À propos du prix Nobel de la paix : Malala Yousafzai et le complexe du sauveur blanc

malala-yousafzai-and-talibanVoici un coup de gueule d’Assed Baig à propos du prix Nobel de la paix qui vient d’être remis à Malala Yousafzai, jeune pakistanaise qui avait été gravement blessée par des hommes armés talibans, en raison de son engagement pour l’école. Son article, traduit de l’anglais, est publié par le site État d’exception (voir le lien ci-après.)

Assed Baig (@AssedBaig) est un journaliste de presse écrite et audiovisuelle basé à Londres. Il a couvert des événements partout dans le monde, y compris en Somalie, Libye, Myanmar et Pakistan. Il travaille actuellement en tant que pigiste et à la réalisation de documentaires. Il a précédemment travaillé pour la BBC dans les Midlands en tant que journaliste et connaît bien les histoires relatives à la communauté musulmane. Assed a vécu et étudié en Syrie et en Mauritanie. Il contribue au New Statesman, Vice, Huffington Post, ainsi qu’à d’autres titres. On peut lire son article en suivant le lien ci-dessous.

Malala Yousafzai et le complexe du sauveur blanc | Etat d’Exception.

Les avantages à naître et grandir homme en France

Lorsqu’on naît en France en 2014, on est, dans l’immense majorité des cas, assigné mâle ou femelle et on sera ensuite éduqué, socialisé en fonction de cette assignation de genre. C’est la fameuse phrase de Beauvoir ; « on ne naît pas femme on le devient » et il en est de même pour les hommes ; on ne naît pas homme, on le devient par des processus de socialisation et d’éducation. On va vous apprendre des comportements, des attitudes, des manières de parler, de jouer, de travailler qui correspondront à ce qu’on attend d’un homme, ou d’une femme au XXIème siècle en France.

De façon quasi universelle, dans le monde, les familles préfèrent avoir un garçon qu’une fille. Dans certains pays, comme par exemple en Inde, on aura plus tendance à avorter d’un fœtus féminin, voire à tuer la nouvelle née dans certains pays. On tend également à pratiquer davantage d’échographies pour vérifier qu’on va bien accoucher d’un garçon et, dans de nombreuses familles, on dit vouloir continuer à faire des enfants jusqu’à ce qu’on ait un garçon.

Garçons et filles sont donc éduqués différemment et ce qu’on apprend aux garçons est valorisé, considéré comme plus intéressant, plus utile, que ce qui est enseigné aux filles.

Lire la suite par ici.

Parution de Timult n° 8

Timult8Timult n° 8 est paru !

Qu’est-ce qui fait une vie ? Réponse… Impossible… Ou alors peut-être : Éplucher des pommes de terre, préparer des patates sautées. Préparer un sandwich et le passer à l’ami·e qui part, pour la journée ou pour un long trajet. Se mettre en colère et jeter une chaise. Regarder les choses en face et décider de partir, loin. Arriver : nouvel endroit, nouveau pays ; Chercher à se faire une vie. Lutter pour une vie meilleure et se soutenir dans cet ailleurs. Bosser quand c’est nécessaire, sans jamais se laisser faire. Pleurer la mort d’un ami et à plusieurs, écrire une page de lutte, rage et hommage. Flipper face aux rangs serrés des réacs ; Peur panique d’un monde fasciste ; Se ressaisir et le repousser et douter à nouveau … Prendre des vacances et aller marcher dans la nature. Regarder autour de soi, et se dire qu’elle n’existe pas, la nature. Passer des vacances en mélange d’âges et s’inventer ensemble ; Inventer la vie sans rejouer l’éternelle comédie, petit·es vs. grand·es, adultes vs. enfants. Décider ou non de mettre au monde un·e enfant. Inviter des ami·es et attendre l’accouchement. Partager des intimités, sans coucher ; Y penser et décider de partager une sexualité. Aménager sa place et sortir en jupe courte ; Porter haut les attributs de la féminité, face aux coups bas d’un sexisme affiché. Apprivoiser ses tocs et interpeller les amitiés pour s’épauler. Être soigné·e sous contrainte, psychiatrisé·e ; S’en échapper, et balancer les abus médicaux et lobbys des labos. Nommer ses choix et les porter avec fierté. passer du temps avec un ordi et former un duo d’enfer. Se méfier de lui et le jeter par la fenêtre.

