • Notre choix de se concentrer spécifiquement sur les luttes de femmes arabes/amazigh est un choix  ponctuel : il s’agit dans l’espace de ce blog, de déconstruire les préjugés racistes spécifiques pesant sur les femmes arabes/amazigh, qui ne sont pas les mêmes que ceux pesant sur les femmes noires ou asiatiques, par exemple, ou les autres femmes racisées. Chaque racisme s’exprime de façon spécifique, et pour le déconstruire, nous avons besoin de cet espace spécifique, d’autant plus que la figure des femmes arabes/amazigh s’efface trop souvent derrière l’identité musulmane, qui est une identité qui nous est également chère, mais qui ne nous permet pas toujours d’aborder certaines questions féministes. Mais nous n’envisageons pas de lutte féministe décoloniale sans alliance avec toutes les femmes non blanches.
  • Mouqawamet-Thidh yekkèthen ouzèl se définit comme un espace alternatif et expérimental offrant un lieu de réflexions,de témoignages, de mises en commun de notre patrimoine mais aussi, nous l’espérons, de projets. Cette plate-forme virtuelle est ouverte à un ensemble d’outils et de méthodes dont les lectrices sont les potentielles créatrices. Nous refusons de nous soumettre à un classisme et un élitisme qui peut brider la parole de nombreuses femmes. Nous faisons un effort pour être les plus inclusives et compréhensibles possibles dans notre manière d’écrire afin de démocratiser l’accès à ces ressources. Nous sommes ouvertes à toute critique à ce sujet, si jamais certains articles restent peu compréhensibles. Nous sommes également ouvertes à toute contribution pour enrichir ce blog, que ce soit pour proposer un article déjà écrit, pour suggérer un article sur telle ou telle femme, telle ou telle féministe, telle ou telle lutte. N’hésitez pas à vous proposer !

« Demandez-vous », Un article du blog « Juste après dresseuse d’ours »

Demandez-vous.

21 septembre, 2015

J’ai connu Mme B. au tout début de mon remplacement chez le Dr Cerise.
Je l’ai très vite pas aimée du tout.
Au bout de ma troisième consult avec elle, j’écrivais dans son dossier : « Moi je trouve surtout qu’elle consulte beaucoup trop souvent pour une femme de 32 ans » . Et la fois d’après :  « Il faut arrêter les examens complémentaires ».
Elle était INSUPPORTABLE.
Il fallait l’arrêter trois fois de suite pour une sinusite à la con.
Elle avait encore trooooop mal. Et elle se sentait encore troooop pas bien.
Moi on était en février, et je fumais deux paquets par jour et je crachais un demi-poumon entre chaque deux patients, en me tenant pas sur mes jambes et en étant obligée de m’asseoir par terre parce que tousser me prenait toute la force que j’avais en moi et dépassait celle de tenir juste debout sur mes jambes, et elle il fallait que elle je l’arrête parce qu’elle avait encore trop mal au sinus droit sous l’œil, et puis la tête comme du coton aaaaah ça n’allait pas du tout elle pouvait pas aller travailler comme ça. Ça me rendait folle. Lire la suite par ici.

Lorsqu’un homme violent me dit qu’il est devenu violent parce qu’il a perdu le contrôle de lui-même,

Un article du blog Prenez ce couteau

Lorsqu’un homme violent me dit qu’il est devenu violent parce qu’il a perdu le contrôle de lui-même, je lui demande pourquoi il n’a pas fait quelque chose d’encore pire. Par exemple, je pourrais dire “Tu l’as traitée de sale pute, tu as arraché son portable de sa main et tu l’as lancé à travers la pièce, ensuite tu l’as poussée et elle est tombée. Elle était là, à tes pieds, tu aurais facilement pu lui donner un coup de pied à la tête. Tu viens de me dire que tu a ‘complètement perdu le contrôle’ à ce moment-là, mais tu n’as pas donné de coup de pied pourtant. Qu’est-ce qui t’a arrêté ?” Et le client me donne toujours une raison. Voici quelques unes des explications que j’entends le plus :

“Je ne voulais pas qu’elle soit blessée gravement.”
“J’ai réalisé qu’un des enfants nous regardait.”
“J’avais peur que quelqu’un appelle la police.”
“J’aurais pu la tuer si j’avais fait ça.”
“On commençait à faire beaucoup de bruit, j’avais peur que les voisins entendent.”

