« Rupture anarchiste et trahison pro-féministe. Écrits et échanges de Léo Thiers-Vidal »

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Rupture anarchiste et trahison pro-féministe. Écrits et échanges de Léo Thiers-Vidal. Bambule éd., février 2013, 208 pages, 8 euros (disponible à la bibliothèque d’Agate, armoise et salamandre)

Léo Thiers-Vidal (1970-2007) était militant anarchiste et chercheur en sciences sociales. Ses engagements l’ont amené très vite à se confronter à la domination masculine, et à essayer de comprendre comment « penser [et transformer] les rapports sociaux de sexe à partir d’une position sociale oppressive » (d’après le titre de l’un de ses articles, reproduit ici).

 Pour le versant militant, trois expériences vécues par lui sont évoquées dans ces textes. La première entraîna sa « prise de conscience » de la réalité des rapports d’oppression entre hommes et femmes. Il s’agissait d’un « camping antipatriarcal » en Ariège, en 1995 : « […] les groupes de parole non-mixtes et mixtes ont rapidement fait émerger une asymétrie de vécus entre femmes et hommes, et donc de thématiques envisagées et de manières de les traiter. Très rapidement, des oppositions se sont en effet révélées : les hommes engagés ressortaient joyeux des ateliers non-mixtes masculins où ils avaient par exemple abordé les premières expériences sexuelles, les fantasmes, l’expression d’émotions, tandis que les féministes ressortaient graves d’ateliers où elles avaient abordé les violences sexuelles et leurs conséquences sur leur sexualité et leurt intégrité. Au cours de ces journées, cette distance a crû jusqu’à provoquer une confrontation : les féministes ont exigé que les hommes engagés prennent conscience de ce décalage, lié à l’oppression vécue par les femmes, et de la hiérarchie des positions genrées. Si elles ont, malgré leur colère et leur douleur, opté pour une approche très pédagogique, les hommes ont, eux, refusé de proposer une réponse collective et d’accepter cette main tendue. De surcroît, elles ont signalé qu’elles avaient été progressivement exclues des interactions mixtes : regards fuyants, disparition d’une convivialité présente auparavant. » C’est pourquoi Léo Thiers-Vidal ne cesssera d’insister par la suite, sur la première des conditions à respecter afin de pouvoir se dire sincèrement pro-féministe : se rendre capable d’écoute, c’est-à dire faire preuve d’humilité et d’empathie.

La deuxième expérience a opposé Léo Thiers-Vidal et quelques-un·e·s de ses camarades aux vieux croûtons (l’expression est de moi) de la librairie La Gryffe, vénérable institution anarchiste lyonnaise. En mai 1998, cette dernière (avec Léo, entre autres co-organisateurs) propose « Trois jours pour le grand soir », manière de commémorer Mai 68. Pour résumer, disons que plusieurs débats (sur le pouvoir en milieu militant, sur le patriarcat…) ont tourné à une critique réactionnaire du féminisme par les hommes qui, non contents d’opposer une surdité systématique aux arguments des féministes, les ont carrément traitées de « lesbiennes (!), séparatistes, manipulées, maoïstes voire fascistes ». L’affaire ne s’est pas arrêtée là, puisque Léo et quelques autres ont protesté avec véhémence contre ces mauvaises manières. Des textes ont circulé, dans lesquels les vieux croûtons développent deux arguments auxquels, malgré leur aspect caricatural, on fera bien de prêter attention, car il se pourrait que ce ne soit ni la première ni la dernière fois qu’ils sont employés.

  1. L’argument libéral : « Les journées libertaires étaient ouvertes, sans exclusive […], à toutes les composantes et points de vue du mouvement libertaire. Or certains d’entre eux considèrent les luttes de femmes comme secondaires ou ne perçoivent pas l’importance de leurs enjeux. D’autres, plus affirmés encore, dénoncent le féminisme, considèrent, de leur point de vue, que le féminisme s’enferme dans une impasse sectaire et particulariste qui s’oppose à une remise en cause de l’ordre social et, finalement, à la libération des femmes. C’est comme ça. Tous ces points de vue contribuent également à composer le mouvement libertaire. » Ce que commente ainsi Léo : « Ce discours est un discours libéral et non libertaire à mes yeux car il reconnaît une même valeur à des pensées qui s’opposent à la domination et l’exploitation des femmes qu’à des pensées qui nient ou invisibilisent cette domination. […] qu’est-ce qui permet de ranger le féminisme parmi les différentes tendances libertaires et non parmi les exigences minimales politiques que sont l’antiracisme, la lutte contre l’antisémitisme ou la lutte contre le capitalisme ? »

  2. L’argument « totalitaire » : « Parce qu’ils tiennent à la totalité des rapports sociaux, à la totalité de l’ordre social où nous vivons et aux racines même de cet ordre, les rapports de domination inclus dans les rapports hommes/femmes, comme tous les autres rapports de domination, ne peuvent pas être résolus localement, à l’intérieur d’un collectif quel qu’il soit (même non-mixte paradoxalement). Se fixer pour objectif prioritaire de les résoudre à l’intérieur de ce collectif est une tâche absurde et impossible qui, au lieu de libérer, et en raison même de son impossibilité, multiplie au contraire, à la façon des groupements religieux, les instruments et les rapports d’oppression. » On voit bien la malhonnêteté qu’il y a à prétendre que les féministes croient pouvoir régler une fois pour toutes leur compte aux rapports de domination à l’intérieur de tel ou tel collectif… malhonnêteté qui conduit à prédire un devenir-secte aux groupes qui tenteraient pratiquement de lutter contre la domination masculine en leur sein, par exemple en étant plus attentifs à la répartition des prises de parole, aux divers partages des tâches, etc.

Troisième expérience (déception ?) « militante »: il s’agit d’un « week-end entre dominants de genre » organisé en mars 2005 à Dijon. Malgré les déclarations de bonnes intentions qui accompagnaient l’annonce de la rencontre (« Nous ne voulons pas conforter les réflexes de solidarité masculine qui s’exercent habituellement contre les [femmes] mais les remettre en cause. »), l’affaire tourne au vinaigre lorsque, sur proposition d’un des participants, approuvée par la majorité, s’engage une séance sur « les tabous intériorisés face aux féministes ». La discussion commence par l’exposé, fait par celui qui avait proposé le thème, de ses griefs contre une féministe : « Cette femme avait en effet exprimé le désir qu’un autre homme ne puisse pas être présent dans ce squat en même temps qu’elle, parce qu’elle vivait mal cette présence, pour des raisons féministes. » L’initiateur de la discussion explique alors qu’il n’était pas d’accord, que selon lui il s’agissait de désaccords personnels, d’incompatibilités qui n’auraient pas dû être qualifiées de « féministes ». Mais il n’avait pas osé exprimer ouvertement ce déaccord, d’où la notion de « tabou ». Cette première intervention, qui accuse « de fait une féministe de malhonnêteté politique, ce qui suppose de sa part une démarche malveillante soit consciente et intentionnelle, soit pathologique », n’est pas remise en cause par les autres participants, bien au contraire, puisque plusieurs autres vont se succéder, de pire en pire, au point que lorsque l’un d’entre eux raconta que « lui aussi avait vécu des tensions, des conflits avec une féministe, parce qu’il “l’avait plus ou moins violée”, il n’y eut aucune réaction, aucun arrêt ne fut marqué. […] Cette absence de réaction au sujet d’un “plus ou moins” viol commis par un des participants exprime de façon criante la logique empathique en cours de construction. L’empathie des participants allait aux autres hommes, la solidarité affective devenait toute masculine, le problème à dénoncer se situait bien du côté des femmes, en particulier des féministes. »