Voilà, à vous. Bonne lecture, en espérant que ce Timult n°8 vous nourisse.

Voir les coordonnées de la revue par ici. (Timult est aussi disponible à la bibliothèque d’Agate, armoise et salamandre, 6 rue Saint-Mary à Forcalquier / permanence le samedi après-midi de 15 à 19h.)

 

Des assassinats de Ciudad Juárez au phénomène des féminicides : de nouvelles formes de violences contre les femmes ?

Le texte que Jules Falquet nous propose ici [sur le site de la revue Contretemps] est issu d’un travail  sur les recompositions de la violence, et sur la centralité des violences masculines contre les femmes, dans le développement contemporain du mode de production néolibéral — lui-même compris comme la résultante de l’évolution conjointe de rapports sociaux capitalistes, colonio-racistes et hétéro-patriarcaux.

Féministe et activiste « à ses heures libres », Jules Falquet[1] a vécu dans le Chiapas, à Mexico et au Salvador. Elle travaille sur les mouvements sociaux, les résistances à la mondialisation néolibérale, les recompositions de la violence masculine contre les femmes et l’imbrication des rapports sociaux de sexe, « race » et classe.

Cliquer ici pour lire le texte :

Des assassinats de Ciudad Juárez au phénomène des féminicides : de nouvelles formes de violences contre les femmes ? | Contretemps.

Reproduction et lutte féministe dans la nouvelle division internationale du travail

Silvia Federici propose ici de réorienter l’agenda féministe dans les pays du Nord. En pointant les limites d’une approche exclusivement fondée sur les droits des femmes ou la prévention des violences sexistes, elle invite à remettre au centre de l’attention les effets de la nouvelle division internationale du travail. Loin de se résumer à une relocalisation des industries au Sud, cette nouvelle division du travail impose aux femmes des pays du Sud de réaliser une partie croissante du travail reproductif nécessaire des pays du Nord. En pointant cette hiérarchie mondiale, Federici souligne combien le mouvement féministe contemporain ne pourra faire l’impasse sur les nouvelles divisions parmi les femmes s’il entend rester un mouvement émancipateur.

Cliquer ici pour lire l’article : Reproduction et lutte féministe dans la nouvelle division internationale du travail | Période.

De et sur Silvia Federici, on peut lire et voir aussi sur Corps et politique :

Aux origines du capitalisme patriarcal

Rencontre avec Silvia Federici (conférence enregistrée en video)

Caliban et la sorcière, un résumé

Politiques sexuelles et besoins sociaux : pour un féminisme marxiste

Article de Rosemary Hennessy publié par la revue en ligne Période. Ci-après la présentation qu’en donne la revue. Pour lire l’article, voir le lien ci-dessous.

Dans le sillage des études et des mouvements queer, les identités sexuelles n’ont jamais autant fait l’épreuve d’une attention et d’une élaboration critique. Il est désormais d’usage de critiquer un mouvement gay et lesbien mainstream, de débattre ou de chercher à élargir les coalitions lesbiennes, gay, bi, trans (LGBT), ou encore de proposer une refondation queer des politiques sexuelles. Rosemary Hennessy propose ici de s’appuyer sur l’approche marxiste des besoins sociaux pour reconceptualiser les liens entre identités et rapports sociaux. Elle fait l’hypothèse d’une refondation marxiste et féministe des politiques sexuelles, appuyé sur la pluralité et l’étendue des besoins réprimés par le capitalisme.

Politiques sexuelles et besoins sociaux : pour un féminisme marxiste | Période.