Et la réponse la plus fréquente :

“Oh non, je ne ferais jamais ça ! Je ne lui ferais jamais une chose pareille.”

La réponse que je n’ai presque jamais entendue – je me souviens ne l’avoir entendue que deux fois en quinze ans – est : “Je ne sais pas.”

Ces réponses toutes faites révèlent la fausseté de l’excuse de la perte de contrôle. Lorsqu’un homme se livre à un déchaînement de violence, verbale ou physique, son esprit se maintient sur un certain nombre de questions : “Est-ce que je suis en train de faire quelque chose que les autres pourraient découvrir, est-ce que ça me ferait passer pour quelqu’un de muvais ? Est-ce que je suis en train de faire quelque chose qui pourrait me causer des ennuis juridiques ? Est-ce que je pourrais me blesser ? Est-ce que je suis en train de faire quelque chose que je considère moi-même comme trop cruel, grave, ou violent ?

Un regard critique s’est infiltré en moi après avoir travaillé avec mes douze premiers clients : un agresseur ne fait presque jamais quelque chose qu’il considère comme moralement inacceptable. Il peut très bien cacher ce qu’il fait parce qu’il pense que les autres ne seront pas d’accord avec ce qu’il fait, mais il trouve cela justifié. Je ne me souviens pas d’un seul client me disant « Je ne peux en aucun cas défendre ce que j’ai fait. C’était totalement inacceptable.” Invariablement, il a une raison assez bonne pour justifier son comportement. En résumé, le problème de fond d’un agresseur est que son sens de ce qui est bon et mauvais est complètement tordu.

Parfois, je pose cette question à mes clients : “Parmi vous, qui s’est déjà senti tellement en colère qu’il a eu envie de traiter sa mère de salope ?” Habituellement, la moitié du groupe ou plus lève la main. Puis je demande “Parmi vous, qui l’a fait ?” Toutes les mains redescendent, et les hommes me lancent des regards épouvantés, comme si je venais de leur demander s’ils vendent de la drogue devant les écoles primaires. Alors ensuite, je demande “Eh bien, pourquoi ne l’avez vous pas fait ?” La même réponse fuse à chaque fois : “Mais vous ne pouvez pas traiter votre mère comme ça, peu importe à quel point vous êtes énervé ! Vous ne pouvez juste pas faire ça !”

Ce qui reste tacite dans cette déclaration, et que nous pouvons aisément comprendre ici, est “Mais vous pouvez traiter votre femme ou votre copine comme ça, du moment que vous avez une raison assez bonne. C’est différent.” En d’autres mots, le problème de l’agresseur réside avant tout dans la croyance selon laquelle contrôler ou abuser de sa partenaire est justifiable.

Lettre à Rémy Gaillard, connard mysogyne, par Daria Marx

Salut Rémy,

C’est Daria, tu sais, enfin non tu sais pas, Disons que je suis une personne avec des seins et un vagin, que je me déplace dans l’espace public et que j’ai le droit à la parole, un peu mais pas trop. Y’avait ton pote Guillaume PLEY qui s’amusait à rouler des pelles de force à des nanas dans la rue, par la force ou par la surprise, y’avait tout plein de Youtoubeurs américains qui s’improvisaient guides en séduction et qui mettaient en branle toute une rhétorique de la manipulation pour niquer. Ok. Et puis y’a toi, le mec qui se déguise en chien pour mimer des positions sexuelles. T’as gagné. Tu peux monter sur ton petit podium en forme de teub, t’as la place numéro 3, juste sur la couille droite, on va te poser une couronnes de cols de l’utérus séchés sur les oreilles, t’es le César de la misogynie, l’empereur de la culture du viol. T’aime pas hein, cette expression. Culture du viol. Ca te fait bien chier qu’on puisse parler de viol, de violeurs, d’agressions sexuelles, alors que toi, pauvre mec, tu fais ca pour rigoler. Tu fais ca pour faire rigoler. Tu fais rigoler avec l’idée qu’on saute sur une personne en public pour lui imposer un acte sexuel. Tu peux bien te déguiser en chien ou en licorne tu sais. Tu fais rigoler avec l’idée du viol. Ca te dérange pas. C’est pas la première fois que tu te sers de ce ressort comique. Se frotter à des inconnu-es, par surprise, se filmer en train de pénétrer leur intimité, c’est facile, ca marche bien, des dizaines de milliers de vues pour le courageux Rémy, le Flash Gordon des roupettes, pas vu pas pris, qu’est ce qu’on se marre putain. Lire la suite par ici.