Comment faire,dès lors qu’on est un mâle blanc bénéficiaire, comme tous les autres, de l’oppression des femmes par les hommes ? Parmi les différentes pistes ouvertes dans les articles de ce recueil, j’en retiendrai deux. La première est celle des groupes d’hommes, à certaines conditions cependant, afin de ne pas tomber dans un masculinisme plus ou moins affirmé (cf. l’exemple ci-dessus). Léo Thiers-Vidal pense qu’un groupe d’hommes « peut être un lieu où les hommes travaillent ensemble sur leur conditionnement genré et leur domination sur les femmes. La première chose implique de prendre conscience à quel point on est masculin au lieu d’être un individu. » Ce qui passe, entre autres, par la capacité à exprimer et partager des émotions, et par « apprendre à fermer sa gueule, à douter ouvertement, à déconstruire son égocentrisme, à être fragile. » Ensuite, on peut passer à une deuxième phase, le « travail antipatriarcal », soit « chercher d’autres pratiques d’hommes, c’est-à-dire des pratiques critiques et égalitaires. » « Vu mon expérience, poursuit Léo Thiers-Vidal, il me semble de plus en plus nécessaire que les groupes hommes agissent sous tutelle de (groupes) féministes et qu’ils adoptent une politique de reddition de compte vis-à-vis de celles-ci. »

L’autre piste, développée dans l’article consacré aux chercheurs en sciences sociales et à la nécessité de changer leur regard sur leurs objets de recherche, en se rendant conscients de leur position de dominants, consiste à se familiariser avec les thèses féministes radicales. Et de citer un certain nombre de titres « incontournables », par lesquels je terminerai cette note, non sans avoir précisé que je n’ai donné ici que quelques éclairages partiels sur ce livre, que devrait lire tout « icm » (individu de construction masculine) soucieux de s’engager sérieusement contre le patriarcat.

• Delphy, Christine (1998). L’Ennemi principal. I. Économie politique du patriarcat. Paris : Syllepse.

• Delphy, Christine (2001). L’Ennemi principal. II. Penser le genre. Paris : Syllepse.

• Guillaumin, Colette (1992). Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature. Paris : Côté-Femmes.

• Mathieu, Nicole-Claude (1991). L’Anatomie politique. Catégories et idéologies du sexe. Paris : Côté-Femmes.

• Tabet, Paola (1998). La Construction sociale de l’inégalité des sexes. Des outils et des corps. Paris : L’Harmattan.

• Wittig, Monique (2001). La Pensée Straight. Paris : Balland.

François, 16 juillet 2014.

« Contre le masculinisme. Guide d’autodéfense intellectuelle »

contre-le-masculinisme5Contre le masculinisme. Guide d’autodéfense intellectuelle. Collectif Stop Masculinisme. Bambule éd., décembre 2013, 160 pages, 8 euros. (Vente et prêt à la bibliothèque d’Agate, armois et salamandre)

Si beaucoup de gens ont entendu parler ces deux trois dernières années de manifestations de « papas en détresse » (grimpeurs de grue), de « crise de la masulinité » ou parfois même d’« hommes battus », beaucoup moins savent que ces phénomènes, diparates au premier abord, sont en réalité reliés entre eux, non pas par un complot quelconque, mais bien par une idéologie et une mouvance qui ont fait leur apparition, disons, depuis les années 1970, en réaction aux avancées conquises de haute lutte par le mouvement féministe – contraception et droit à l’avortement en particulier : le masculinisme et les masculinistes.

Comme on vient de le dire, les masculinistes avancent masqués, et c’est pourquoi ce petit livre qui explique qui ils sont et démonte les rouages de leur fonctionnement mérite vraiment d’être lu. Il s’organise en quatre parties : d’abord, qu’est-ce que le masculinisme ? Puis, que cache la « cause » des pères ? Ensuite, « Hommes battus, femmes violentes ? » et enfin: « Des hommes en crise ? »

1. Une chercheuse féministe, Michèle Le Dœuff, a ainsi défini le masculinisme : un « particularisme, qui non seulement n’envisage que l’histoire ou la vie sociale des hommes, mais encore double cette limitation d’une affirmation (il n’y a qu’eux qui comptent et leur point de vue). Il s’agit en fait d’une idéologie réactionnaire, antiféministe et bien dans l’air du temps (homophobie, manifs « pour tous », offensive de l’extrême-droite contre les ABCédaires de l’égalité à l’école et capitulation en rase campagne du gouvernement socialiste, apparition du « racisme antiblanc », etc.) Elle est portée par une nébuleuse de groupes dont les plus voyants sont les associations de défense des droits des pères, mais comme dans d’autres domaines, ses militants les plus engagés touvent des oreilles attentives et des relais aussi bien dans les medias que dans les institutions.

2. La question des « droits des pères » est probablement celle qui porte les enjeux les plus lourds et qui, bien médiatisée, trouve le plus d’écho dans le grand public. Effectivement, comment ne pas compatir à la souffrance de ces papas privés de droit de garde et parfois même de droit de visite à leur progéniture ? Lorsqu’on s’intéresse d’un peu plus près à ces affaires, on se rend compte que ce n’est pas si simple, ou alors, si c’est simple, ce serait plutôt à l’inverse : en effet, comment se fait-il que des hommes se plaignent de ne pouvoir s’occuper de leurs enfants alors que dans une écrasante majorité des cas (80% selon les dernières enquêtes), les femmes se tapent l’essentiel des tâches domestiques et des soins aux enfants ? D’ailleurs, dans la plupart des divorces et séparations (85% des cas), il n’y a pas de litige sur la fixation de la résidence principale des enfants et le montant des pensions alimentaires qui devront être versées par l’autre parent – là encore, en écrasante majorité, ce sont les femmes qui gardent les enfants… donc les hommes qui doivent verser une pension alimentaire. Il semble bien qu’ici réside le principal problème des masculinistes : dans ce type de solution, le pouvoir patriarcal est sérieusement remis en cause (perte de l’autorité sur la femme et les enfants) et en plus, il faut verser de l’argent ! D’où les revendications masculinistes pour une garde alternée systématique en cas de séparation ou divorce. Et cela quelques soient les circonstances qui ont motivé la séparation (y compris violences conjugales, maltraitrements d’enfants). On voit bien les avantages qu’apporterait aux pères un tel dipositif : maintien de l’autorité sur les enfants et, dans une certaine mesure, sur la femme, puisque les époux sont obligés de se voir régulièrement en même temps que l’enfant va de l’une chez l’un ou vice versa (et on imagine l’ambiance en cas de conflit grave ayant conduit à la séparation). D’autre part, plus de pension alimentaire à verser. On voit bien aussi les inconvénients pour les femmes : alors que leur salaires sont en moyenne 25% plus bas que ceux des hommes, et que souvent, leur carrière professionnelle a été perturbée par les grossesses, entraînant une dévalorisation de leurs revenus, elle devraient contribuer à la même hauteur que les pères à l’entretien, l’éducation, aux soins des enfants – et probablement encore plus, comme c’est déjà le cas actuellement, car ce sont elles qui assument la plupart des tâches telles que : conduire l’enfant chez le médecin, s’occuper des diverses formalités administratives, des inscritions scolaires, de l’achat des vêtements « de tous les jours », etc. Et bien sûr, en cas de résidence alternée, plus question de partir refaire sa vie ailleurs : le tyran domestique ne se laisse plus quitter si facilement… Il semble que les masculinistes aient obtenu en partie gain de cause lors de l’adoption, en juin dernier, par l’Assemblée nationale, de la loi famille : en effet, il est désormais recommandé aux juges des affaires familiales de proposer prioritairement aux couples en séparation la double domiciliation de l’enfant et la résidence alternée…