L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre

L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre

Il semble que Gayle Rubin ait été la première à utiliser la notion de genre dans ce texte, qui date de 1975 et qui est devenu un « classique » du féminisme. Extrait (on peut lire le texte entier en ligne – voir le lien après l’extrait) :

Marx avait posé cette question : « Qu’est-ce qu’un esclave nègre ? Un homme de race noire. Cette explication a autant de valeur que la première. Un nègre est un nègre. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’il devient esclave. Une machine à filer le coton est une machine pour filer le coton. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient du capital. Arrachée à ces conditions, elle n’est pas plus du capital que l’or n’est par lui-même de la monnaie ou le sucre le prix du sucre » (Marx 1972 : 35). On pourrait paraphraser ainsi : Qu’est-ce qu’une femme domestiquée ? Une femelle de l’espèce. Cette explication a autant de valeur que la première. Une femme est une femme. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient une domestique, une épouse, un bien meuble, une minette du club Playboy, une prostituée ou un dictaphone humain. Arrachée à ces conditions, elle n’est pas plus l’assistante de l’homme que l’or n’est par lui-même de la monnaie, etc. Quelles sont donc ces relations sociales qui font qu’une femelle devient une femme opprimée ?

Gayle Rubin, « L’économie politique du sexe : transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre », Les cahiers du CEDREF [En ligne], 7 | 1998, mis en ligne le 27 juillet 2009, Consulté le 27 septembre 2014. URL : http://cedref.revues.org/171

Aux origines du capitalisme patriarcal : entretien avec Silvia Federici

Traduit de l’anglais par  Stella Magliani-Belkacem, cet entretien avec Silvia Federici, réalisé par Tessa Echeverria et Andrew Sernatinger, du « socialist podcast Black Sheep », a été publié en français par la revue en ligne Contretemps – pour le lire, cliquer sur le lien ci-après Continuer la lecture de « Aux origines du capitalisme patriarcal : entretien avec Silvia Federici »

Sorcière, sorcières

JEF-BAN-copie« Sorcière, sorcières » est une fiction sonore de Raphaël Mouterde et Élisa Monteil (durée 24 min 05). C’est le cinquième titre du disque Marabout de la nouvelle et excellente revue Jef Klak (en savoir plus sur ce Jef…)

Les mauvaises, les dangereuses, les laides, les bannies, les brûlées vives, les noyées : les sorcières. Ces femmes qui dans l’imaginaire commun ont un pouvoir. L’imaginaire commun a suffi aux inquisiteurs pour mettre en place une vaste chasse aux sorcières, aux « praticiens infernaux », atteignant son apogée aux XVIe et XVIIe siècles. Entre 50 et 100.000 personnes périrent : 80% d’entre elles étaient des femmes des classes populaires.

Après l’écrasement, que reste-t-il des femmes, des pratiques, de l’insoumission, des corps ? Il jaillit une lettre, une adresse, un acte, un geste.

Pour écouter, c’est par ici.

Le camion et la poupée : jeux de singes, jeux de vilains | Allodoxia

Un argument est régulièrement invoqué à l’appui de l’idée qu’il existe une différence naturelle entre filles et garçons dans les choix de jouets : la même différence aurait été observée chez les singes. La lecture de la littérature scientifique ayant adressé cette question ne nous apprend pas grand chose sur les singes, et encore moins sur les enfants humains. Elle permet en revanche d’éclairer sous un jour intéressant le comportement des personnes qui ont utilisé cet argument, eu égard à la manière souvent fantaisiste – et toujours fallacieuse – dont ils ont résumé cette littérature. Ce nouvel exemple de vulgarisation scientifique alimentant la naturalisation du genre est aussi l’occasion d’explorer la grande diversité de ses chemins, ainsi que celle des modalités de distorsion des résultats d’études scientifiques.

Le camion et la poupée : jeux de singes, jeux de vilains | Allodoxia.