Rhabillons les Femen ! Une réponse féministe marocaine

À  lire sur Orient XXI > Magazine > Point de vue > Soraya El-Kahlaoui :  Rhabillons les Femen ! Une réponse féministe marocaine

Le 2 juin dernier, deux Femen françaises, seins nus, s’embrassaient sur l’esplanade de la tour Hassan à Rabat, prétendant manifester de la sorte leur solidarité avec la communauté LGBT marocaine. Si certains militant-e-s et féministes ont pu y voir un geste fort anti-homophobie et anti-patriarcat, d’autres dénoncent une attitude paternaliste et post-coloniale qui ne peut que nuire aux luttes d’émancipation menées au Maroc par les femmes et les groupes marginalisés. Deux activistes des Femen ont débarqué mardi 2 juin à Rabat pour une action seins nus sur la très symbolique esplanade de la tour Hassan. Le poing levé, c’est en se donnant en spectacle dans un baiser «  intersexe  » que ces deux activistes ont entendu manifester leur solidarité avec le groupe LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) au Maroc. Cette petite escapade en «  terre d’Arabie  » qui marque la première venue des Femen au Maroc a été interprété par certaines féministes progressistes et par certains militants LGBT comme un geste fort censé venir éclairer nos sociétés archaïques et sauver nos mentalités dégénérées par l’homophobie et le patriarcat arabe. Lire la suite par ici.

Appel à témoignages: violences médicales en gynécologie-obstétrique

Trouvé ceci sur le site Ça fait genre :

La journaliste Mélanie Déchalotte, qui travaille pour la super émission « Sur les Docks » (France Culture), travaille sur un documentaire radio portant sur les violences médicales en gynécologie-obstétrique. La question du toucher vaginal sans consentement l’intéresse particulièrement, mais pas exclusivement.

Elle cherche pour cela à interviewer, de façon anonyme, des personnes prêtes à témoigner sur ce sujet, que ce soit en tant que patientes ou en tant que soignant·es (étudiant·es, docteur·es, sage-femmes, infirimier·es…).

Si cela vous intéresse, vous pouvez remplir le formulaire ci-dessous. Je collecterai les adresses mail et les enverrai à M. Déchalotte.

Pour info, cette journaliste fait de super documentaires comme « PMA pour les couples homosexuels. La filière belge », que j’avais déjà recommandé sur ce blog. Et si le sujet vous intéresse, je vous rappelle que j’ai ouvert un tumblr pour collecter des témoignages sur le défaut de consentement dans la relation médicale: Je n’ai pas consenti.

Inspirations des luttes XXX

Inspirations des luttes XXX

« Nothing about us without us »
Caucus international des travailleuses et travailleurs
du sexe pour la réduction des risques, Barcelone, mai 2008.

« Good girls go to heaven, bad girls go everywhere »
Cheryl Overs, 1986.

La proposition du présent texte part de la publication, à l’hiver 2011, du livre : Luttes XXX. Inspirations du mouvement des travailleuses du sexe aux éditions du remue-ménage (Montréal). Cet ouvrage collectif, coordonné par trois chercheures québécoises, Maria Nengeh Mensah, Claire Thiboutot et Louise Toupin, ne regroupe pas moins de 80 textes différents (tracts, récits, témoignages, poèmes, textes académiques, critiques, etc.) écrits entre 1973 et 2011 par des militantes, travailleuses du sexe ou ex-travailleuses du sexe et chercheures alliées. Si la majorité des interventions proviennent d’Amérique du Nord (Canada, États-Unis) et de France, d’autres ont été rédigés en Suède, en Inde, en Thaïlande, en Nouvelle-Zélande ou en Amérique latine, certains même l’ont été à l’occasion de rencontres internationales du mouvement. Lire la suite par ici.

Rose ou bleu, ils choisissent

Voici un article d’une mère de famille qui est tombée sur des publications destinées aux enfants et vraiment très genrées… (piqué ici sur le web). On lira ensuite la réponse de la société éditrice,  pas piquée des vers!

Je suis vraiment choquée !

