Catherine Monnot, Petites filles d’aujourd’hui. L’apprentissage de la féminité,
Paris, Éditions Autrement (coll. Mutations), 2009, 176 p.
Par Rebecca Rogers
Plus de trente ans après la publication Du côté des petites filles d’Elena Gianini Belotti (Éditions des femmes, 1973), Catherine Monnot se penche sur ce qui « ‘fait grandir’ les filles à une époque et dans un type de société où les rites de passage semblent avoir en grande partie disparu » (p. 12). En posant la question de la spécificité des expériences des jeunes filles, l’auteure, doctorante en anthropologie, s’intéresse aux processus et aux influences qui contribuent à les façonner comme êtres sexués. Sans exclure totalement l’école ou la famille du champs d’analyse, C. Monnot privilégie une approche de la socialisation qui passe par la transmission horizontale (les pairs) et qui regarde « la fabrique du sexe » (Thomas Laqueur) à travers « la multitude d’apprentissages informels qui font grandir les enfants en dehors du regard et du contrôle directs des adultes, en particulier leurs loisirs » (p.8-9). Influencée par une copieuse littérature anglo-saxonne sur la « girl culture », elle nous livre dans ce petit volume de la collection « Mutation » une analyse stimulante et claire de l’apprentissage de la féminité et du « devenir fille » des préadolescentes en marge du monde de l’enfance et de l’adolescence.