« Personnages » et « dérapages » – Les mots sont importants lmsi.net

Le mardi 30 septembre 2014, l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence a été le théâtre d’une agression verbale raciste de la part d’un enseignant ayant conduit une jeune femme portant un foulard, accusée d’être « le cheval de troie de l’islamisme », à quitter l’amphithéatre au sein duquel elle suivait son cours. Elle n’a donc pas été exclue à partir d’une loi ou d’un règlement intérieur mais exclue de fait par la volonté d’un acteur éducatif. Le traitement médiatique de cette agression, joliment requalifiée en « incident » ou « accrochage », en simple « dérapage » de la part d’un « personnage », voire en « altercation entre un professeur et une étudiante » [1], met en lumière plusieurs formes de dominations, et tout simplement une remise en cause de la légitimité de la présence en France d’une frange de la population.

le texte intégral de cet article se trouve ici : « Personnages » et « dérapages » – Les mots sont importants lmsi.net.

Salvador. À deux doigts de la mort : la violence contre les femmes et l’interdiction de l’avortement – Amnesty International Belgique Francophone

Salvador. À deux doigts de la mort : la violence contre les femmes et l’interdiction de l’avortement – Amnesty International Belgique Francophone.

María Teresa Rivera a été condamnée pour avoir fait une fausse couche et purge actuellement une peine de 40 ans de prison. Âgée de 28 ans au moment des faits, elle était mère célibataire et travaillait dans une usine de confection quand, un jour, elle a eu un besoin urgent d’aller aux toilettes. Sa belle-mère l’a découverte par terre, baignant dans son sang. María Teresa ne savait pas qu’elle était enceinte.

María Teresa Rivera a été transportée d’urgence à l’hôpital, où un membre du personnel l’a dénoncée à la police. Les policiers, arrivés sur les lieux, ont commencé à l’interroger en l’absence d’un avocat.

Elle a été jugée et déclarée coupable d’homicide avec circonstances aggravantes, sur la base de preuves pourtant douteuses. Le juge a déclaré que les dires de María Teresa, qui affirmait qu’elle ne savait pas qu’elle était enceinte (un point clef du dossier), n’étaient pas crédibles car le tribunal avait la preuve qu’en janvier 2011 elle avait dit à son employeur qu’elle était peut-être enceinte. Si la grossesse avait démarré en janvier 2011 et s’était terminée en novembre 2011, María Teresa aurait eu une grossesse de 11 mois.

María Teresa Rivera a déclaré à Amnesty International : « Le jour de l’audience, j’ai juste eu très mal. Lorsque le jugement a été prononcé, j’ai demandé à Dieu de me donner de la force. J’ai dit “mon Dieu, mon fils aura 45 ans quand je sortirai de prison.” »

« Qu’est-ce que je peux espérer de l’avenir ? La liberté. La nuit, je suis souvent triste parce que je veux être avec mon fils, dormir à côté de lui […] Je veux qu’elles [les femmes qui ne sont pas en prison] apprécient tout ce qu’elles ont dehors, parce qu’elles ne réalisent pas ce qu’elles ont. L’eau, un centime […] elles devraient apprécier tout ce qu’elles ont, tout  ».

María Teresa Rivera est l’une des 17 femmes emprisonnées, certaines pour des motifs liés à une grossesse comme des avortements et des fausses couches, pour lesquelles un recours en grâce présidentielle a été déposé. Dans toutes ces affaires, tous les autres recours formés en vue d’une remise en liberté ont été épuisés.

Cristina a déclaré avoir fait une fausse couche à 18 ans. Alors qu’elle était enceinte, elle avait ressenti une douleur fulgurante et avait couru aux toilettes où elle avait perdu connaissance. Sa famille l’avait retrouvée en pleine hémorragie, couverte de sang. Elle avait été emmenée d’urgence à l’hôpital mais là, au lieu d’être traitée comme une patiente en souffrance, elle avait été accusée d’être une criminelle et questionnée : « Pourquoi as-tu tué ton enfant ? »

La soupçonnant d’avoir déclenché un avortement, le personnel de l’hôpital avait dénoncé Cristina à la police. Elle avait été accusée d’homicide avec circonstances aggravantes mais l’affaire avait été classée sans suite en octobre 2004, faute de preuves. Cependant, le Bureau du procureur général a fait appel et Cristina a été déclarée coupable en août 2005 et condamnée à 30 ans d’emprisonnement.

Cristina a déclaré à Amnesty International : « La cause du décès était indéterminée, ils ne savaient pas pourquoi le bébé était mort, alors comment ont-ils pu m’accuser d’homicide aggravé pour la mort de mon enfant s’ils ne disposaient même pas de cette preuve fondamentale ? Il s’agit de négligence de la part du juge, c’est évident […] Comment ces gens, qui sont supposés être si professionnels, peuvent-ils faire ce type d’erreur ? »

Le procureur avait affirmé que Cristina avait l’obligation d’en faire plus pour sauver son enfant. Cependant, un médecin de l’Institut médicolégal aurait fourni des preuves au tribunal que Cristina était en état de choc et avait perdu connaissance au moment de la naissance.

« Comment, alors que j’étais étendue sur le sol, inconsciente, étais-je censée me précipiter à l’hôpital avec mon bébé ? » demande Cristina.

Le ministère de la Justice et de la Sécurité publique a finalement commué sa peine, au motif qu’elle était excessive, sévère et disproportionnée.

Cristina a été libérée en août 2009, après tout de même quatre années de prison.