3. Sur la question des hommes battus et des femmes violentes, on ne s’attardera guère, sinon pour répéter que le nombre des viols commis en France est toujours aussi accablant… pour les hommes, puisque 92% des victimes sont des femmes et 96% des mis en cause… des hommes. Par ailleurs, lorsque des hommes sont battus, voire violés, ils le sont la plupart du temps par d’autres hommes, soit par homophobie, soit pour établir une hiérarchie en milieu confiné (armée, prison, bizutages divers et variés…)

4. On nous rebat les oreilles depuis quelques temps d’une soi-disant « crise de la masculinité ». Des émissions grand public, des articles lui sont consacrés. De facto, la « crise » existe probablement dans la tête de ceux qui s’angoissent pour leur privilèges de dominants, menacés par la rébellion des dominées. Parmi ceux qui s’angoissent se distinguent deux tendances. La première, celle des machos décomplexés, dit en substance que « c’était mieux avant » (avant le mouvement féministe et la remise en cause des inégalités de genre), qu’aujourd’hui les femmes ont pris le pouvoir, que la société s’est féminisée, etc. Attention, danger : au-delà de leur caspect grotesque, ces discours préparent souvent des passages à l’acte misogynes vraiment graves. La seconde est plus cauteleuse. Elle s’exprime le plus souvent dans des groupes d’hommes, réunis pour « rétablir l’harmonie entre les sexes », et permettre aux hommes d’exprimer leur souffrance et leurs émotions de dominants… Léo Thiers-Vidal, dans son ouvrage Rupture anarchiste et trahison pro-féministe donne un exemple de ce type de dérive d’autant plus parlant qu’il a lieu dans un milieu vraiment pro-féministe au départ, mais qui finit, au cours d’une réunion, par instruire le procès des féministes. À ce propos, je terminerai cette note par une mise en garde des auteurs de cet excellent vade-mecum antimasculiniste :

« Nous avons donc toutes les raisons de nous méfier des groupes de parole d’hommes. La non-mixité masculine choisie n’est pas une forme bonne en soi. Elle est même plutôt problématique. Quand les membres d’un groupe social dominant décident de se réunir, ce n’est jamais très rassurant. Presque toujours, c’est parce qu’ils ont quelque chose à gagner dans la non-mixité : un enrichissement personnel, un gain de confiance en soi, une possiblité d’élargir la palette de leurs comportements. Quand il s’agit d’aborder le vécu des hommes en ce qu’il peut avoir de douloureux, de conflictuel ou de difficile à vivre, on trouve des candidats. Par contre, dès qu’il est question de remettre en cause leurs comportements vis-à-vis des femmes et de questionner leur place d’homme dans la société et les privilèges qui lui sont attachés, il n’y a plus personne. La majorité refuse de s’adonner à ce qu’elle considère être de l’“autoflagellation” ou de la culpablilisation. Ils affirment ne pas faire de politique et ne pas être dans l’idéologie. Au final, la non-mixité masculine sert le plus souvent le projet d’améliorer le confort psychologique de ces hommes et de renforcer la solidarité entre dominants. »

François, juillet 2014.

John Stoltenberg : « Refuser d’être un homme »

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John Stoltenberg : Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité. Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y, Martin Dufresne.

Éditions Syllepse, collection Nouvelles Questions féministes, et M. éditeur (Québec), mars 2013, 272 pages, 22 euros (disponible à la bibliothèque d’Agate, armoise et salamandre).

Disons tout d’abord qu’il ne s’agit pas d’un seul essai, mais d’un recueil de textes dont tous, à l’exception d’un seul, ont été écrits pour être dits lors de réunions publiques, conférences, meetings, etc. Ce qui explique le style particulier de la plupart d’entre eux, où l’on sent que l’auteur s’adresse vigoureusement à un auditoire dans le but de le déstabiliser quelque peu, afin de provoquer des questions et des réflexions. Et il est vrai que remettre en question l’ordre généralement accepté comme « naturel » du genre et de la suprématie masculine ne va pas de soi – il faut souvent discourir « à coups de marteau », pour paraphraser Nietzsche. C’est probablement une des seules réserves que j’émettrai sur ce livre, extrêmement utile et même nécessaire : souvent des vérités y sont formulées sans vraiment être argumentées, étayées (il manque le temps de la construction du raisonnement), et ces vérités ne sont pas, ou mal, suivies de conséquences pratiques. En effet, après avoir dénoncé la suprématie masculine, l’auteur ne propose pas grand-chose comme actions concrètes à lui opposer, mais se contente d’appels un peu emphatiques, voire moralistes, à « penser », « agir », « faire quelque chose » enfin, avec des formules comme « il faut », « on doit »… Qu’on ne prenne pas cette critique pour un refus global des thèses développées par Stoltenberg : bien au contraire, il me semble que ces thèses seraient mieux défendues et certainement plus convaincantes en étant mieux présentées et argumentées, dans une forme qui convienne mieux à l’écrit qu’à l’oral.

