Qui sommes nous ?

 Agate, armoise et salamandre – corps et politique 

Bibliothèque féministe et de critiques sociales à Forcalquier

Permanence et ouverture tous les lundis de 10h à 13h

et tous les jeudis de 16h à 19h

 

2 place du Palais / Forcalquier

 

Contact / agate.etc@riseup.net

Adresse Postale : Association Agate, armoise et salamandre, B.P. 19 04300 Forcalquier

 

 

 

Texte rédigé à la fondation du collectif et de l’association en 2011.

Aborder et transformer le rapport au corps et au monde, par une réflexion, une recherche et une pratique pour plus d’autonomie dans tous les domaines de la vie, par le questionnement du genre et la reconstruction de communauté.

 

Au début : le constat que dans nos sociétés industrielles et marchandes, un modèle unique régit nos comportements dans tous les domaines. Ce modèle dominant impose à tout le monde, par exemple un agro-alimentaire aux abois des trusts  de la chimie, un système de santé aux ordres des multinationales pharmaceutiques, une politique énergétique sous la tutelle du lobby nucléaire, pour ne citer que quelques domaines. Inutile de dire, que chacun-e se trouve de plus en plus dépossédé-e d’une quelconque possibilité de décider sur sa vie, sur son corps. De plus, nous nous trouvons de plus en plus isolé(e)s et séparé(e)s, dans des sociétés où « le commun » n’arrête pas d’être détruit depuis des siècles, au profit de quelques uns. Comment se soustraire à ces emprises terribles, non seulement individuellement mais aussi collectivement et oeuvrer pour une transformation de cet état des choses ?  Ensuite : ce collectif veut aussi questionner le genre en tant que construction sociale et souhaite ouvrir le débat autour des relations hommes-femmes.

 

Un collectif pour confronter nos connaissances, parler de nos doutes, lire ensemble, démêler de vieux écheveaux…

 

Un lieu de rencontres, de ressources, de recherches… 

Des moments de partage de savoirs et de pratiques, formations, rencontres, débats publics,  projection de films, fêtes …

 

Autour du corps et du politique – au sens de lieux à s’approprier.

 

CE QUI NOUS TARABUSTE:

Comment nous sommes-nous laissé-e-s déposséder de notre corps ?

Comment nous sommes-nous laissé-e-s formater ?

Comment sommes-nous devenu-e-s dépendant-e-s d’un modèle unique qui régit les comportements, norme et réglemente la vie : s’alimenter, se vêtir, s’éduquer, produire, se soigner, penser, aimer, haïr…

Comment sommes-nous devenu-e-s les agent-e-s de la reproduction de ce système que nous voulons combattre ?

Comment s’est opéré ce processus de séparation historique, de l’être avec la nature (et qu’est-ce qu’on peut encore appeler « nature » ?) et la notion de bien commun et « celui de la sexuation des corps qui, amputés de leur puissance et de leur sensibilité, sont rendus dociles à la domination ; un corps féminin essentiellement constitué de faiblesses et un corps masculin essentiellement constitué par la négation de ces faiblesses » ? (Excavations, dossier de réflexion, Belgique, p.4)

Quelles souffrances en résultent pour nous tous et toutes ?

Qu’est-ce qui fait que ce système immonde peut s’imposer sur la planète entière ?

Qu’est-ce qui fait qu’une quasi-moitié des êtres humains sur Terre domine l’autre moitié ?

Pour quelle raison les sorcières ont été diabolisées et brûlées ?

Qui a fabulé cette histoire de côte, de pomme et de serpent?

Pourquoi ne nous parle-t-on jamais de Lilith ? (*)

 

Notre corps, notre santé mentale et physique sont étroitement liés à nos façons de vivre ou de manquer à vivre dans ce monde qui tourne de plus en plus mal. Notre corps a une épaisseur peuplée de rêves, de désirs, de mondes insoupçonnés. Il ne demande qu’à vibrer, à vivre pleinement.

Et pourtant : notre corps, une machine à travailler, à consommer et se faire consommer, à se reproduire pour fournir à nouveau des corps pour travailler, consommer… ?  Corps marchandise, chair à vendre au plus offrant, lancinante ritournelle de la domination, chair à canon dans une guerre qui ne dit pas son nom.

 

Questions de genre : qui dois-je être pour exister ?

