Le cas Tariq Ramadan ou le défi de lutter sur plusieurs fronts

Pour une approche intersectionnelle des luttes antiracistes et antisexistes

Article de Souad Betka, publié sur le site Les mots sont importants
7 novembre 2017

« Laissons la justice faire son travail ! ». « Et la présomption d’innocence ? ». Le texte qui suit n’a évidemment pas pour vocation à se substituer au verdict judiciaire. On voit vite à sa lecture, d’ailleurs, qu’il est finalement peu question de « l’affaire Tariq Ramadan » en elle-même : ce sont les réactions suscitées par ce nouveau scandale qui m’intéressent et qui m’ont poussée à réagir. Par ailleurs, l’usage abusif de la présomption d’innocence pour suspendre toute pensée critique et verrouiller le débat politique sert un agenda clair auquel je m’oppose fortement, d’autant plus lorsqu’il devient un moyen d’accabler les plaignantes.

C’est un bien triste spectacle qui a accompagné et suivi les accusations de violences sexuelles et de viol à l’encontre de Tariq Ramadan. Les réactions, comme toujours, ont été extrêmement polarisées. Ici, un déferlement de haine, d’insultes sexistes et de commentaires d’une bassesse inégalée à l’encontre des plaignantes ; là, des commentaires racistes et islamophobes qui accablent, à travers un homme, toute une communauté.

Et n’est-ce pas le propre du racisme que de recourir à des procédés essentialistes : un homme musulman est toujours plus qu’un homme. Il est l’arbre qui représente la forêt, faute de la cacher. Il est la forêt. D’autres ont vu dans ces accusations une occasion en or pour faire taire Tariq Ramadan, perçu et fantasmé comme le cheval de Troie de l’islamisme en Europe.

Beaucoup attendent des réactions de la « communauté musulmane » et du monde associatif et religieux musulman. Regrette–t-on l’absence d’une campagne de type #NotInMyName ? Faut-il encore une fois, montrer patte blanche ?

Bien que critique de cette injonction pressante à réagir, je me retrouve là, moi, musulmane de France, militante antiraciste, prise par l’urgence d’écrire sur ce que révèlent les réactions révoltantes suscitées par cette affaire. Il semble primordial de rappeler que des accusations aussi graves doivent systématiquement être prises au sérieux et être reçues avec gravité. On ne prend pas une accusation de viol à la légère, d’autant plus lorsque des personnalités publiques sont concernées et que par conséquent, la violence des réactions de part et d’autre est si prévisible.

La nécessité d’une approche intersectionnelle

Nous voilà aujourd’hui face au problème de l’intersectionnalité vécu et théorisé par les féministes noires américaines. Dans son article fondateur « Démarginaliser l’intersection de la race et du sexe : une critique féministe noire de la doctrine anti discriminatoire, de la théorie féministe et des politiques antiracistes », Kimberlé Crenshaw relate que lorsqu’en 1851, dans le cadre de la convention des droits de la femme, Sojourner Thruth, une abolitionniste noire américaine et fervente défenseuse des droits des femmes, se leva pour prendre la parole, « plusieurs femmes blanches exhortèrent à la faire taire, craignant qu’elle puisse détourner l’attention pour le suffrage féminin [au profit de l’abolition de l’esclavage] ».

L’intersectionnalité désigne la situation de personnes qui subissent simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. C’est une théorie qui promeut une approche intégrée des inégalités sociales en faisant lumière sur l’imbrication de différentes structures d’oppression (race, sexe, classe, etc.) et sur leur caractère indissociable. Ainsi, si toutes les femmes sont oppressées en tant que femmes, un mouvement féministe ne pourra prétendre parler pour toutes les femmes qu’à partir du moment où il prendra en considération la situation de femmes qui subissent également du racisme au sein d’une société.

Par conséquent, en insistant sur la nécessité d’une approche inclusive, l’approche intersectionnelle refuse la hiérarchisation des différentes structures de domination sociale. Les féministes noires étaient à la fois critiques du racisme au sein du mouvement des féministes blanches et du sexisme au sein des mouvements antiracistes, et au sein de la société toute entière.