À propos du prix Nobel de la paix : Malala Yousafzai et le complexe du sauveur blanc

malala-yousafzai-and-talibanVoici un coup de gueule d’Assed Baig à propos du prix Nobel de la paix qui vient d’être remis à Malala Yousafzai, jeune pakistanaise qui avait été gravement blessée par des hommes armés talibans, en raison de son engagement pour l’école. Son article, traduit de l’anglais, est publié par le site État d’exception (voir le lien ci-après.)

Assed Baig (@AssedBaig) est un journaliste de presse écrite et audiovisuelle basé à Londres. Il a couvert des événements partout dans le monde, y compris en Somalie, Libye, Myanmar et Pakistan. Il travaille actuellement en tant que pigiste et à la réalisation de documentaires. Il a précédemment travaillé pour la BBC dans les Midlands en tant que journaliste et connaît bien les histoires relatives à la communauté musulmane. Assed a vécu et étudié en Syrie et en Mauritanie. Il contribue au New Statesman, Vice, Huffington Post, ainsi qu’à d’autres titres. On peut lire son article en suivant le lien ci-dessous.

Malala Yousafzai et le complexe du sauveur blanc | Etat d’Exception.

Les avantages à naître et grandir homme en France

Lorsqu’on naît en France en 2014, on est, dans l’immense majorité des cas, assigné mâle ou femelle et on sera ensuite éduqué, socialisé en fonction de cette assignation de genre. C’est la fameuse phrase de Beauvoir ; « on ne naît pas femme on le devient » et il en est de même pour les hommes ; on ne naît pas homme, on le devient par des processus de socialisation et d’éducation. On va vous apprendre des comportements, des attitudes, des manières de parler, de jouer, de travailler qui correspondront à ce qu’on attend d’un homme, ou d’une femme au XXIème siècle en France.

De façon quasi universelle, dans le monde, les familles préfèrent avoir un garçon qu’une fille. Dans certains pays, comme par exemple en Inde, on aura plus tendance à avorter d’un fœtus féminin, voire à tuer la nouvelle née dans certains pays. On tend également à pratiquer davantage d’échographies pour vérifier qu’on va bien accoucher d’un garçon et, dans de nombreuses familles, on dit vouloir continuer à faire des enfants jusqu’à ce qu’on ait un garçon.

Garçons et filles sont donc éduqués différemment et ce qu’on apprend aux garçons est valorisé, considéré comme plus intéressant, plus utile, que ce qui est enseigné aux filles.

Lire la suite par ici.

Parution de Timult n° 8

Timult8Timult n° 8 est paru !

Qu’est-ce qui fait une vie ? Réponse… Impossible… Ou alors peut-être : Éplucher des pommes de terre, préparer des patates sautées. Préparer un sandwich et le passer à l’ami·e qui part, pour la journée ou pour un long trajet. Se mettre en colère et jeter une chaise. Regarder les choses en face et décider de partir, loin. Arriver : nouvel endroit, nouveau pays ; Chercher à se faire une vie. Lutter pour une vie meilleure et se soutenir dans cet ailleurs. Bosser quand c’est nécessaire, sans jamais se laisser faire. Pleurer la mort d’un ami et à plusieurs, écrire une page de lutte, rage et hommage. Flipper face aux rangs serrés des réacs ; Peur panique d’un monde fasciste ; Se ressaisir et le repousser et douter à nouveau … Prendre des vacances et aller marcher dans la nature. Regarder autour de soi, et se dire qu’elle n’existe pas, la nature. Passer des vacances en mélange d’âges et s’inventer ensemble ; Inventer la vie sans rejouer l’éternelle comédie, petit·es vs. grand·es, adultes vs. enfants. Décider ou non de mettre au monde un·e enfant. Inviter des ami·es et attendre l’accouchement. Partager des intimités, sans coucher ; Y penser et décider de partager une sexualité. Aménager sa place et sortir en jupe courte ; Porter haut les attributs de la féminité, face aux coups bas d’un sexisme affiché. Apprivoiser ses tocs et interpeller les amitiés pour s’épauler. Être soigné·e sous contrainte, psychiatrisé·e ; S’en échapper, et balancer les abus médicaux et lobbys des labos. Nommer ses choix et les porter avec fierté. passer du temps avec un ordi et former un duo d’enfer. Se méfier de lui et le jeter par la fenêtre.

Voilà, à vous. Bonne lecture, en espérant que ce Timult n°8 vous nourisse.

Voir les coordonnées de la revue par ici. (Timult est aussi disponible à la bibliothèque d’Agate, armoise et salamandre, 6 rue Saint-Mary à Forcalquier / permanence le samedi après-midi de 15 à 19h.)

 

Des assassinats de Ciudad Juárez au phénomène des féminicides : de nouvelles formes de violences contre les femmes ?

Le texte que Jules Falquet nous propose ici [sur le site de la revue Contretemps] est issu d’un travail  sur les recompositions de la violence, et sur la centralité des violences masculines contre les femmes, dans le développement contemporain du mode de production néolibéral — lui-même compris comme la résultante de l’évolution conjointe de rapports sociaux capitalistes, colonio-racistes et hétéro-patriarcaux.

Féministe et activiste « à ses heures libres », Jules Falquet[1] a vécu dans le Chiapas, à Mexico et au Salvador. Elle travaille sur les mouvements sociaux, les résistances à la mondialisation néolibérale, les recompositions de la violence masculine contre les femmes et l’imbrication des rapports sociaux de sexe, « race » et classe.

Cliquer ici pour lire le texte :

Des assassinats de Ciudad Juárez au phénomène des féminicides : de nouvelles formes de violences contre les femmes ? | Contretemps.