Le rapport à mon corps, à celui de l’autre : quel souci de soi et des autres ?

Doit-on choisir entre tendresse et engagement politique ?

Questions de santé : quels savoirs, quelles pratiques à (re)découvrir et à s’approprier ?

Comment réconcilier corps et esprit, comment penser, agir contre leur appauvrissement ?

Briser les dépendances et les enfermements, combattre les peurs, apprendre à déployer notre puissance d’exister : autant de pistes à ouvrir, à explorer.

 

Ce que nous cherchons :

Loin de certaines démarches ésotériques ou de développement personnel qui font parfois du bien-être individuel un juteux business, échapper à l’aliénation capitaliste, c’est œuvrer à l’autonomie de notre pensée, de notre vie, de notre action : libérer la passion joyeuse de nos corps, libérer l’esprit. Ceci requiert une critique radicale (à la racine) du système marchand et une profonde remise en cause des relations de genre : capitalisme et patriarcat vivent en parfaite symbiose, se confortant et se perpétuant l’un l’autre.

Notre démarche se nourrit des multiples pensées visant à déconstruire cette « civilisation ».

 

« Nous défendons une vision totalement différente des rapports aux mondes ; des relations entre l’Homme et la Femme, entre l’Homme et la Nature, entre l’Esprit et le Corps, entre la Santé et la Maladie, entre la Vie et la Mort, entre la Force et la Faiblesse. Nous cherchons des pistes hors de ces clivages du côté du mystère, de l’obscur et de l’intime comme sources de force. » (idem, p.7)

 

Comment se donner des forces ? Certainement pas en se débrouillant chacun-e pour soi, tout en se lamentant que le monde va droit dans le mur, qu’on ne peut plus rien faire.

Ces derniers temps, c’est entre femmes que nous avons abordé cette question du corps en tant qu’instrument d’aliénation sociale. Et pourquoi pas de libération… ? Nous souhaitons aller au-delà de cogitations à deux ou trois. Jusqu’ici, nous n’avons pas trouvé d’espaces dans le pays de Forcalquier où nous pourrions poser ces débats : ils sont à créer. Nous voulons nouer des liens afin de rompre l’isolement, de nous soutenir mutuellement, tisser de la communauté, dans une région où le tourisme de masse régit une grande partie de la vie publique et privée.

Mettre en place des groupes de paroles de femmes et d’hommes (non-mixtes) ne pourraient-ils pas être des outils pour mieux comprendre nos mécanismes intimes, nos souffrances respectives, pour mieux avancer ensemble par la suite ? Explorer et ne pas nous imposer de schéma rigide est aussi une façon d’aller au-delà de ce que nous connaissons.

Inventer d’autres rapports hommes-femmes, femmes-femmes, hommes-hommes, hors les normes de séduction, compétition et rapports de force qui colonisent trop souvent notre vie quotidienne et nos relations intimes.

Expérimenter des pratiques collectives, horizontales et de co-apprentissage avec la perspective d’aller vers plus d’autonomie dans tous les domaines de la vie (santé, alimentation, logement, information, éducation…)

 

CE QUE NOUS IMAGINONS :

• un lieu où des femmes et aussi des hommes pourront se réunir, et trouver des ressources diverses, livres, revues, infokiosque, accès Internet…

• des rencontres régulières ou non, mixtes ou non, publiques ou non, où l’on débattrait de thèmes, livres, problématiques précises, ou alors des ateliers de lecture-débats autour de textes choisis ; et aussi des projections de films, des débats publics, des émissions de radio…  et encore des groupes de parole autour de la santé,  de la sexualité, de la violence, etc.

• des ateliers et événements artistiques (danse, musique, peinture, photo, écriture, lectures, clown, travaux pratiques…), des sorties dans la nature pour reconnaître et ramasser des plantes, fruits… ou juste pour s’éclater ensemble ; des pratiques corporelles comme les arts martiaux, le massage de bien-être et autres, et la liste n’est pas exhaustive… !

• des croisements et rencontres avec d’autres groupes et personnes venues des quatre coins de France, d’Europe et au-delà et qui oeuvrent dans les mêmes domaines.