Or, c’est une chose de hiérarchiser les structures de domination sociale. C’en est une autre d’utiliser une forme de domination pour en nier une autre, et c’est ce que l’affaire des accusations à l’encontre de Tariq Ramadan génère à plusieurs égards. On s’indigne autant des commentaires sexistes à l’encontre des plaignantes pour sauver la cause d’un antiracisme androcentré que des réflexions racistes et islamophobes qui nourrissent un féminisme dévoyé à géométrie variable.

Nous, féministes musulmanes, refusons de sacrifier la lutte contre le sexisme et les violences patriarcales au combat antiraciste. Et ce n’est pas faire le jeu de ceux qui nourrissent le racisme dans la société que de dire cela parce que nous dénonçons avec tout autant de fermeté leur féminisme partiel, partial et bien souvent raciste. Le refus de mener ces deux luttes de front ne fait que renforcer le statu quo.

Le racisme nourrit le sexisme, en stigmatisant celles qui sont à l’intersection de plusieurs logiques de domination. Les femmes racisées, et en particulier, dans le contexte français, les femmes musulmanes qui portent un foulard, sont exclues du discours féministe dominant et sont l’objet d’un discours d’injonctions profondément paternaliste, anti féministe et sexiste qui leur nie la possibilité de faire des choix. Le racisme encourage par ailleurs des logiques de défense chez les racisés qui vont jusqu’à la négation des violences faites aux femmes. Dans un climat islamophobe, on préférera croire à un complot plutôt que d’imaginer que « l’un des siens » puisse se rendre coupable de violences sexuelles, qui pourront être instrumentalisées à des fins racistes.

Vers un féminisme inclusif ?

À en croire les réseaux sociaux, la violence des réactions parmi les musulmanes et les musulmans est à la hauteur du choc que ces accusations ont provoqué. Comment est-ce qu’un homme qui n’était pas seulement un homme de pouvoir influent (Harvey Weinstein) ou un intellectuel mais aussi un théologien, dont les écrits et les interventions portaient sur des questions de morale religieuse appliquée et de justice sociale, comment un tel homme peut-il faire preuve d’un comportement en parfaite contradiction avec ses enseignements ?

Pour beaucoup, c’était un mentor, un modèle, non seulement sur le plan intellectuel mais aussi sur celui du caractère voire de la vertu. Nombreuses sont les personnes qui témoignent de l’impact positif que ses écrits ont pu avoir dans leur vie, sur le plan spirituel, intellectuel et politique. Elles se reconnaissent dans la façon dont il articule l’éthique personnelle et l’engagement politique pour plus de justice sociale. Dès lors, on comprend que tout un monde s’effondre. Quelles que soient les conclusions auxquelles parviendra la Justice, cette affaire marque un réel tournant.

Ce qui m’attriste pourtant est quelque chose de bien plus profond. Nous, musulman.e.s français.e.s, serions-nous à ce point fragiles que nous aurions intériorisé la logique essentialiste du racisme et de l’islamophobie qui veut que si l’un des nôtres tombe, nous soyons toutes et tous contaminé.e.s, et que notre monde s’effondre ? C’est en même temps révélateur de la force avec laquelle beaucoup de personnes se sont identifiées à Tariq Ramadan, qui, à bien des égards, a contribué à articuler un discours contre l’islamophobie en France. Aujourd’hui, par cette affaire, il contribue à la nourrir. On observe parfois des réactions très similaires à celles qui ont suivi les attentats terroristes ces dernières années : un ras-le-bol de la récupération politique qui surfe sur l’islamophobie et une peur d’une nouvelle vague de stigmatisation. On aura beau répéter que le patriarcat et les violences sexuelles n’ont pas de religion, la meute est lâchée.

À ce stade, une précision s’impose. Ce texte n’est assurément pas un témoignage, pour autant je ne veux pas prétendre à la neutralité. S’il est sage, face à des accusations aussi graves que le viol, d’attendre que la Justice fasse son travail, je dois avouer que seule la violence des faits relatés dans les témoignages m’a surprise. Comme toute personnalité charismatique, Tariq Ramadan suscite beaucoup de fascination, et cela le place dans un rapport de pouvoir, surtout vis à vis de ses coreligionnaires.