Les textes sont traduits de l’anglais (États-Unis) par trois traducteurs auxquels Christine Delphy, directrice de la collection Nouvelles Questions féminines, a demandé d’écrire chacun « son » avant-propos. Quant à elle, elle explique pourquoi une collection féministe accueille un auteur masculin. Les hommes n’ont-ils aucune place dans le combat féministe ?, demande-t-elle, avant de répondre : « Non. Ils en ont une : la leur. Et dès qu’ils cessent de parler prétendument de notre place, et à notre place, dès qu’ils parlent à partir de leur place, et de leur place, on peut […] les écouter. »

« Refusing to be an man, écrit Mickaël Merlet, apporte une approche profondément novatrice pour un écrit masculin. À savoir : étudier les dominants de genre de l’intérieur, dans les yeux, dans les têtes. Tels qu’ils pensent, parlent et agissent. Et ce, avec une fidélité sans faille au féminisme radical. »

Yeun L-I poursuit en demandant : « Comment Refuser d’être un homme quand on bénéficie quotidiennement de cette position oppressive ? Comment ne pas participer à la guerre faite aux femmes ? » Et, soulignant la position radicale de Stoltenberg, il souligne qu’« il n’y a pas de masculinité – même non hégémonique – sans assujetissement des femmes. »

Et Martin Dufresne enfonce le clou contre ceux qui, face au mouvement féministe, tentent de sauver leurs privilèges, autrement dit les masculinistes : « […] qu’il s’agisse d’hypothèse évolutionnistes clamant un rôle essentiel de la suprématie masculine, d’une “détresse ” complaisamment prêtée à tout homme entravé, des tentatives de “relooker” le bon vieil égoïsme de papa en “transgression” ou politique “postmoderne” ou des appels du pied à un romantisme ringard, les réacs voudraient bien mettre les hommes et le statu quo à l’abri du projet féministe. »

Stoltenberg donne dans sa préface un bon aperçu de ses intentions : « Le fil conducteur de ce livre est ma théorie que le “sexe masculin” a besoin de l’injustice pour exister. Je soutiens que l’identité sexuelle masculine est une construction de toutes pièces, politique et éthique, et que la masculinité n’a un sens personnel que du fait d’être créée par certains actes, choix et stratégies – qui ont des conséquences dévastatrices pour la société humaine. Mais c’est précisément parce que cette identité personnelle et sociale est construite que nous pouvons la refuser, nous pouvons agir à son encontre – bref, nous pouvons changer. »

C’est principalement sur ce point de la construction du genre et de la hiérarchie qui le structure que je m’attarderai ici, sans chercher à rendre compte de chacun des textes qui composent le recueil, et qui abordent des sujets trop variés pour une seule note de lecture. De ce point de vue, la « Mise en situation historique et politique », qui indique dans quel contexte intellectuel et politique ont été produits les textes suivants, puis le premier chapitre, intitulé « L’éthique du violeur », me semblent essentiels. Si un lecteur pressé voulait s’en tenir à un résumé de cet ouvrage, il devrait, je pense, lire au moins ces deux textes-là.

Dans le premier, l’auteur explicite le sens de son titre : « Je veux dire la même chose que ce que je voudrais dire par “refuser d’être un blanc” dans une société raciste. » L’exemple du racisme est très pertinent pour comprendre ce qu’il en est du genre et de sa construction. En effet, grâce au mouvement pour les droits civiques des années 1960, puis aux Black Panthers ou encore à l’ANC en Afrique du Sud, nous sommes aujourd’hui nombreu·ses·x à admettre que le racisme est un phénomène social, politique, historique construit. Ce qui est encore loin d’être le cas pour le genre… Aux États-Unis (comme ailleurs, dirais-je) « persiste une contradiction, écrit Stoltenberg, entre la justice réelle, concrète, et la liberté individuelle, posée comme inaliénable. Par exemple, la tension qui oppose la législation antidiscrimination actuelle et le libertarisme hérité des propriétaires d’esclaves est plus qu’évidente dans la collusion de l’État avec les pornographes. Forts de la culture de base de leur industrie – l’exploitation et l’expropriation d’une chair humaine économiquement vulnérable –, les fabricants de pornographie ne ressemblent à rien autant qu’à des négriers de l’ère technologique ; pourtant, leur “liberté” éclipse la “protection égale de la loi” pour toute personne à laquelle ils portent préjudice. » Ce n’est pas un hasard si la citation qui sert d’exergue au livre est de James Baldwin, grand lutteur (noir) antiraciste s’il en fut. L’auteur l’a personnellement connu et son engagement, inspiré par le féminisme radical, a également été très influencé par la lutte des Noirs américains. Ce que Baldwin a enseigné à Stoltenberg, c’est que « Personne n’était blanc avant d’arriver en Amérique. Il a fallu des générations, et énormément de coercition, avant que ce pays devienne blanc. L’Amérique est devenue blanche – les personnes qui, à les entendre, ont “fondé” le pays sont devenues blanches – par nécessité de nier la présence des Noir·e·s et de justifier leur assujetissement. Aucune communauté ne peut être basée sur un tel principe ; ou, en d’autre termes, aucune communauté ne peut être établie sur un mensonge aussi génocidaire. Des hommes blancs – ceux de la Norvège, par exemple, où ils étaient des Norvégiens – sont devenus blancs en massacrant des bovins, en empoisonnant des puits, en incendiant des maisons, en exterminant les Américains autochtones et en violant des Noires. »

Ainsi, poursuit Stoltenberg, « l’œuvre de Baldwin m’avait aidé à percevoir en termes de pouvoir et d’injustice la connotation raciale que nous attachons aux attributs anatomiques. Je doute que j’en sois arrivé à dire, comme je le fais dans Refuser d’être un homme, que le “sexe masculin” a besoin de l’injustice pour exister si je n’avais pas compris avec Baldwin que la catégorie de blanc ne devient crédible que par des actes d’assujettissement ». Mais un peu plus complexe, voire plus vicieux, est le fait qu’en existant par l’assujettissement des autres, la catégorie des dominant·e·s (blanc·he·s, ou hommes, ou hétérosexuel·le·s) crée en même temps qu’elle-même des catégories de dominé·e·s (noir·e·s, femmes, homosexuel·le·s…), ce qui entraîne l’effet pervers que, en luttant pour les droits de leur catégorie, les dominé·e·s reconnaissent de fait l’ordre des catégories et risquent toujours de se limiter à une piètre renégociation de leurs parts respectives (de reconnaissance, de privilège, de revenus, de droits, etc.) – sachant que les dominant·e·s se tailleront immanquablement la part du lion. Autrement dit, « le fait de savoir à quelle catégorie(s) précise(s) nous “appartenons” – qu’on l’exprime avec fierté ou défiance – ne suffit pas à créer la révolution qu’il nous faut. Ce n’est qu’en prenant pour cible la structure de dominance identitaire elle-même, avec la politique et les valeurs éthiques qui la soutiennent, que chacune de nos alliances trouvera sa voie vers une cause commune, une vision unifiée et une assise morale collective. » C’est pourquoi s’est développé aux États-Unis un mouvement pour « l’abolition de la blancheur », et c’est pourquoi, dans une même perspective, Stoltenberg milite pour une abolition de la masculinité.

