Hier, lecture étrange. Un tweet de In Seine-Saint-Denis , met en avant un label bien singulier proposé aux bars et restaurants de Saint-Denis et ayant pour but la promotion de la mixité dans les troquets de la ville. Malaise.
Par Agnes Druel, un article trouvé ici.
Depuis le reportage de France 2 sur l’acceptation ou non des femmes dans certains bars de banlieues, notamment à Sevran, le débat a été relancé sur la place accordée aux femmes dans l’espace public, spécialement en banlieue, où il semblerait que la Femme ne puisse pas aller où elle veut, et que l’accès de quelques bars lui serait refusé.
Il y a alors eu des reportages, des plateaux télés où des experts en laïcité et féminisme se sont écharpés pour dénoncer l’islamisme grandissant en banlieue et le danger que cela représente, la banlieue y est secouée et malmenée. Il y aura aussi une contre-enquête efficace du Bondy Blog, suivie d’une « contre » contre-enquête de Marianne, qui remplie de clichés réponds aux attentes et fantasmes de l’imaginaire collectif sur la banlieue.
Et puis, l’Observatoire de laïcité de Saint-Denis et le collectif « Sacamain » ont surenchérit en lançant une campagne destinée à promouvoir la place de la femme dans l’espace public dionysien en faisant signer une charte de la mixité aux commerçants volontaires, et en distribuant des petits autocollants que le propriétaire de bar colle sur sa porte et ou l’on y voit, sous forme de dessin, une femme fumant une cigarette assise à la même table qu’un homme. Parce que la femme libre et émancipée a les cheveux détachés et fume des cigarettes en terrasse de Saint-Denis. Cela ne peut être autrement.
Voilà, nous y sommes arrivés. La femme est acceptée dans tel ou tel bar au même titre que les tickets restaurants ou les animaux de compagnies. Un petit autocollant qui vient rappeler que la présence féminine est vivement souhaitée, et que le propriétaire s’engage, à travers la charte, à accueillir avec bienveillance le « sexe faible » dans son commerce.Ce n’est pas une maladresse. Ce n’est pas une erreur de communication. C’est simplement une suite logique d’heures de débats sur une réalité fantasmée en banlieue, de matraquage médiatique à l’encontre d’une partie de la population en raison de sa religion, l’Islam, qui se voudrait machiste et rétrograde. Une suite logique de débats politiques tronqués par la montée en puissance des idées racistes et islamophobes de Marine Le Pen qui voit dans le burquini l’ennemi de la République, et à qui l’on offre un boulevard médiatique pour qu’elle puisse répandre sa haine en toute tranquillité.
Des heures de pseudos débats, de reportages construit uniquement sur des clichés tenaces et une haine de l’autre qui s’assume de plus en plus en facilement au pays des droits de l’homme, auront finalement aboutis à l’impression de petits autocollants annonçant « la bienveillance » d’un commerçant à l’égard des femmes. Nous, femmes dionysiennes, sommes heureuses d’apprendre qu’au même titre que les chiens et les cartes bleues, que notre présence est maintenant autorisée et désirée dans certains bars de notre ville.
Depuis que j’habite à Saint-Denis, l’entrée d’aucun établissement ne m’a été refusée. Je suis libre de circuler où il me plait, quand je le souhaite. C’est pourquoi je refuse cette campagne de la division menée par ces deux associations et que je ne me rendrais plus dans les 14 bars signataires de la charte pour aller boire des verres avec mes amis. J’irai ailleurs, là ou sous couvert d’une prétendue égalité homme-femme, les islamophobes et autres semeurs de haine, n’ont pas trouvé écho à leur message dangereux.