Alors, je vous explique. Je fais des courses avec toute ma bande et Baptiste m’interpelle. « Regarde maman, ça va te plaire … »

dsc00408 Bon, il me connait bien mon garçon, il sait que ça a le don de m’agacer ces livres/cahiers réservés aux filles et aux garçons. Comme s’ils ne pouvaient pas faire les mêmes activités! Vous avez déjà eu droit à deux articles coup de gueule sur le sujet : marre du rose et boy’s book. Donc déjà, je commence à pester contre cette manie qu’ont maintenant les éditeurs de faire des cahiers filles et garçons… Comme par hasard, les filles ont droit aux princesses, danseuses et autres fées et licornes. Pour les garçons, c’est chevaliers, pirates et dinosaures. Bon, ça, malheureusement, ça n’a rien d’extraordinaire, ils ne sont pas allés chercher bien loin … Et puis si vous regardez bien sur ces deux cahiers qui s’adressent l’un comme l’autre à des enfants du même âge, il y a une carte du monde à l’intérieur. Très bien ! Je jette donc un oeil ! 

J’ouvre le cahier « garçon » : une carte du monde assez sympa illustrée.

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J’ouvre le cahier fille :

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Euh … il y aurait pas un problème là ?

Je regarde l’autre moitié de la carte (de l’autre côté de la planche des autocollants) :

côté garçon :

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côté fille :

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NON MAIS ILS NE SE FOUTENT PAS UN PEU DE LA GUEULE DU MONDE LA !!!!!

Je ne sais pas vous, mais je suis hyper choquée !!! Alors les filles qui sont quand même un peu connes et gnangnan, il faut bien le reconnaître, on va leur mettre du rose dans la carte sinon elles ne vont pas la regarder et des animaux trooooop mignons ! Et les garçons quand même nettement plus malins et qui ont soif de connaissances, on peut leur apprendre quelques éléments de culture, les monuments, les habitants du monde, la végétation, les zones polaires …

Je ne peux pas vous dire pour le reste des cahiers, je ne les ai pas épluchés au magasin, je n’avais pas le temps, mais là, je suis restée vraiment abasourdie par tant de bêtise … Les enfants étaient tout aussi choqués que moi …

Alors si ça vous choque aussi, rouspétez avec moi, partagez, faites suivre … Si vous trouvez que j’exagère et que ça ne vous choque pas autant que ça, venez me le dire aussi mais moi, je suis outrée !

Réponse sur la page facebook de Magnard Jeunesse :

Nous avons vu depuis hier les critiques concernant la collection de parascolaire « Mon cahier d’activités », sur notre page facebook et sur les réseaux sociaux.
Voilà la réponse que les éditions Magnard souhaitent faire à tous ceux que ces cahiers ont choqué :
« Les critiques concernant le contenu des ouvrages « Mon cahier d’activités » sont infondées : les activités pédagogiques proposées sont les mêmes d’un cahier à un autre, aucune discrimination n’est faite entre les filles et les garçons dans les apprentissages, ni ailleurs !
Les thèmes proposés sont variés : ainsi, on trouve la thématique de la cuisine pour les garçons, et celle des instruments de musique, pour les filles…
Concernant la carte du monde, elle est, dans chacun des ouvrages, l’interprétation libre d’un illustrateur sur le thème du monde, l’un ayant préféré aborder cela sous l’angle des animaux, l’autre sous l’angle des monuments, sans aucune arrière-pensée sexiste.
Ces cahiers sont avant tout des ouvrages ludiques et nous sommes sincèrement désolés si certaines personnes ont voulu y voir une atteinte à l’égalité homme-femme ! »

« Quand les féministes donnent envie d’être sexiste » Et ta mère, elle est sexiste?

Le 21 avril dernier, Philippe Bilger publiait un article sur le figaro.net pour parler de la polémique de la réédition des carnets de santé des Bouches-du-Rhône. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on est pas trop d’accord avec Phiphi. (Alors oui, j’aurais pu en parler plus tôt, mais j’étais un peu occupée à parler de sexe. Et si on peut éviter de lier ma vie sexuelle et un homme né en 1934, je suis plutôt pour).
Alors, cette polémique.
Donc, le conseil régional des Bouches du Rhône a édité un carnet de santé avec une couverture over cliché sexiste par delà la Lune. Du coup, quand les gens ont commencé à se plaindre, les 33 000 carnet ont été réédités. En terme de thune dépensée pour que dalle, ça se pose là cette histoire. En même temps, en terme de sexisme bien moche, on est pas mal. Voici la jolie couverture qui ne choque absolument pas Phiphi :
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La suite est à lire par ici.