Dans le premier chapitre, Stoltenberg examine les conséquences de l’intériorisation par tous et toutes de l’idée d’identité sexuelle. Il s’agit bien d’une idée, et non d’une réalité tangible, comme par exemple, la gravité. Nous ne doutons jamais du fait que si nous lâchons ce caillou, il va tomber par terre. Par contre, nous doutons tous et toutes plus ou moins de notre identité sexuelle. Et chez la plupart d’entre nous, cela est source d’anxiété, voire d’angoisse. Un peu comme si, sujet·te au vertige et avançant à tâtons dans la pénombre, nous ne savions jamais si nous sommes, ou non, au bord de la falaise : nous nous efforcerions sans cesse de nous assurer d’une prise solide au sol, quitte à nous attacher afin d’être sûr·e de ne pas tomber… Ainsi nous devons sans cesse nous réassurer quant à notre identité sexuelle « en faisant des choses qui nous donnent l’impression d’être vraiment un homme ou une femme et en évitant de faire celles qui laissent place au doute en ce domaine. » Au-delà de nos comportements quotidiens, cette idée d’identité sexuelle, et la nécessité de la renforcer, de l’étoffer jusqu’à lui donner une certaine consistance, a entraîné, entre autres, toutes sortes de recherches scientifiques visant à démontrer que non seulement les identité sexuelles existent, mais qu’en plus, elles déterminent nos comportements. On parle, par exemple, de cerveaux masculins et de cerveaux féminins. Comme le dit Stoltenberg, « s’il est vrai que le comportement découle de l’identité sexuelle, alors il est justifiable de juger différemment du bon ou du mauvais droit de toute action humaine selon qu’elle est le fait d’un homme ou d’une femme, en s’appuyant sur des raisons comme la biologie, l’ordre naturel ou la nature humaine. […] L’évaluation des actions humaines en fonction du genre de la personne qui les pose – ou “éthique sexospécifique” – est une idée si peu remarquable, si irrévocablement ordinaire et si évidente pour un grand nombre de gens que le fait qu’elle en soit venue à être un tant soit peu remise en cause est déjà un miracle de premier ordre dans l’histoire de la conscience humaine. » Or, « il n’existe aucun secteur de l’activité humaine où les gens sont plus loyaux à cette éthique sexospécifique que celui de la stimulation génitale manifeste. » Là aussi, là surtout, il faut prouver, à soi-même et aux autres, encore et toujours, qu’on est un homme ou qu’on est une femme. Et selon Stoltenberg, cela ne va pas sans anxiété : « Ainsi, le vécu de tension sexuelle de la plupart des gens tient pour une grande part à leur anxiété face aux paramètres éthiques de leurs conduites, jugées bonnes ou mauvaises selon qu’elles correspondent ou non à leur identité sexuelle supposée. La tension sexuelle et l’anxiété de genre sont si étroitement associées dans le corps et le cerveau de tous et de toutes que cette anxiété suscite de façon prévisible la montée de tension et que l’on peut compter sur le déclenchement de la tension pour absoudre l’anxiété – du moins jusqu’à la prochaine fois.

Voilà donc l’intersection de l’érotisme et de l’éthique – le raccord entre l’érotisme que nous ressentons et l’éthique de nos gestes, entre la sensation et l’action, entre ressentir et agir. Cette connexion est au cœur de notre identité personnelle et de notre culture. C’est le point où une sexualité sexospécifique émerge de choix comportementaux, et non de notre anatomie. C’est le point où nos émotions érotiques rendent manifeste la peur avec laquelle nous nous conformons à l’éthique propre à notre sexe, structure attaquée de tous côtés par tous les dangers que nous imaginons. C’est le point où nous pourrions reconnaître que nos identités sexuelles sont elles-mêmes des artifices et des illusions, le résultat d’une vie à s’efforcer de se comporter en vrai homme et non en femme, en vraie femme et non en homme. C’est également le point où nous pouvons réaliser que nous n’affrontons rien d’aussi superficiel que des rôles, des images ou des stéréotypes, mais bien un aspect de nos identités qui est encore plus profond que notre existence corporelle, à savoir notre volonté désespérée, à la fois secrète et publique, d’appartenir à l’un et non à l’autre. »

Parmi les différences induites par les deux éthiques sexospécifiques, il y a le viol. Pourquoi les hommes violent-ils?, demande Stoltenberg. Recourant à une analogie avec le travail de comédien au théâtre, il cite Aristote (dans La Poétique, chap. 15) selon qui un personnage peut être crédible s’il offre suffisamment de vraisemblance et de cohérence. Or, dit-il, « les diverses actions appropriées au personnage « d’homme et non de femme » sont profondément influencées par la présence du viol parmi elles. Cette série d’actes n’a pas la dissonance d’un groupe de notes jouées au hasard, sans harmonie. Il s’agit plutôt d’un accord, dont la note fondamentale colore de ses harmoniques chaque note jouée plus haut. Le viol s’apparente à cette note fondamentale ; jouée parfois fortissimo, parfois pianissimo et parfois en simple écho, elle détermine néanmoins les harmoniques de tout l’accord. “Parfois”, “juste un peu”, “de temps à autre”, “seulement à l’occasion” – quelle que soit la façon dont on souhaite qualifier l’élément clé de la série, le geste de forcer quelqu’un à admettre une pénétration sexuelle sans son assentiment entier et éclairé crée à tel point la valeur étalon des comportements définissant le masculin qu’il n’est pas du tout inexact de suggérer que l’éthique masculine est essentiellement celle du violeur. » (C’est moi qui souligne.)

François, 21 juillet 2014

Résumé de : « Les femmes de droite », d’Andrea Dworkin, par Crêpe Georgette

femmes_de_droiteLu sur « Crêpe Georgette » :

Je vais vous résumer Les femmes de droite d’Andrea Dworkin. Le livre date d’il y a trente ans ce qui explique par exemple qu’elle évoque le viol conjugal en soulignant qu’il est autorisé. Je résume ce livre en réaction aux nombreux textes réagissant au tumblr des femmes anti féministes.

Dans la préface, Christine Delphy souligne qu’à part Dworkin peu de féministes ont évoqué la sexualité hétérosexuelle dans une société patriarcale. On a revendiqué le droit des femmes à se prémunir des conséquences de cette sexualité via la contraception et l’IVG.
Dans la vision féministe comme dans la vision patriarcale, le viol, l’inceste sont vues comme des transgressions à la sexualité comme les violences conjugales sont vues comme des transgressions à la définition du mariage.
Pourtant s’ils sont aussi banalisés c’est qu’ils sont tolérés sinon encouragés et que la violence est partie intégrante de la sexualité hétérosexuelle patriarcale comme le pense Dworkin.
Dans ce livre Dworkin parle des femmes de droite qu’elle ne condamne pas mais dont elle regrette les choix. Elle estime qu’elles ont affaire à un pouvoir trop vaste et qu’elles se sont aménagées l’espace qu’elles pouvaient. […] Lire la suite par ici.

Les « Autres » et la violence des Uns, chap. II : Le rose ou le bleu, je ne choisis pas!

141016 Rose ou Bleu - AFFICHE

LES « AUTRES » et la violence des uns, Chapitre II

Rose ou Bleu, je ne choisis pas. Le genre comme mode de domination

Forcalquier, du 18 au 29 novembre 2014

Programme détaillé ci-dessous.

Un événement organisé par La Boîte à Ressort en collaboration avec Agate, armoise et salamandre : projections, débats, ateliers au collège Henri Laugier, expositions, spectacles.