Depuis plus de cinq ans, de nombreuses militantes associatives musulmanes de mon entourage m’ont témoigné avoir été victimes d’insultes, de manipulation et de harcèlement sexuel de la part de cet homme. Et si sentiment de trahison et colère il y a de ma part, ce n’est pas, loin s’en faut, parce que je considérais cette personnalité médiatique comme un modèle de vertu, ou parce que s’est manifesté un contraste saisissant entre le rigorisme moral qui est prôné et le libertinage dont nombre de témoignages se font l’écho – et si les viols sont établis à l’issue du procès, cela prendra une dimension bien plus grande encore, bien au-delà de ce que certains voudraient réduire à une simple « affaire de mœurs ».

Le plus scandaleux, c’est le fait de profiter de la fragilité de ses coreligionnaires. Si les agressions sexuelles sont établies à l’issue du procès, ce seront encore une fois les personnes les plus vulnérables, à en croire le profil des plaignantes au moment des faits, qui auront été victimes de ces abus de pouvoir. Et si elles ne le sont pas, l’affaire aura permis de libérer la parole quant aux abus de pouvoir et manipulations diverses qui ont été relatées par de nombreuses femmes, et de rappeler à quel point, plus que jamais, nous ne pouvons faire l’économie d’une approche intersectionnelle des dominations sociales.

Pour finir, on peut s’interroger sur l’utilisation de l’antiracisme comme seul ou principal argumentaire de défense face aux accusations d’agressions sexuelles, et sur le choix lourd de sens de l’avocat qui représente la famille d’Adama Traoré. Ce choix, manifestement, donne à penser que cette affaire d’agressions sexuelles est une question de racisme et tend à, sinon effacer, du moins minimiser la nature des principaux chefs d’accusation.

Refusons de fermer les yeux sur la violence sexiste et patriarcale au nom de l’antiracisme. Nous ne sacrifierons pas la lutte contre le sexisme et les violences sexuelles sur l’autel d’un antiracisme non inclusif. Malgré la violence et l’humiliation que représente cette affaire pour les musulman.e.s, qui n’ont décidément pas fini d’entendre parler d’elles.eux dans les médias et les débats publics, on ose espérer que cette affaire fera lumière sur le sectarisme et l’aveuglement aux violences sexistes au sein des milieux associatifs et militants, et qu’une introspection permettra de comprendre pourquoi des femmes musulmanes victimes d’agressions sexuelles peuvent être tentées d’aller chercher auprès de Caroline Fourest le soutien que d’autres, plus proches, tardent à leur apporter.

Enfin, je me ferai la défenseuse d’une certaine forme de Made in France (ce qui en étonnera plus d’un !). Nous ne voulons plus être les objets d’études et les fonds de commerce de personnalités extérieures qui vivent à mille lieues des réalités qui sont les nôtres. Avec des amis comme eux, nous n’avons plus besoin d’ennemis politiques. Nous avons suffisamment de ressources locales dans le monde associatif musulman pour pouvoir nous passer des services empoisonnés d’un imam tunisien, d’un journaliste algérien, d’un psychanalyste tunisien, ou même d’un théologien suisse.

Présentation du site Mouqawamet

L’excellent site Les mots sont importants attire aujourd’hui notre attention sur un autre site récent, Mouqawamet : les résistantes (en arabe). On trouvera ci-dessous la présentation qu’elles en font elles-mêmes.

 

Mouqawamet  : les résistantes (en arabe)

11693883_1455482084771653_6653662531322502016_n3Thidh yekkèthen ouzèl : celles qui frappent le métal, les femmes qui ne se laissent pas faire (en kabyle)

Citation tatouée au dos de la jeune femme:   » Les révolutions n’ont pas lieu dans la discrétion. La révolution et l’écriture,  toutes deux, ne connaissent pas le secret.  Casse la serrure du tiroir et écris dans la lumière.  Sois en en colère,  révolte toi, ne te tais pas.  » Nawal Al Saadawi   

Mouqawamet-Thidh yekkèthen ouzèl a pour but de collecter des ressources sur les luttes de femmes des sociétés arabes/amazigh et de produire de nouveaux outils et matériaux à l’adresse des femmes issues de ces diasporas en France et dans les pays francophones. Plusieurs raisons nous ont conduites à créer cet espace:

  • Nous voulons lutter contre le stéréotype raciste, orientaliste et islamophobe selon lequel les femmes des sociétés arabes/berbères seraient passives et soumises, et mettre en avant l’histoire des luttes et des combats de femmes, qu’elles se disent féministes ou non, qu’elles soient des intellectuelles reconnues, des artistes, des résistantes politiques, ou des femmes inconnues, menant un combat au quotidien. Il s’agit de lutter contre l’invisibilisation et de se réapproprier notre histoire, ces histoires. Cet espace d’échanges libres vise à dénoncer les discours et oppressions racistes et islamophobes véhiculés par la classe politique, les médias, le féminisme blanc, leur tentative d’invisibilisation ou de récupération des luttes des femmes arabes et berbères, mais ne s’empêchera pas non plus de dénoncer le patriarcat dans nos propres communautés.
  • Nous voulons lutter contre l’essentialisme de l’image de « la femme arabe », déconstruire cette image monolithique, et montrer la pluralité des identités de femmes, qu’elles soient  amazigh – aussi bien kabyles, chaoui, chleuha, rifaines etc-, arabes du Maghreb ou du Proche-Orient, noires -car il y a des femmes arabes et noires, par exemple au sud des pays du Maghreb, ou encore au Soudan- ou claires de peau, musulmanes sunnites ou chiites, chrétiennes, athées, juives, hétérosexuelles, lesbiennes, queer, trangenres… etc, ainsi que la pluralité des stratégies de luttes de femmes, en fonction des contextes différents.
  • Nous nous revendiquons donc de l’intersectionnalité des luttes. Nous refusons en effet de hiérarchiser les multiples oppressions auxquelles sont soumises les femmes arabes et amazigh et nous réfutons l’accusation selon laquelle le féminisme et la lutte contre le patriarcat seraient des outils blancs, occidentaux, et un luxe pour les femmes racisées, voire une façon pour elle de se compromettre avec le système raciste. Nous soutenons les luttes des femmes racisées contre la misogynie, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, la putophobie. Il y a un féminisme non blanc, qui existe depuis longtemps : bien avant et indépendamment de la colonisation, des femmes se sont battus et ont lutté pour leurs droits en tant que femmes, et c’est ce que ce site vise à mettre en lumière. Nous pensons qu’il est urgent d’ouvrir une troisième voie entre d’un côté le féminisme blanc paternaliste, souvent raciste et islamophobe, et de l’autre côté l’injonction à passer sous silence les revendications féministes par souci d’éviter la récupération raciste dont elles peuvent faire l’objet, par souci de solidarité avec les hommes arabes/berbères/musulmans déjà perçus par le système raciste comme essentiellement violents et machistes. Nous voulons mettre en valeur le féminisme islamique, qui est une façon pour les femmes musulmanes, à la fois de lutter contre l’instrumentalisation patriarcale de la religion, et aussi d’envoyer un message fort aux féministes blanches qui les construisent comme soumises, ainsi qu’aux islamophobes pour lesquels l’Islam est une religion fondamentalement sexiste et même plus sexiste que les autres. Mais nous voulons aussi mettre en valeur d’autres luttes féministes, des féministes dites « séculaires », qui ne se réclament pas de l’Islam,  parce que la lutte féministe n’est pas qu’une lutte d’interprétation des textes, mais une lutte pour transformer les rapports de force matériels dans une société.
  • Nous affirmons également notre opposition et notre lutte contre le système capitaliste qui opprime les femmes arabes et amazigh en France notamment à travers leur exploitation dans les emplois peu qualifiés (femmes de ménage, nounous…) permettant aux femmes/féministes blanches de travailler et d’avoir du temps libre pour leurs loisirs ou pour leurs propres luttes, alors que les femmes racisées s’occupent de leurs enfants et leur maison pour des salaires de misère. Nous ne saurions nous opposer véritablement à ce système sans dénoncer l’exploitation de nos soeurs du Sud qui travaillent à créer des produits manufacturés, notamment dans les usines de vêtements de Tunisie et du Maroc, pour les populations des pays industralisés dans des conditions plus que misérables et dont nous profitons malgré nous. De ce fait nous revendiquons une solidarité et une opposition transnational à ce système qui contribue grandement au maintien des structures coloniales. Nous affirmons aussi notre position anti-colonialiste, qui s’inscrit dans notre histoire collective et nos histoires personnelles, et nous soutenons activement les luttes de libération à travers le monde à commencer par l’une des dernières colonies au sens classique du terme et dernier pays arabe, encore sous le joug du colonialisme de peuplement classique, la Palestine.