 

Sorcières en herbe ou confirmées, philosophes, scientifiques, guérisseuses, poètes, cuisinières, acteurs, danseuses, sages-femmes, peintres, ouvrières, paysans, gynécos, naturopathes, homéopathes et même allopathes, musiciennes, masseurs, squatteuses, artisans, clowns … de tous âges, de toutes origines, cherchons ensemble et posons des actes en un cercle ouvert où le plaisir, la joie, l’expérimentation, la recherche et la fête feront bon ménage avec la pensée et la volonté de transformer ce monde à la dérive !

 

Pistes de lecture et d’écoute :

Excavations. Ça part de nous. Dossier de réflexion, Belgique

Timult, Récits, analyses & critiques, Grenoble

« Le complot des cagoles », une émission féministe sur Radio Galère, Marseille

Nouvelles Questions féministes, revue internationale francophone, Lausanne-Paris

Virginia Woolf, Une chambre à soi, Trois Guinées et d’autres

Christine Delphy, L’Ennemi principal I et II et Penser le genre

Starhawk, Femmes, Magie et Politique

Rina Nissim, Mamamelis, La Ménopause et Sexualité des femmes

Judith Butler, Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion

Jules Falquet, De gré ou de force. Les femmes dans la mondialisation

Clarissa Pinkola Estess, Femmes qui courent avec les loups et La Danse des grand-mères

Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe I et II

Anne Larue : La femme est-elle soluble dans l’eau de vaisselle ?

Virginie Despentes : King-Kong Théorie

Marie-Hélène Bourcier : Sexpolitiques, Queer-Zones 2

Françoise Gange, Jésus et les femmes, Editions  Alphée, 2005

Françoise Gange, Avant les dieux la mère universelle, Editions Alphée, 2006

Françoise Gange, Le viol d’Europe ou le féminin bafoué, Editions Alphée, 2007

Michel Foucault, Histoire de la sexualité I, II et III et Surveiller et Punir

Jean Carpentier, Médecine générale

Ivan Illitch, Œuvres complètes et surtout: Némésis médicale, L’Expropriation de la Santé et La Convivialité (tome I). Le Travail fantôme et Le Genre vernaculaire (tome II)

David Vercauteren, Micropolitiques des groupes

Spinoza, L’Éthique

Aldous Huxley, Le meilleur des mondes   et beaucoup d’autres…

 

(*) Lilith, être mythique, apparaît dans « Le Zohar », le « Livre des splendeurs » de la cabbale hébraïque (env. 1270). Elle est la femelle qui « enfante l’esprit d’Adam » encore inanimé, puis unie à lui quand il s’éveille, mère et épouse à la fois, à l’image d’une femme supérieure incluse dans l’Adam androgyne. Ensuite, dit pourtant le Zohar, « Dieu fendit Adam en deux, moitié mâle, moitié femelle, et prépara la femelle telle qu’on doit la parer pour l’introduire sous le dais nuptial. Aussitôt que Lilith le vit, elle prit la fuite et se sauva par-delà les mers, prête à fondre sur le monde ». Son refus la nomme ainsi pour la première fois. Lilith est la rebelle, elle est cette première femme qui précède celle qui assumera le rôle de l’épouse (Eve) conçue à partir d’Adam et donc son inférieure, plus apte ainsi à se conformer à la loi conjugale, tandis que Lilith qui refuse cette loi, qui ne veut pas être parée pour les noces, qui revendique la plénitude du désir, mérite châtiment… Elle transgresse la Loi divine, c’est « celle-qui-dit-non », celle qui est capable de prononcer le « nom indicible » de Dieu, ce que celui-ci ne peut évidemment supporter… Elle ne revient pas au paradis et est désormais associé au mal, au diabolique. Elle devient le serpent de l’arbre des tentations qui fascine et éveille le désir de connaissance qui rendrait égal à Dieu. Elle a mangé du fruit qui ne l’a pas tuée, elle dit donc que le désir est bon. Elle devient pour toujours la Reine de la Nuit, le démon femelle, la reine de Saba, la grande prostituée de Babylone, la future sorcière qui brûlera sur les bûchers du désir collectif refoulé, « vamp » fatale des romans ou films noirs jusqu’au plein cœur de notre siècle… (Extraits de l’Enyclopédie des Symboles, Le Livre de Poche)

 

Association Agate, armoise et salamandre, B.P. 19
04300 Forcalquier
agate.etc@riseup.net – tél: 06 18 56 28 09 et 06 64 91 28 92