Et si chaque être humain pouvait exprimer sa sensibilité et se comporter librement, sans être assigné à un sexe et aux rôles sociaux correspondants ? Et si, en dehors des cases mâle/femelle, existaient des myriades de possibles… laissant ainsi la place aux différences et à l’ambiguité génitale ? Et si la féminité et la masculinité étaient contestées, quelle place serait donnée à la créativité dans la construction de nos identités ? Et si nous dépassions le champ de nos certitudes au delà de l’hétéro-normalité, quelle importance accorderions-nous à la norme ? Et si chaque être humain pouvait s’adresser aux autres, sans considération de sexe ? Est-ce que cela contribuerait à mettre fin aux discriminations, violences et souffrances multiples, qu’elles soient écrasantes ou subtiles ? C’est la compilation de ces nombreux si – et de tant d’autres – qui ont donné l’envie à différentes personnes de croiser leur regards pour questionner le genre comme mode de domination.

Pour ce deuxième chapitre « Les Autres et la violence des uns », la Boîte à Ressort et Agate, Armoise et Salamandre ; en partenariat avec Radio Zinzine, la Miroiterie et de nombreu·x·ses complices vous invitent à explorer les constructions sociales qui s’érigent autour de la question du genre. Ouverte à toutes les singularités, cette programmation colorée invite chacun·e à cheminer sur ce vaste chantier. Entre rencontres, discussions, ateliers, projections et spectacles ou encore expositions, vous y piocherez comme dans une caisse à outils.

 

 

Du 18 au 29 novembre  De 09h à 17h   Couloir de la salle Pierre Michel // FORCALQUIER   Entrée libre

Exposition – L’égalité c’est pas sorcier

Expo réalisée par la Ligue de l’enseignement. De la grammaire – et son rôle dans la représentation des genres (le masculin l’emporte sur le féminin) – à la liberté sexuelle en passant par l’égalité professionnelle, cette exposition aborde les idées reçues communément partagées dans l’opinion publique. À ces idées reçues s’oppose la complexité de la réalité permettant d’aborder des pistes d’actions individuelles et collectives.

 

Mardi 18 novembre    De 10h à 17h      Grand Carré // FORCALQUIER    Participation libre

Séminaire – Capitalisme et Patriarcat

À partir de l’ouvrage de Silvia FEDERICI, Caliban et la sorcière – paru aux éditions Entremonde – cette journée de réflexion permettra de revisiter ce moment particulier de l’histoire qu’est la transition entre le féodalisme et le capitalisme, en y introduisant la perspective particulière de l’histoire des femmes. Ouvert à tous et toutes. Sur inscription.

 

 

Mardi 18 novembre 18h00  Maison de la famille // FORCALQUIER   Entrée libre

Groupe de Parole – Quelles attitudes genrées avec les enfants ?

Nous adressons-nous aux enfants de la même façon, quel que soit leur sexe ? Comment laisser place à l’expression de leur personnalité au-delà de ce clivage fille/garçon ? Bienvenue à tou·te·s, parents, grands-parents, futurs parents ou bien pas parents du tout ! pour partager nos vécus et nos questionnements. Événement proposé par l’association NAISSANCES. Accueil prévu pour les petit·e·s le temps des discussions.

 

 

Mercredi 19 novembre  18h00 Caves à Lulu // FORCALQUIER   Participation libre  20h00 Apéro / Repas  20h30 Reprise des projections

Projection – Tomboy // 84′ // 2011

Fiction de Céline SCIAMMA – France. Laure, 10 ans, arrive dans un nouveau quartier et se présente aux autres enfants comme Michael. Elle profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l’été n’allait jamais révéler son troublant secret. Bande-annonce.

Documentaire sonore – Dans la peau de la panthère // 19′ // 2012

D’Agathe SIMENEL – France. Anne-Gaëlle est une femme de 65 ans. Elle partage ici quelques aspects de son histoire, de son rapport au monde et de ses représentations de la féminité et de la masculinité. Ceci nous amène progressivement à saisir ce qui a motivé sa transformation.

Projection – Ma vie en rose // 88′ // 1997

Une fiction belge d’Alain BERLINER. L’histoire de Ludo, 7 ans, qui préfère être une fille. Emmené par PAM sa poupée, il part dans des rêveries au grand dam des adultes qui l’entourent. Bande-annonce.

La soirée se poursuivra par une discussion

 

Jeudi 20 novembre  19h00  École Buissonnière // MONTJUSTIN   Participation libre  Repas sur réservation, projection à 20h30                 

Projection – Le dernier été de la Boyita // 90′ // 2010

De Julia Solomonoff – Argentine, VOSTF. Cet été tout est différent, les parents de Jorgelina se sont séparés. Elle part à la campagne avec son père, en quête de Mario, le fils des paysans voisins. Ensemble, il et elle découvrent les mystères, de leurs identités sexuelles. Bande-annonce. Réservations pour le repas au 04 13 37 06 00

 

Vendredi 21 novembre 18h30  Caves à Lulu // FORCALQUIER   Entrée libre

Rencontre – Projections – Présentation du livre La Cissexualité, ce douloureux problème : quand les minorités viennent nommer et questionner la norme.

Naiel, l’auteurE, présente son livre paru en autoédition. Diffusion de deux courts-métrages : Chères personnes cisgenres – 6′ – de Jayrôme C. Robinet ; Identités Remarquables – 30′ – d’Emmanuelle Vilain et Nathalie Lepinay. La rencontre sera suivie d’un apéro-repas à prix libre

 

Vendredi 21 novembre 20h00 Maison de la famille // FORCALQUIER  Entrée libre         

Groupe de parole – Être parent au-delà de la répartition papa/maman ?

Au père l’autorité… à la mère l’affection. Ces clichés n’ont plus lieu d’être… Où en sommes-nous aujourd’hui de cette répartition des rôles ? Bienvenue à toutes et tous, parents, grands-parents, futurs parents ou bien pas parents du tout ! pour partager nos vécus et nos questionnements. Les échanges seront précédés par la diffusion d’un court-métrage Identités sexuées dès la naissance – 9′. Événement proposé par l’association NAISSANCES. Accueil prévu pour les petit·e·s le temps des discussions

 

Du 22 au 23 novembre  De 15h30 à 18h   Salle et commune seront communiquées ultérieurement.   Participation libre         

Atelier – Radio en partenariat avec Radio Galère (Marseille) et Radio Zinzine // Prends le pouvoir, prends le micro

Non mixte meufs, gouines, trans. Création d’un bêtisier sur la question du genre : la norme, les rôles attribués et les stratégies. Samedi : prise de son et création d’objets sonores. Dimanche : préparation d’une émission de radio diffusée le jour même de 17 à 18h. Sur inscription

 

Du 22 au 23 novembre De 9h30 à 17h30 Salle polyvalente // NIOZELLES   90/60/30 €        

Stage – Autodéfense // Association RIPOSTE

L’autodéfense permet d’acquérir des moyens de se défendre,de PRÉVENIR les agressions, de prendre conscience de sa force et de (re)prendre CONFIANCE EN SOI. Apprendre à RIPOSTER lors de harcèlements ou d’agressions,
qu’elles soient physiques, verbales, psychologiques ou sexuelles, par des proches ou des inconnus.
Ouvert à toutes, tous les âges, toutes conditions physiques. 
Animatrices diplômées de RIPOSTE, issue du programme ACTION du Centre de Prévention des Agressions de Montréal.Sur inscription avant le 15 novembre – Engagement sur les deux jours – 15 places disponibles. Non-mixte femmes.