 

Qui sommes-nous?

  • Nous sommes des femmes immigrées ou descendantes de l’immigration post-coloniale. Nous sommes  d’ici, nous vivons ici, mais nous sommes aussi d’ailleurs, nous avons des attachements affectifs forts, qui nous poussent à réhabiliter des figures de femmes auxquelles nous pouvons nous identifier, et dont nous pouvons nous inspirer, qui nous poussent à lutter contre l’image passive qu’on nous renvoie. Il ne s’agit pas de donner notre avis sur les stratégies de femmes qui vivent dans un autre contexte, ou de parler à leur place, mais de les mettre en visibilité. Il ne s’agit pas non plus de construire une image mythique et essentialiste de la « femme arabe ». Mais il s’agit d’affirmer notre appartenance à un continuum historique. Nos mères et nos grands-mères n’ont pas fait que mettre au monde des moudjahdine, et ont, de tous temps, participé à la lutte pour leur peuple et/ou la lutte pour leurs droits. Nous nous revendiquons de cet héritage et nous affirmons une position d’égalité avec les hommes. Tout comme nos ancêtres, nous ne faisons pas que mettre au monde des hommes qui feront l’Histoire.
  • Nous pensons cependant qu’il est important de ne pas mélanger les contextes et de saisir les enjeux de chaque lutte, car les stratégies ne peuvent pas être transposés de façon paternaliste: il n’est pas possible de dicter aux femmes du Sud comment elles doivent se libérer, comme le font par exemple le groupe néocoloniale des Femens, mais il est aussi absurde de transposer le combat de certaines femmes contre le pouvoir religieux au Sud, tel quel, en France, dans un contexte islamophobe, où l’urgence est de lutter pour le droit à se voiler librement.
  • Notre choix de se concentrer spécifiquement sur les luttes de femmes arabes/amazigh est un choix  ponctuel : il s’agit dans l’espace de ce blog, de déconstruire les préjugés racistes spécifiques pesant sur les femmes arabes/amazigh, qui ne sont pas les mêmes que ceux pesant sur les femmes noires ou asiatiques, par exemple, ou les autres femmes racisées. Chaque racisme s’exprime de façon spécifique, et pour le déconstruire, nous avons besoin de cet espace spécifique, d’autant plus que la figure des femmes arabes/amazigh s’efface trop souvent derrière l’identité musulmane, qui est une identité qui nous est également chère, mais qui ne nous permet pas toujours d’aborder certaines questions féministes. Mais nous n’envisageons pas de lutte féministe décoloniale sans alliance avec toutes les femmes non blanches.
  • Mouqawamet-Thidh yekkèthen ouzèl se définit comme un espace alternatif et expérimental offrant un lieu de réflexions,de témoignages, de mises en commun de notre patrimoine mais aussi, nous l’espérons, de projets. Cette plate-forme virtuelle est ouverte à un ensemble d’outils et de méthodes dont les lectrices sont les potentielles créatrices. Nous refusons de nous soumettre à un classisme et un élitisme qui peut brider la parole de nombreuses femmes. Nous faisons un effort pour être les plus inclusives et compréhensibles possibles dans notre manière d’écrire afin de démocratiser l’accès à ces ressources. Nous sommes ouvertes à toute critique à ce sujet, si jamais certains articles restent peu compréhensibles. Nous sommes également ouvertes à toute contribution pour enrichir ce blog, que ce soit pour proposer un article déjà écrit, pour suggérer un article sur telle ou telle femme, telle ou telle féministe, telle ou telle lutte. N’hésitez pas à vous proposer !