 

Du 22 au 28 novembre Espace Boris Bojnev et Caves à Lulu // FORCALQUIER    De 10h à 13h et de 15h à 19h Vernissage le samedi 22 novembre à 18h. Entrée libre

Exposition Collective

NAIEL – Destroy gender or Fucking gender, pour une société non binaire – Photographies et installations ; ULLA LUTZ – Images, Constructions, Flash ! – Installation et happeningue ! ; CHA – Les mains Négatives – Photographies ; MYRIAM BLAUSTEIN – Seins-thèses mammaires – Installation ; Collectif Corps et Politique – Le genre en questions – Mix

 

Samedi 22 novembre 20h Caves à Lulu // FORCALQUIER Participation libre Apéro-repas, projection 21h

Projection – L’ordre des mots // 75′ // 2009

France – De Cynthia et Melissa Arra. Ce documentaire donne la parole à des personnes trans’ et intersexe dont la quête d’identité de genre se trouve entravée par les normes établies. Leur résistance s’exprime par la recherche d’outils de savoir, par des corporalités et sexualités hors des schémas conventionnels. Présentation en ligne. La soirée se poursuivra par une discussion.

 

Dimanche 23 novembre 16h Maison du patrimoine // MANE 4 et 2 € ( de 20 ans) – à partir de 14 ans

Projection – la Miroiterie fait son Ciné-Mane – Espace // 14′ // 2014

Court métrage d’Eléonore Gilbert – France. Une petite fille explique comment, dans la cour de son école, la répartition des espaces de jeu entre filles et garçons lui semble problématique.

suite … Ciné-Mane – Louise, son père, ses mères et ses sœurs // 56′ // 2004

Un documentaire de Stéphane Mercurio et Catherine Sinet – France – à la rencontre d’une famille bien curieuse : Françoise et Gérard, trois enfants. Sybille et Sylviane, désirant un enfant, ont demandé à leur amie Françoise de leur prêter Gérard, son mari. Louise a aujourd’hui 19 ans. Comment se sont-ils·elles débrouillé·e·s avec tout ça? Suivi d’un goûter et d’une discussion. Soirée organisée en collaboration avec La Miroiterie.

 

Lundi 24 novembre 20h30  Caves à Lulu // FORCALQUIER Participation libre

Projection – Un jour comme les autres dans la vie d’une camionneuse // 11′ // 1995

De Lorri Millan et Shavna Dempsey – Canada, VOSTF. Ce corps qui nous aliène et nous définit… rien n’est simple quand on n’entre pas dans les critères de la séduction. Une camionneuse baraquée trouve la passion ainsi qu’une raison de vivre.

Suivi de… – Fucking Åmål // 89′ // 2000

De Lukas Moodysson – Danemark-Suède – film fiction en VOSTF. Bande-annonce. Fucking Åmål est le surnom qu’Elin, 14 ans, donne à la petite ville suédoise où elle vit. Elle s’y ennuie terriblement. Elle a beaucoup de succès avec les garçons, contrairement à Agnès, 16 ans, bien marginalisée. Secrètement celle-ci tombe amoureuse d’Elin. Que va-t-il se passer entre les deux ?

 

Mardi 25 novembre De 16h15 à 17h15 jardin public // FORCALQUIER Tous publics / jeune public Entrée libre

Bib’ de rue – Croq’Livres et sa mallette de livres dégenrés

L’occasion de passer un moment autour de la lecture, de ramener vos livres et d’en emprunter.

 

Mardi 25 novembre 18h30 Cinéma le Bourguet // FORCALQUIER  Tarifs habituels   

Projection – Love is strange // 98′ // 2014 (sortie nationale)

Film fiction de Ira SACHS. Après 39 ans de vie commune, George et Ben décident de se marier. Mais, au retour de leur voyage de noces, George se fait subitement licencier. Qu’adviendra-t-il de leur union, de leur vie ? Bande-annonce.

 

 

Mercredi 26 novembre 15h30 Salle polyvalente // SAINT-MICHEL L’OBSERVATOIRE Enfants à partir de 6 ans Adultes : 10 / 7 / 5 € Enfants : 7 / 5 / 3 €

Spectacle – Je n’ai absolument pas peur du loup // 40′

Ce spectacle de gestes et de marionnettes – présenté par la compagnie Jeux de mains Jeux de vilains – détourne les contes de notre enfance : La Chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet et Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev. Une forme originale et minimaliste qui fait appel à l’imagination du public. C’est en s’appuyant sur la figure du loup que petits et grands seront invités à questionner leurs propres peurs, réelles ou fantasmées. Événement organisé en partenariat avec l’association des parents d’élèves APESMOLALA. Suivi d’un goûter. En présence de Croq’Livres et sa Bib de rue.

 

Mercredi 26 novembre 19h00  Café du cours // REILLANNE Au chapeau         

Projections de courts métrages surprises

 suivies de…

Spectacle – Il était une fois de plus // 15′            

Théâtre d’objets et de marionnettes – présenté par la compagnie Jeux de mains jeux de vilains – qui s’amuse avec les valeurs désuètes des contes traditionnels. Il était une fois de plus parle de sexualité, que l’on voudrait à la fois débridée et pure. Repas sur réservation au 04 92 76 53 84.

 

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 27 novembre 19h30 Salle Pierre Michel // FORCALQUIER Participation libre (repas et conférence) Apéro-repas – conférence à 20h30  

Conférence – Hélène NICOLAS // La notion de genre expliquée à mon escargot

Hélène Nicolas – socio-anthropologue, université Rennes 2 – propose, à travers une conférence interactive, de définir le concept de « genre ». Nous verrons ce que les études de genre (en sociologie, anthropologie, neurobiologie…) apportent aux questions suivantes : les différences de comportement entre les femmes et les hommes sont-elles biologiques et/ou sociales ? Ces différences entraînent-elles forcément des inégalités entre les sexes ?

 

 

 

Vendredi 28 novembre 18h00  Espace Culturel Bonne Fontaine // FORCALQUIER Participation libre

Conférence – Colyne HENRIQUES // Contre les jouets sexistes

Aux petites filles les dînettes, les poupons, les robes de princesse et les machines à laver miniatures… comme maman ! Aux petits garçons les ateliers de bricolage, les personnages musclés et les jeux de conquête… comme papa ? Colyne HENRIQUES – éducatrice de jeunes enfants – s’appuie sur l’ouvrage collectif Contre les jouets sexistes paru aux éditions L’échappée pour révéler l’ampleur de la discrimination sexiste que subissent les enfants et la manière dont se construisent le masculin et le féminin au travers des jouets et de leurs usages. Accueil prévu pour les petit·e·s pendant la conférence.

 

Vendredi 28 novembre 20h00 Espace culturel Bonne Fontaine // FORCALQUIER Repas – spectacle à 21h  12 / 8 / 6 €

Spectacle – Hors de ses bras // Théâtre-forum // 90′

Parce que… Parce que l’amour prend de la place dans nos vies. Parce que la construction des genres joue un rôle clé dans nos relations amoureuses. Parce que l’amour peut être source de souffrances et de violences. Et parce qu’en amour il faut aussi pouvoir dire NON. Ce spectacle de théâtre-forum – présenté par la compagnie Les Fées Rosses – est une assemblée. Après 45 minutes de spectacle sensible et engagé, les Fées Rosses font place au Forum, animé par la Jocker. Les spect-acteurs et spect-actrices se saisissent de plusieurs séquences du spectacle et s’essaient sur scène à modifier l’oppression en jeu.

 

 

Samedi 29 novembre De 9h à 12h et de 13h à 15h Salle et commune seront communiquées ultérieurement 40 / 30 / 15 €

Stage – Théâtre-forum animé par « Les Fées Rosses »

Questionner, créer et s’impliquer. Par la mise en place d’outils ludiques, artistiques et interactifs et au travers des techniques du théâtre de l’opprimé-e, nous nous mettrons en jeu pour dénouer, comprendre et s’entraîner à transformer les relations de domination sexiste. Un stage pour expérimenter la démarche et les techniques du théâtre-forum, réfléchir, agir et se renforcer pour faire face à l’oppression. Ouvert à tou·te·s quelque soit votre expérience. Sur inscription. Accueil prévu pour les petit·e·s de 15h00 à 00h00 – Espace de jeu et de repos.

 

Samedi 29 novembre Espace Bonne Fontaine // FORCALQUIER

de 15h00 à 17h, + temps « non-mixte femmes » de 17h à 18h  Entrée libre

Table ronde // Les femmes dans le bâtiment

En présence du groupe Batwomen (Marseille) et d’autres bâtisseuses. La discussion démarrera à la suite de la diffusion du documentaire de Latifa Sayadi, Queens of Iron – 17’, allemand sous titré anglais (traduction en direct). Quatre ferronnières témoignent de leur expérience. Armée de réserve pour le capital ? Choix de vie de travailler la matière… Analyses et stratégies pour ne pas subir et se faire une place dans un monde d’hommes ? Échanges et partages d’expériences vécues. En direct avec le studio mobile de radio Zinzine 

de 16h00 à 18h  À partir de 14 ans Entrée libre

Grand jeu // « Quizz du genre »

Jeu de plateau pour s’essayer au repérage des stéréotypes de genre réalisé en connivence avec la Ludobrousse et Agate, Armoise et Salamandre.

Pass Soirée Spectacles & soirée costumée : 20 / 15 / 10 €

19h00                                          

Spectacle – (s)EXISTE // Théâtre d’ombres, marionnettes, acrobaties // 45′

 » Là où ça converge « . Illustration d’une réflexion sur les stéréotypes de genre. En ombres, en marionnettes, en l’air, en cintres, en jeux de rôles… Entre autres ! Au début tout était bien codé, bien ordonné. Bien défini dans l’espace. Les corps bien civilisés, droits dans leurs costumes : triés, classés, étiquetés. Prêts à défiler sur leurs cintres. Mais elles ils sont revenus : les mal-loti·e·s, les opprimé·e·s, les subordonné·e·s, les moches, les poilu·e·s, les hors-normes, les indéfini·e·s, ni roses, ni bleu·e·s, les rebelles de la révolution violette.

20h00  Apéro-repas

21h00       

Chanson à prétextes – Ursula la la // 30′

L’intitulé du spectacle, le contenu des chansons… tout est dit ! Les Ursula la la vous invitent simplement à venir les écouter.

Suivi de …

Spectacle – Infidel Castra // 45′

Dans la famille des bons-à-rien qui se la pètent, il est aujourd’hui de notoriété internationale qu’Infidel Castra est un arbre généalogique à lui seul. Nous confirmons officiellement qu’Infidel Castra chante comme une pédale et danse comme une vraie tapette. Ses textes sont politico-érotico-révolutionnaires. Nous ne sommes plus très loin du miracle.

Suivi de…

Spectacle – Wernera Veranda // Clown Bouffon // 45′

Spectacle féministe drôle et tragique mêlant la folie de ce personnage bouffonesque qui tentera – au cours de sa sconfaitrance – de nous présenter le sexe biologique femelle. Pas si simple car WERNERA rencontrera sur son chemin sinueux plusieurs personnages qui l’éloigneront du sujet.

Et pour finir

Soirée Costumée – D-Jayttes // Ose le personnage que tu ne sors jamais

Clôture festive

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À Propos des prix

PARTIPATION LIBRE : Pour favoriser l’accès à toutes et tous, nous proposons que chacun·e donne selon ses possibilités financières, dans une logique solidaire.

FOURCHETTE TROIS PRIX : Le tarif haut correspond au coût réel du spectacle, et les deux autres permettent l’accessibilité aux petits revenus (sans justificatifs); à vous de vous positionner.

NB : Cette manifestation voit le jour grâce à une forte implication de nombreuses personnes, nous avons aussi besoin de votre soutien pour arriver à l’équilibre financier. Merci pour votre générosité !

Infos et réservations

La Boîte à Ressort : contact@laboitearessort.com // 04 92 72 38 35

 

Hébergement : Office de tourisme 04 92 75 10 02

Les lieux :

Café du cours : Cours Thierry d’Argenlieu – 04110 Reillanne // 04 92 76 53 84réservations pour le repas du mercredi 26

Caves à Lulu & Centre d’Art Contemporain Boris Bojnev : Rue d’orléans – 04300 Forcalquier

Cinéma le Bourguet : Place du bourguet – 04300 Forcalquier

Espace culturel Bonne Fontaine : Quartier Bonne Fontaine – 04300 Forcalquier

Grand Carré : Bd des Martyrs – 04300 Forcalquier

L’École Buissonnière : Le village – 04110 Montjustin // 04 13 37 06 00 – réservations indispensables pour le repas du jeudi 20

Maison du patrimoine : Avenue de la Bourgade – 04300 Mane

Salle Pierre Michel : Place du Bourguet – 04300 Forcalquier

Salle polyvalente Saint-Michel L’Observatoire : Le village – 04870 Saint-Michel L’Observatoire

Salle polyvalente de Niozelles : Place du village – 04300 Niozelles

 

Inscriptions au séminaire et aux ateliers // autodéfense // radio // groupes de paroles

De préférence par courriel (en précisant dans l’objet: « SÉMINAIRE ») : agate.etc@riseup.net ou par téléphone au 06 18 56 28 09

Ateliers en milieu scolaire

En parallèle à la manifestation, des ateliers sont menés en milieu scolaire afin de mettre en lumière les comportements sexistes et d’explorer la question du genre.

Retrouvez toute une bibliographie sur la thématique à la librairie La Carline

 

Manifestation réalisée avec le soutien de la communauté de communes Pays de Forcalquier-Montagne de Lure

 

 

Contacts

contact@laboitEaressort.com

agate.etc@gmail.com